Bernard Moitessier, vous connaissez ? En 1968, ce navigateur était sur le point de gagner le premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.
Contre toute attente, alors qu’il est donné gagnant, Moitessier renonce à franchir la ligne d’arrivée, fait demi-tour et met le cap sur la Polynésie : « je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme », c’est le message qu’il envoie avec un lance-pierre sur un autre bateau avant de s’en aller.
Ce « refus de parvenir », Corinne Morel Darleux en fait le point de départ de son livre, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Réflexions sur l’effondrement, qu’elle publie aux éditions Libertalia. Militante écosocialiste, elle voit en Moitessier un exemple, un modèle à suivre pour répondre à l’« effondrement » qui menace la planète. Corinne Morel Darleux a eu plusieurs vies : d’abord consultante pour des grandes groupes du CAC 40, elle a décidé de tout plaquer pour s’engager en politique, au Parti de gauche puis à La France insoumise. Après dix ans de militantisme et de travail d’élue, elle a quitté ces deux formations l’année dernière. Et tourne une nouvelle page.
Face au dérèglement climatique qui s’accélère, Corinne Morel Darleux cherche des moyens d’action, et veut ouvrir d’autres voies que la lente et patiente conquête des urnes. Elle esquisse dans son livre des pistes d’action politique, autant collectives que personnelles. Car Emma Goldman, militante anarchiste et féministe, le disait : « les méthodes révolutionnaires doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens utilisés pour approfondir la révolution doivent correspondre à ses buts. [1] »