Aude Lancelin reçoit Jacques Rancière (1ère PARTIE)

On ne veut plus de président Abonnés

1

Le

Que sauver d’un système politique français à la dérive ? Le philosophe Jacques Rancière est l’invité d’Aude Lancelin dans La Guerre des idées.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la seconde partie de cet entretien avec Jacques Rancière.

Que se passe-t-il dans une « démocratie » où l’on peut obtenir les pleins pouvoirs avec le soutien d’à peine plus de 10% du corps électoral ? Une abstention aussi écrasante que celle observée aux dernières législatives doit-elle inquiéter, ou est-elle au contraire la prémisse d’un inévitable changement de régime ?

Avec le grand philosophe de la politique Jacques Rancière, aujourd’hui invité d’Aude Lancelin, difficile de se raconter des histoires. Le regard est sans illusion, la lucidité dérange parfois. Son nouveau livre, En quel temps vivons-nous ?, conversation avec l’éditeur Éric Hazan qui vient de paraître à La Fabrique, n’hésite pas à s’en prendre aux idées reçues confortables d’une certaine gauche. Contrairement à toute une mouvance anar, Jacques Rancière ne voit pas dans le désinvestissement des électeurs les signes annonciateurs d’un effondrement du système. Contrairement au « Comité invisible », il ne voit nulle insurrection venir pour demain. À la différence des membres de La France Insoumise, il ne voit pas non plus les « jours heureux » au bout de la 6ème République appelée de leurs voeux. Est-ce à dire que plus rien de bon ne peut encore venir aujourd’hui des urnes, ou même de la rue ? Que plus rien n’est amendable dans notre système, et qu’hors de lui les chances de sursaut sont également minces ? Pour remettre de la démocratie dans le système représentatif, Jacques Rancière proposait dans La Haine de la démocratie, paru en 2005, d’introduire du tirage au sort et des mandats courts, non renouvelables. Aujourd’hui, le philosophe, coauteur il y a cinquante ans de Lire le Capital avec Louis Althusser, propose par-dessus tout de se donner pour mot d’ordre la renonciation aux élections présidentielles, la forme la plus perverse de la dépossession populaire à ses yeux. « Nous ne voulons plus jamais de président » : une exigence à méditer dès aujourd’hui jusque dans ses ultimes conséquences politiques.

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

journaliste : Aude Lancelin
réalisation : Jonathan Duong et Jeanne Lorrain
son : Alexandre Lambert

Voir aussi

 À LIRE :

La Haine de la démocratie, un livre de Jacques Rancière (éditions La Fabrique, 2005)

Lire le Capital, un livre de Louis Althusser, Étienne Balibar, Roger Establet, Pierre Macherey et Jacques Rancière (éditions François Maspero, 1965, nouvelle édition en 2014 aux Presses Universitaires de France)

« Vive le président Macron ! Vive la Révolution ! » : vote par adhésion ou vote par défaut ? Un article publié le 17 mai 2017 par Là-bas si j’y suis

Sur notre site

À voir

À lire

  • La guerre des idées. Transcription de l’entretien d’Aude LANCELIN avec Jacques RANCIERE

    En quel temps vivons-nous ? Accès libre

    Lire
    Que sauver d’un système politique français à la dérive ? Invité d’Aude LANCELIN dans l’émission "La Guerre des idées" du 20 juin 2017, le philosophe Jacques RANCIERE est sans illusion. Son mot d’ordre, la renonciation aux élections (…)

Dans les livres

  • En quel temps vivons-nous ?

    Que se passe-t-il dans une « démocratie » où l’on peut obtenir les pleins pouvoirs avec le soutien d’à peine plus de 10% du corps électoral ? Une abstention écrasante que celle observée aux dernières législatives doit-elle inquiéter, ou est-elle au contraire la prémisse d’un inévitable changement de régime ? Avec le philosophe de la politique Jacques Rancière, difficile de se raconter des histoires. Le regard est sans illusion, la lucidité dérange parfois. En quel temps vivons-nous ?, Conversation avec l’éditeur Éric Hazan, n’hésite pas à s’en prendre aux idées reçues confortables d’une certaine gauche. Contrairement à toute une mouvance anar, Jacques Rancière ne voit pas dans le désinvestissement des électeurs les signes annonciateurs d’un effondrement… Lire la suite
  • Le maître ignorant, cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle

    Laissons le soin à Rancière de présenter lui-même son livre publié pour la première fois en 1987 : « J’ai écrit un ouvrage qui s’appelle Le Maître ignorant. Il me revient donc logiquement de défendre sur ce sujet la position apparemment la plus déraisonnable : la première vertu du maître est une vertu d’ignorance. Mon livre raconte l’histoire d’un professeur, Joseph Jacotot, qui fit scandale dans la Hollande et la France des années 1830 en proclamant que les ignorants pouvaient apprendre seuls sans maître pour leur expliquer, et que les maîtres, de leur côté, pouvaient enseigner ce qu’ils ignoraient eux-mêmes. Je voudrais pourtant montrer qu’il ne s’agit pas là de plaisir du… Lire la suite

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)