Cette France en friche dont la France se fiche. Un reportage radio de Dillah Teibi. Aussi en PODCAST

Un jour dans le 93 au temps du Covid Abonnés

1

Le

Galère, déprime, débrouille, solidarité. Le 93 est le département le plus touché par le Covid. C’est aussi le plus pauvre et le plus jeune de France. Entre masque obligatoire, couvre-feu et gestes barrières, on ne sait plus comment vont les autres, comment ils font. Jour et nuit en continu, des experts, des scientifiques, des politiques, des connaisseurs en toutes choses nous parlent des gens. Mais les gens, eux, quand est-ce qu’ils parlent ? Les premiers de corvée, les intérimaires, les jeunes et les vieux des quartiers populaires. Cette France en friche dont la France se fiche.

Dillah est allé rencontrer les habitants du Franc-Moisin, le quartier le plus populaire de la Seine-Saint-Denis, avec ses 12 000 habitants. Macron a raison, il faut lutter contre le séparatisme, le séparatisme économique, le séparatisme social, le séparatisme de classe. Heu, dites-moi, c’est bien ça, son projet, non ?

Quelques précisions

La Seine-Saint-Denis a enregistré 25 % de décès supplémentaires en 2020 dus au coronavirus. [1] La pandémie met en évidence les inégalités sociales de santé. En France, les 5 % les plus pauvres vivent 13 ans de moins que les 5 % les plus riches [2].

Si les débats sur les inégalités de races, de genres, etc. sont importants, cette épidémie remet la ségrégation sociale en évidence au premier plan. Cette précarité s’est enkystée dans les quartiers où s’entassent les premiers de corvée, obligés de prendre les transports publics bondés, et qui ne peuvent pas se retrancher derrière le télé-travail. Oui, enfin, les travailleurs de la « deuxième ligne » vont bénéficier de la vaccination. Mais le vaccin sera pour les premiers de corvée de plus de 55 ans. [3] Du coup, tous les autres doivent trimer et prendre des risques. Tous les livreurs Uber, toutes les caissières, les magasiniers, les chauffeurs… la liste est longue.

La commune de Saint-Denis, la plus grande ville du département 93, compte le plus grand nombre de personnes pauvres, avec 40 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté [4]. Le quartier du Franc-Moisin est un espace immense, au nord de Paris, pris entre l’autoroute A1, le canal Saint-Denis et les voies du RER B. On compte pas moins de 1 800 logements exclusivement sociaux. Des HLM où vivent environ 12 000 personnes. Et sur place les chiffres sont sans appel :
 le taux de chômage : 25 %
 le taux de sans diplôme : 38 %
 le taux de pauvreté : près de 45 % des 12 000 habitants du Franc-Moisin vivent avec moins de 1 063 euros par mois. Donc plus de 5 000 personnes sous le seuil de pauvreté.

À tout ça s’ajoute le Covid…

Programmation musicale :
 Casey : Banlieue nord
 Lucienne Boyer : C’est mon quartier

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)