Tout un été Là-bas

Les islamo-gauchistes mangeront-ils nos enfants ? Rencontre avec François Héran (1/2) Abonnés

1

Le

Tout un été Là-bas, c’est le temps de prendre son temps : le temps de (re)découvrir le meilleur de Là-bas, des surprises, des idées, des plaisirs…
Première partie d’un entretien de Mathieu Dejean avec François Héran, sociologue et démographe, professeur au collège de France, qui publie une Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression (La Découverte, 2021). Seconde partie à voir en cliquant ici.

La liberté d’expression est-elle un « droit absolu » incritiquable, comme le défendent certains depuis l’assassinat de Samuel Paty ? Et ceux qui s’interrogent sur les limites de cette liberté sont-ils des « lâches » comme on l’entend parfois ? Le sociologue et démographe François Héran fait entendre une voix rigoureuse et nuancée sur ce paradoxe d’une « liberté obligée ».

Les attentats djihadistes sur le sol français, depuis 2015, ont eu pour effet pervers de transformer notre conception de la caricature antireligieuse. Désormais, on sacralise la désacralisation, à tel point que n’importe quelle caricature, qu’elle soit bonne ou non, gratuite ou pas, devient intouchable [1]. Aventurez-vous à émettre des doutes sur leur réception, ou à les qualifier d’islamophobes, et vous serez taxez de « complicité avec le terrorisme ». « Ce mot "islamophobie", il a tué les dessinateurs de Charlie Hebdo. Ce mot "islamophobie", il a tué le professeur Samuel Paty », a dit par exemple l’essayiste Caroline Fourest aux États généraux de la laïcité organisés par le gouvernement, le 20 avril 2021 [2].

Les polémiques qui ont surgi dans le sillon de l’assassinat de Samuel Paty témoignent du fait que le débat sur la liberté d’expression, la laïcité ou encore l’islamophobie en France est devenu épidermique. Le ministre de l’Éducation nationale lui-même, Jean-Michel Blanquer, s’est mis à traquer l’« islamo-gauchisme » coupable de tant de « lâcheté » vis-à-vis des islamistes [3].

C’est cette situation paradoxale, où la liberté d’expression devient une liberté obligée, absolue, que le sociologue et démographe François Héran démêle dans son livre, Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression (La Découverte, 2021). Peut-on tout dessiner ? Quelle différence entre la satire extrême et l’outrage « pour » l’outrage qui vise uniquement à blesser ? Peut-on critiquer les croyances sans critiquer les croyants ? La liberté de conscience a-t-elle voix au chapitre ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les caricaturistes eux-mêmes n’ont jamais partagé la même doctrine sur ces sujets.

Dans cet entretien, François Héran rappelle que la liberté d’expression peut inclure l’expression d’idées choquantes ou blessantes, mais toujours dans les conditions admises par la loi. Il met en lumière le piège tendu par les djihadistes lorsqu’ils nous poussent à bout, et qu’on érige des caricatures en absolu.

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)