Quiconque a un minimum d’expérience politique connaît cette pratique. Elle consiste à défendre une position sans l’assumer, donc sans dialoguer.
Aucun de ceux qui commentent de manière violemment critique ma page Facebook n’est « antivax ». Ces agresseurs ne font que défendre… leur liberté.
Posture confortable. Ils n’ont pas à répondre aux questions de fond – sanitaires, politiques et éthiques – que pose aux « antivax » la quatrième vague de la Covid. Ils évitent aussi de prendre en compte les solides arguments des partisans de la vaccination – je répète, de la « vaccination », pas du pass dont les dérives liberticides sont évidemment inacceptables.
Voici, entre autres, cinq questions simples, auxquelles aucun de mes insulteurs les plus imaginatifs n’a tenté d’esquisser une réponse :
1. La Covid a déjà contaminé près de 195 millions d’êtres humains et en a tué plus de 4,2 millions. Jusqu’ici, le vaccin est-il, oui ou non, la seule réponse de masse à l’échelle de la planète ?
2. Si non, quelle est l’alternative ? Si oui, mener campagne contre le vaccin, n’est-ce pas prendre le risque de contribuer à la mort de milliers, voire de dizaines ou de centaines de milliers de nos prochains ?
3. Nombre d’Africains, d’Arabes, de Latino-Américains et d’Asiatiques sont privés de vaccins par l’Occident, qui en monopolise l’écrasante majorité. Si nos dirigeants leur en interdisent largement l’accès, qui prétendra que c’est pour préserver leur liberté ?
4. Par dizaines de milliers, des manifestants se sont exprimés à nouveau samedi dernier contre le pass sanitaire. L’importance de ce mouvement doit-elle nous amener à nier que l’extrême droite tente de le manipuler et qu’elle a recours à des arguments négationnistes, voire antisémites, comparant le « pass nazitaire » (sic) à la Shoah ? Des militants de gauche, insoumis ou communistes, ont-ils leur place aux côtés ou, pire, derrière des Le Pen et des Philippot ? Jean-Luc Mélenchon et les autres dirigeants de gauche n’ont-ils pas la responsabilité de dénoncer cette récupération politicienne et ces comparaisons obscènes ?
5. Les manifestants de samedi se réclamaient des libertés. La défense de celles-ci n’implique-t-elle pas la condamnation claire et nette des nouvelles agressions de journalistes qui se sont produites lors de manifestations ? Condamnables quand elles sont l’œuvre de la police, ces tentatives de lynchage de salariés de l’information seraient-elles excusables venant de soi-disants « militants » ? Surtout à l’heure où Israël, avec Pegasus, a fourni aux dictatures de quoi surveiller opposants et… journalistes ?
Pour résumer d’une phrase, le droit au suicide implique-t-il la liberté de contribuer à la mort de proches, d’amis et de collègues ?