Avec Mireille Court, membre de la coordination Solidarité Kurdistan

Menaces sur le Rojava

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Jonas Staal. — Les artistes Ahmed Shamdin (à g.) et Abdullah Abdul (à dr.) peignent les toiles qui formeront le toit du Parlement à Derik, dans la région autonome du Rojava, 2015 (New World Summit)

[RADIO] Mireille Court : menaces sur le Rojava [AUTOUR DU DIPLO]

Les États-Unis vont donc quitter la Syrie. Donald J. Trump a signé le décret ordonnant le retrait des troupes américaines engagées contre l’État islamique, estimant que Daech est vaincu : « après des victoires historiques contre l’État islamique, il est temps de rapatrier nos jeunes gens formidables ! »


Cette décision fait craindre le pire pour la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, appelée également Rojava. Tout en mettant en place depuis 2013 un système politique innovant, démocratique, écologiste, féministe, anticapitaliste, ce territoire autonome du nord de la Syrie combat sur le terrain les djihadistes de l’État islamique. Sans soutien militaire des États-Unis, les Forces démocratiques syriennes, coalition armée à dominante kurde, risquent de se trouver affaiblies, en première ligne face à l’État islamique qui continue de contrôler certaines zones en Syrie et en Irak.

Surtout, la décision de Trump laisse le champ libre au président turc Erdoğan, qui n’a jamais caché son intention de briser le Rojava. Car le Rojava est fortement appuyé par le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan en Turquie, qui a depuis longtemps abandonné l’idée d’un État-nation indépendant pour les Kurdes, au profit d’un « confédéralisme démocratique » au sein des frontières actuelles.

Mais le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, tout comme par les États-Unis et la France. En s’attaquant aux Kurdes du nord de la Syrie, le président turc Erdoğan cherche donc à empêcher le projet kurde du Rojava de faire école juste à côté des frontières turques.

La présence de troupes américaines et françaises, alliées de la Turquie au sein de l’OTAN, était le dernier espoir de dissuader la Turquie de s’attaquer aux Kurdes de Syrie du Nord. Le retrait des troupes américaines ouvre donc la voie à une offensive militaire turque contre le Rojava. Les unités militaires turques se massent déjà à la frontière entre la Turquie et la Syrie [1].

L’expérience politique du Rojava apparaît de plus en plus menacée par ses multiples ennemis : hier Daech, aujourd’hui la Turquie, et demain peut-être le régime syrien de Bachar el-Assad. On fait le point sur la situation en Syrie du Nord avec Mireille Court, membre de la coordination Solidarité Kurdistan et auteure, avec Chris Den Hond, de l’article « Le Rojava entre compromis et utopie » dans Le Monde diplomatique de décembre.

Mireille Court et Chris Den Hond ont également réalisé deux documentaires sur le Rojava :

Programmation musicale :
 Koma Dengê Azadî : Çaw Bella

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.