Reportage aux urgences de Chinon

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Les urgences hospitalières sont en grève depuis la mi-mars : un mouvement de grande ampleur lancé hors syndicats par le collectif L’Inter-Urgences, constitué notamment de jeunes professionnels du milieu hospitalier. Plus de 150 établissements sont mobilisés à travers la France [1]. 10 000 nouvelles embauches, un salaire mensuel revalorisé de 300 euros : ce sont les principales revendications des urgentistes en grève. Notre reporter Dillah Teibi a passé quelques jours dans le service des urgences de l’hôpital de Chinon :

(photo : collectif L’Inter-Urgences)

Tout est parti de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, où cinq agressions du personnel soignant ont eu lieu depuis le début de l’année. Il faut dire que les urgences sont sous tension. Les personnels et les patients sont au bord de la crise de nerfs.

En 20 ans, la fréquentation des urgences a doublé. D’après les derniers chiffres officiels, en 2017, plus de 21 millions de personnes ont poussé les portes des urgences [2]. C’est un record. La hausse de la précarité et des souffrances sociales créée par des décennies de politiques néolibérales a conduit une part croissante de la population à trouver refuge à l’hôpital, confrontée aux manquements de la médecine de ville.

Et alors que la fréquentation des urgences augmente de 2 % chaque année, le nombre de lits d’hospitalisation n’a jamais été aussi bas. Et le personnel est toujours en sous-effectif. Conséquence : les brancards s’entassent dans les couloirs des services d’urgence, et les délais d’attente pour être soigné s’allongent, s’allongent, entre trois et cinq heures… La fréquentation des urgences explose mais les salaires, le nombre de personnels et les conditions de travail ne suivent pas.

Cette situation aux urgences hospitalières publiques ne vient pas de nulle part. En 2004, les hôpitaux publics ont connu une révolution dans leur mode de financement : la tarification à l’activité (appelée aussi « T2A ») a progressivement remplacé la dotation globale attribuée par l’État et reconduite chaque année. En français courant, cela signifie que chaque hôpital est désormais financé en fonction du nombre d’actes pratiqués. Et comme il faut faire du chiffre, les hôpitaux se dirigent fatalement vers les actes rentables. Place au marché !

Les personnels en ont assez. Ils sont venus mardi 02 juillet de toute la France à Paris pour interpeller l’opinion et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.

Les urgentistes seront en grève tout l’été mais continueront d’assurer les soins. Ils promettent de nouvelles mobilisations en septembre.

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