Ce que vous avez peut-être raté cette année

Oui mais bientôt, retour à la normale !

Le

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Ce que vous avez peut-être raté cette année : en mai dernier s’annonçait le premier déconfinement. À cette occasion, nous vous proposions quelques images du « monde d’avant » tel que le voyait l’autrichien Gerhard Haderer. Un monde qui avait accouché de la pandémie et qu’on avait pu croire condamné…

On va pouvoir retrouver :

 les soirées en famille :


 les loisirs :


 les visites au musée :


 le tourisme :


 la pollution :


 les selfies :


 les supermarchés :


 les jardins et les parcs :


 le travail :


 les bouchons :


 ses voisins :


 ou les autres voisins :

« — Traître ! — Raciste ! »


 les vacances :

« On attend de la visite ? »


 le bord de mer :


 le sport :


 le coiffeur :


 la plage :


 le sourire :


 et l’éternelle jeunesse ! :


Connaissez-vous Gerhard Haderer ? Car tous ces dessins c’est lui .

Mais d’abord, disons le, on ne remerciera jamais assez le cancer et Jésus.

Oui, commençons par dire merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait continué à mener la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous venez de (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences légèrement grinçants.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne en Autriche. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, qui fut selon lui un surfeur drogué à l’encens. Affirmation qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens, pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos ardents défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’oeuvre censurée et l’album, atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours, confirmant la popularité de l’artiste.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y a pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.

Daniel Mermet

Voir aussi

 Gerhard Haderer, La Vie de Jésus, Glénat, 2002

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

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Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.