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Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Le lambeau

    Philippe Lançon (Gallimard, 2018)

    Le 7 janvier 2015, deux hommes en noir, armés et cagoulés, font irruption dans les locaux de Charlie-Hebdo à l’heure de la conférence de rédaction et abattent huit personnes dont Cabu, Wolinski, Maris, Charb, Tignous, Honoré. Philippe Lançon, journaliste, est blessé par trois balles de Kalashnikov dont une qui lui explose la mâchoire. Ce livre est le récit de l’attentat, de la vie d’après et de sa reconstruction, des mois d’hôpital et de sa routine, des opérations, de ces lambeaux de peau qu’on lui colle. Ce livre est bien autre chose. Il est le récit minutieux de ce quotidien qui n’en est plus un, de ces deux mondes, celui des morts et celui des vivants, où il n’y a plus de place pour le chagrin, à peine pour la douleur et le désespoir. Il raconte et transmet quelque chose d’impossible : l’indicible des rescapés. Tout au long de ses 500 pages, Philippe Lançon convoque la beauté, la littérature, les… Lire la suite

Médias

  • « Au nom de la démocratie, votez bien ! ». Retour sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017

    Mathias Reymond (Acrimed-Agone, 2019)

    Économiste, prof à l’université de Montpellier, co-animateur du site Acrimed, Mathias Reymond dégaine un arsenal critique pour désosser le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017. À le lire, ce sont les médias qui se réclamant du débat démocratique qu’elles piétinent cependant allègrement, ont orchestré la dramaturgie politique du second tour. Ce sont encore ces médias, qui en collaboration avec les communicants politiques, influent sur ce à quoi il faut penser, disposent du pouvoir de consécration ou de stigmatisation des candidats, pèsent sur des choix électoraux et écrasent des opinions dissidentes. Ce journalisme de prescriptions fait les élections. Pas à tous les coups, nuance Mathias Reymond qui ajoute : « les médias cherchent toujours à imposer un choix qui semble inéluctable. Le choix des maîtres.… Lire la suite
  • La pensée en otage

    Aude Lancelin (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Après Le monde libre, Aude Lancelin poursuit sa réflexion sur notre système d’information et l’apparente démocratie des médias dominants massivement rachetés par le CAC 40. Ils imposent, écrit-elle, « une idéologue de « neutralité » mortifère, propulsant sur le devant de la scène ses valets intellectuels, dévastant l’esprit public ». Dans cet essai, elle démonte sept idées fausses, autant de mensonges, de pseudo évidences et de mythes consolateurs, qui « empêchent les gens de prendre conscience de la gravité de la situation ». Une centaine de pages nécessaires pour s’« armer intellectuellement contre les médias dominants ».

Politique

  • Opération Macron

    Éric Stemmelen (Editions du Cerisier, 2019)

    Le pouvoir financier et économique voulait un homme à sa dévotion, les médias à ses ordres l’ont fabriqué. Sans rien révéler d’autre que des faits déjà publics, Éric Stemmelen a tenu le journal, entre 2012 et 2017, de l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron : les faits, les déclarations, les nominations, les articles de presse, les actes précis qui, une fois mis bout à bout, dévoilent comment le candidat Macron a été pensé, fabriqué, lancé, mis en scène par une classe sociale, celle des super-riches. Une classe qui soutient désormais Macron comme la corde soutient le pendu. Une fois Macron définitivement essoré et rincé, ils le jetteront pour le remplacer par une autre serpillière. Ils cherchent déjà son… Lire la suite
  • Ce pays que tu ne connais pas

    François Ruffin (Les arènes, 2019)

    « Quand un boxeur envoie un crochet du gauche, il ne prévient pas à l’avance. C’est donc par surprise que je publie Ce pays que tu ne connais pas, un uppercut moral qui atteindra, je l’espère, le Président de la République », disait François Ruffin à la sortie de son livre. Cet uppercut, c’est le portrait d’une France qui souffre pendant qu’un homme commence son ascension, c’est la vie de gens qui comptent chaque euro pendant qu’un homme se sert des finances de l’État pour atteindre le pouvoir, ce sont des témoignages de caissières, de routiers, d’auxiliaires de vie, d’ouvriers, pendant qu’un homme ne fréquente que des normaliens, des millionnaires, des PDG, des banquiers, des journalistes. C’est enfin la description d’une réalité qu’Emmanuel Macron ignore et veut ignorer. Le roi est mis à nu et son sourire s’est figé pour devenir « le sourire de la mort… Lire la suite
  • Contre Macron

    Juan Branco (Éditions Divergences, 2018)

    « Le macronisme et une nouvelle variante du fascisme, et il nous faudra avoir la plus grande attention à la façon de débrancher ces êtres de nos institutions au moment du changement démocratique nécessaire et qu’ils chercheront compulsivement à éviter », écrit Juan Branco dans son livre au titre simple comme un direct du droit. Normalien, avocat, philosophe, chercheur, diplômé des hautes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique, il désosse au scalpel et sans trembler le locataire de l’Élysée. Pugnace, pour le moins, Juan Branco démonte ainsi les ressorts intimes du pouvoir macroniste et ses liens de corruption, de népotisme et d’endogamie, « la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté ». Un scandale démocratique majeur, visible… Lire la suite
  • Le retour des populismes

    Bertrand BADIE, Dominique VIDAL (La Découverte, 2018)

    Montée des populismes, recettes du populisme, dangers du populisme, fièvre populiste… Le terme populisme est désormais omniprésent dans les débats politiques et médiatiques. Mais que signifie-t-il exactement ? Bertrand Badie, prof à science-po Paris, et Dominique Vidal, journaliste et historien, ont considéré « décisif et urgent de saisir ce phénomène avec rigueur pour éviter tout rapprochement douteux ». Avec une trentaine de spécialistes, ils ont dirigé cet État du monde 2019 pour dresser une synthèse de cette tendance majeure de l’évolution politique internationale : l’Amérique de Trump, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan, les extrêmes droites européennes, le brexit, sans oublier l’Inde de Modi et les Philippines de Duterte. Les exemples ne manquent pas, qui poussent à mieux analyser ce populisme dont le terme est aussi délicat à définir qu’à interpréter. Les auteurs s’intéressent à la genèse de ce… Lire la suite
  • Pourquoi les riches votent à gauche

    Thomas Franck (Agone, 2018)

    Attention, le titre de ce livre contient un oxymore ! Riche/gauche, cet assemblage en effet curieux, Thomas Frank, journaliste originaire du Kansas, le revendique et en fait sa thèse. Dans cet ouvrage qui fait écho à celui qu’il avait intitulé Pourquoi les pauvres votent à droite, il analyse l’abandon par les « nouveaux démocrates » des classes populaires au profit des populations les plus aisées et cultivées. Thomas Frank explique comment le « parti du peuple » a rompu les liens avec les pauvres, les exclus, les minorités et les travailleurs pour devenir, au nom de la réussite, des diplômes universitaires et de l’argent, le parti « pro business » plébiscité par les blancs de la classe moyenne supérieure. Autrement dit : on peut être riche, néo-libéral et pourtant progressiste ou « de gauche… Lire la suite

Histoire

  • Ce que peut le cinéma

    Alain Brossat, Jean-Gabriel Périot (La découverte, 2018)

    Comment se fabrique la mémoire ? Comment appréhender les archives ? Comment remonter le temps ? Plus globalement quels liens les images entretiennent avec la politique et l’histoire ? Pour répondre à ces interrogations, deux hommes qui travaillaient sans se connaître sur des sujets communs (l’univers carcéral, les femmes tondues à la Libération, le désastre nucléaire), ont décidé de confronter leurs expériences. Dans un dialogue, Jean-Gabriel Périot, réalisateur, et Alain Bossat, professeur de philosophie, confrontent leur point de vue, décortiquent le rôle de ceux qui fabriquent les films (réalisateurs, acteurs, financeurs, spectateurs), et la manière dont ils sont fabriqués (musique, commentaires , génériques).En posant à nouveau la question, certes pas nouvelle mais toujours essentielle, de la relation de la puissance ou de l’impuissance de l’écriture et de l’image, ils essaient de comprendre « ce que… Lire la suite
  • Dans la classe de l’homme blanc

    Laurence de Cock (Presses universitaires de Lyon, 2018)

    Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? s’interroge, l’auteure, docteur en sciences de l’éducation et professeur agrégée en lycée qui s’est attelé à étudier L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours. A partir d’archives de l’éducation nationale, des textes et des manuels scolaires, elle retrace les débats sur la question coloniale, analyse l’élaboration des programmes et la fabrique scolaire de l’histoire. Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue pour beaucoup ? En tentant de répondre à ces questions, Laurence De Cock met en lumière une tension qui travaille l’institution scolaire : l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité… Lire la suite
  • Sur l’enseignement de l’histoire

    Laurence de Cock (Libertalia, 2018)

    Questionner le récit national, se lamenter sur les programmes et les manuels d’histoire, est devenu un sport national français. Laurence de Cock propose de sortir de ces éternelles polémiques, en proposant un autre angle d’attaque : aborder l’analyse « par le bas et par les praticiens depuis le XIXème siècle ». Pour cette spécialiste des questions pédagogiques et didactiques, l’histoire de l’enseignement de cette discipline bien vivante est inséparable de ses acteurs, de ses lieux, de ses outils et de ses espaces de discussions. On découvre également dans ce travail de recherche - et c’est peut-être son but - que les débats qui agitent l’enseignement de l’histoire, une « des passions françaises » sont récurrents et toujours présentés comme… Lire la suite
  • Une histoire populaire du football

    Mickaël Correia (La Découverte, 2018)

    Le foot ne se résume pas aux supporteurs débiles et fachos, aux masses d’argent échangées lors des transferts déments, aux stars surmédiatisées gangrénées par le business. Le foot, selon ce journaliste indépendant qui participe au mensuel CQFD et à la revue Jef Klak, est aussi un puissant instrument d’émancipation pour les ouvriers, les féministes, les militants anticolonialistes, les jeunes de quartiers populaires et les contestataires du monde entier. En dribblant à travers les clichés, Mickaël Correira, propose une histoire « par le bas » des contre-cultures footballistiques nées après la seconde guerre mondiale, des hooligans anglais jusqu’aux ultras qui ont joué un rôle central dans les printemps arabes de 2011. Le foot peut être aussi généreux que… Lire la suite
  • Où en sommes-nous ?

    Emmanuel Todd (Le Seuil, 2017)

    "Où en sommes-nous ? Une esquisse de l’histoire humaine" est une réflexion ambitieuse sur les dérèglements socio-économiques mondiaux auxquels nous assistons et les poussées de fièvre isolationniste qui y répliquent, du Brexit jusqu’à l’élection de Trump. Une fois encore, Emmanuel Todd mobilise dans ce livre les structures familiales et religieuses pour comprendre ce qui nous arrive, cette fois à l’échelle mondiale. Partout, il observe une même guerre des classes en train de se réactiver. Un sécessionnisme des classes supérieures par rapport aux gens du peuple tenus pour des « ploucs », et toujours davantage éloignés des prises de décision réelles.
  • Les jours heureux

    Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (La Découverte, 2010)

    Le sous-titre de cet ouvrage résume à lui-même son intention : le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en oeuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition. Depuis, exit Sarkozy. Reste l’essentiel que tenait à republier l’association des Citoyens et résistants d’hier et d’aujourd’hui, crée par d’anciens résistants et parrainée par Stéphane Hessel. Revenir au texte initial, s’appuyer sur les fondamentaux. Pour comprendre, et croire aux Jours heureux, titre de la première publication clandestine de ce programme du CNR dont le premier président fut un certain Jean Moulin.

Économie et Finance

  • L’art de la fausse générosité, la fondation Bill et Melinda Gates

    Lionel Astruc (Actes sud, 2019)

    Qu’ils étaient exemplaires Bill et Melinda Gates, devenus en 2000 les icônes de la générosité mondiale ! Qu’ils étaient irréprochables Bill et Melinda Gates qui en créant leur fondation ont décidé de distribuer leur richesse, se transformant ainsi en donateurs planétaires ! Hélas, c’était oublier que ces chez gens là, rien ne se perd, tout se transforme. Et que la philanthropie est aussi un business. Cette enquête le démontre avec éclat. Lionel Astuc démonte le système de dons qui cache en fait des mécanismes d’évitement fiscal, la fausse charité et la transformation de la fondation en trust qui finance les OGM, l’armement, les labos pharmaceutiques… Dans le monde de la finance, il n’y a vraiment rien à sauver. Même pas les… Lire la suite
  • Macron, un mauvais tournant

    Les économistes atterrés (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Détruire progressivement le modèle social français pour aligner la France sur les standards du capitalisme financier libéralisé : tel est le programme d’Emmanuel Macron qui pour y parvenir utilise les institutions bonapartistes de la Ve République. Les Économistes atterrés décryptent les méthodes et les implications de cette entreprise présidentielle. Cet ouvrage analyse les réformes mises en œuvre depuis le début du quinquennat et les suivantes, montre qu’elle aggrave les problèmes : crise économique, crise productive, crise sociale, crise écologique. Des solutions pour changer de cap existent. Comme existent des réponses qui donneraient les moyens de satisfaire aux exigences de la transition sociale et écologique et permettraient d’établir une société sobre, égalitaire, solidaire. « La France n’est pas condamnée à s’engager dans la voie sans issue du libéralisme. Elle doit retrouver la fierté de son… Lire la suite
  • Le capitalisme expliqué à ma petite-fille (en espérant qu’elle en verra la fin)

    Jean Ziegler (Seuil, 2018)

    Qui est cet ogre animé par un ordre cannibale qui broie la vie de milliards d’êtres humains, accroit comme jamais les inégalités et la misère, épuise la planète, plonge dans la déprime les populations, aggrave les replis identitaires sous l’effet de la dictature du marché ? Cet ogre c’est le capitalisme qu’il faut tuer comme l’hydre à plusieurs têtes. Par le truchement d’un dialogue avec sa petite-fille Zohra, Jean Ziegler, ancien rapporteur pour l’ONU pour le droit à l’alimentation et actuel vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l’homme, en appelle à une insurrection qui renversera ce système économique dictatorial. « Quand viendra-t-elle ? », demande la petite-fille. « Personne ne le sait », répond le grand-père, « mais elle est proche ». Parce qu’elle est… Lire la suite
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une… Lire la suite
  • Enrichissement. Une critique de la marchandise

    Arnaud Esquerre, Luc Boltanski (Gallimard, 2017)

    Dans cet ouvrage, ces deux sociologues analysent les profondes transformations du capitalisme. Basé sur le développement industriel, puis constatant son déclin, il s’est tourné vers la marchandisation d’autres objets comme les arts, la culture le commerce d’objets anciens, la création de fondations, l’industrie de luxe, le tourisme… L’ampleur de ce changement amorcé depuis le dernier quart du XXe siècle, a profondément modifié la création des richesses dans l’Europe de l’ouest. Ce type d’économie, les auteurs l’appellent économie de l’enrichissement parce qu’elle repose moins sur la production de choses nouvelles qu’elle entreprend d’enrichir les choses déjà là.

Sociologie

  • Le président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron

    Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot (Zone, 2019)

    Cette « chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron » est un délice concocté par les Pinçon&Charlot, infatigables sociologues de la grande bourgeoisie. Non pas qu’ils relèvent des données fracassantes – ils ne sont pas avares de leurs découvertes - mais parce qu’ils en font l’analyse et la synthèse. Ces infos mises bout à bout dressent un portrait glaçant de l’oligarchie du pouvoir en France, du mépris social dont témoigne le président des ultra-riches pour « ceux qui ne sont rien », des faveurs qu’accorde ce même président pour la caste des privilégiés qui coûtent « un pognon de dingue ». Ce livre est une chronique édifiante d’une guerre de classe menée dans le cœur de ce qui s’apparente à une monarchie présidentielle. On le sait, mais cela fait du bien de l’entendre encore et encore. Pour ne pas s’habituer. Pour ne pas supporter… Lire la suite
  • La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire

    Grégoire Chamayou (La fabrique, 2018)

    Dans cet ouvrage dont le sous-titre annonce clairement son objet, une généalogie du libéralisme autoritaire, le philosophe Grégoire Chamayou s’empare de ce qu’il nomme la « crise de gouvernabilité ». Pour cela, il a épluché les discours théoriques des années 70 (principalement nord-américains) portant sur l’entreprise et le management et qui font apparaître de nouvelles stratégies développées par le monde des affaires pour contrer les contestations des gouvernés (plus d’autonomie et plus d’égalités pour les travailleurs, les femmes, les minorités). Grégoire Chamayou met en lumière l’existence d’un contre-mouvement des forces libérales et un nouvel art de gouverner. « Une sorte de contre-activisme des pratiques managériales dont nous ne sommes pas sortis », affirme l’auteur qui montre que ce libéralisme autoritaire suppose une verticalité de l’État. Un État fort pour une économie… Lire la suite
  • La stragégie de l’émotion

    Anne-Cécile Robert (Lux, 2018)

    Frémir plutôt que réfléchir. Tout est dit dans cet axiome développé par Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde Diplomatique et professeur associé à l’université Paris 8. Pour elle, les émotions dévorent l’espace social et politique au détriment des autres modes de connaissances du monde, notamment la raison. Et de rajouter : « Des émissions de divertissement à l’actualité médiatique en passant par les discours politiques, le recours à l’émotion est devenu l’une des figures imposées de la vie publique. Si les émotions, positives ou négatives, enrichissent l’existence, cette forme d’expression peut poser de redoutables défis à la démocratie lorsqu’elle se fait envahissante et tend à remplacer l’analyse. » Autrement dit, la manipulation des esprits prend des formes inattendues. C’est l’extension du domaine de la… Lire la suite
  • La condition anarchique. Affects et institutions de la valeur

    Frédéric Lordon (Seuil, 2018)

    Poursuivant son intérêt pour les usages de la philosophie de Spinoza en sciences sociales, Frédéric Lordon, économiste et chercheur en philosophie, décortique les systèmes de valeurs aussi différentes que l’économie, la morale et l’esthétique. D’où tirent-elles leur autorité ? Qui établit leur valeur ? En « décollant "anarchie" de ses usages courants, comme catégorie politique bien connue, pour retourner à une lecture étymologique - l’anarchie, c’est l’an-arkhé, c’est-à-dire l’absence d’arkhé, l’absence de fondement »-, il développe l’idée qu’il n’existe aucun fondement de vérité absolue, que ces valeurs sont le simple produit de la société, que ce sont les affects collectifs qui font la valeur dans tous les ordres de valeur, ceux là qui soutiennent la valeur là où il n’y a aucun ancrage. D’où le concept de la « condition anarchique » et la grande question : comment tient une société qui ne tient à rien… Lire la suite
  • Nouvelles morales, nouvelles censures

    Emmanuel Pierrat (Gallimard, 2018)

    Avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit de la culture et les affaires de censure, Emmanuel Pierrat s’alarme des attaques que subissent les œuvres dans tous ses territoires. Arts plastique, littérature, cinéma, musique. À la manœuvre, selon lui, les ligues de vertu du troisième millénaire, quelque soit leur cause légitime et pétries des meilleures intentions : lutte contre le racisme, l’esclavage, la souffrance animale, l’antisémitisme, anti tabagisme à l’écran, dans les pubs. Comment faire alors dans ce nouveau paysage politique qui enserre de plus en plus la liberté d’expression ? Comment concilier le devoir de mémoire, le légitime respect de l’égalité du citoyen et les droits des minorités, avec l’amour de l’art et de la liberté ? La clé réside sans doute dans la pédagogie, propose en substance Emmanuel Pierrat dans cette réflexion concrète et illustrée d’exemples. Il s’adresse à « tous ceux… Lire la suite

Travail et luttes sociales

  • Bullshit jobs

    David Graeber (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    En 2013, David Graeber, un anthropologue anglais, publie sur Strike ! (magazine radical et en ligne), un article sur « les jobs à la con », soit « une forme d’emploi rémunéré qui est si inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient à justifier son existence ». Paru en plein été, il est aussitôt lu, repris, partagé par des milliers puis des millions de personnes, dans le monde entier. Ce livre en est le dérivé. Il cite des exemples de Bullshit jobs, oblige le lecteur à se poser des questions - « Avez-vous l’impression que le monde pourrait se passer de votre travail ? » ; « Avez-vous déjà pensé que vous seriez plus utile dans un hôpital, une salle de classe, un commerce ou une cuisine que dans un open space situé dans un quartier de bureaux ? » ; « Avez-vous déjà participé à un afterwork avec des gens dont les intitulés de jobs étaient absolument mystérieux ? ». David Graeber, aussi et surtout,… Lire la suite
  • DRH, la machine à broyer

    didier Bille (Cherche Midi, 2018)

    « Recruter, casser, jeter ». Tout est dit dans le sous-titre de ce témoignage livré par un ancien des ressources humaines qui a travaillé pour de grands groupes et s’attache désormais à replacer le lien social, le respect et à la bienveillance au cœur des politique de RH. Didier Bille balance les pratiques qu’il a mises en œuvre. Objectifs inatteignables, injonctions paradoxales, harcèlement moral, évaluations truquées, propagande. Autant de techniques froides et cyniques qui démontrent la collusion entre les ressources humaines et les directions visant à dissoudre le lien social et à instaurer une culture de la peur. Bienvenu dans l’enfer où tous les coups bas sont permis.
  • Un monde à gagner

    Marie-Laure Dufresne-Castets (Don Quichote, 2017)

    Moulinex, Les Contis, Les cinq de Renault Le Mans, la relaxe de Ghislaine, l’affaire Alain Herbert… À travers une dizaine de combats emblématiques, Marie-Laure Dufresne-Castets raconte, de l’intérieur, « la lutte des classes du tribunal ». Avocate en droit du travail, elle a choisi de se mettre aux cotés des travailleurs. « Je suis descendue dans l’arène de leurs luttes et je n’ai plus jamais voulu en sortir ». Elle raconte le cynisme, la violence inouïe de la gestion de la « masse salariale » par le patronat et cette opinion qui gagne les juges que le travail ne « coûte » rien. Bienvenu dans un monde qui plait tant à Macron au point qu’il veut en faire la norme.
  • Manifeste des œuvriers

    Bernard Lubat, Charles Sylvestre, Roland Gori (Actes sud, Les Liens qui libèrent, 2017)

    Alors que Macron légifère le travail à coups d’ordonnances, il est temps de lire ce petit livre salutaire écrit par un trio aussi génial que surprenant : un psychanalyste, un artiste, un journaliste. Ensemble, ils signent un manifeste qui rend hommage aux « œuvriers ». Qui sont-ils ceux que désigne ce mot énigmatique, poétique et engageant ? Ils sont ceux qui disent non à l’accablement du « travail en miettes », refusent les « productions standardisées » et se rebellent contre un monde glacial et désenchanté. Dans leurs activités, dans leur vie et « au travail », ils font oeuvre et la mettent en pratique. Faire oeuvre, pour eux, c’est aimer le travail bien fait dans l’amitié et le goût, gagner sa vie et la partager, renouveler la pratique, des métiers manuels et intellectuels, du geste le plus simple à l’exercice le plus savant. Œuvriers, levez-vous… Lire la suite
  • Carnet de bord d’un gréviste

    Christophe Metroz (Les mutins de Pangée, 2016)

    Il n’est pas journaliste, pas sociologue, pas écrivain. Christophe Metroz est ouvrier. Il est entré à PSA à Aulnay à l’âge de 20 ans et y a travaillé quatorze ans jusqu’à 2011, année où les rumeurs de fermeture de l’usine commencent à circuler et qui se concrétisera trois ans plus tard. Alors il a décidé de raconter ce combat au jour le jour. « La force du texte de Christophe Metroz est celle de l’histoire brute, inexorable, de la parole sans retour d’un témoin du premier rang » écrit Gérard Mordillat dans sa préface qui ajoute « chaque jour qui passe charge son texte d’histoire, de mémoire, de devoir, de pouvoir, comme si chacun de ses mots portait en lui une charge explosive ». En bonus de ce texte, le DVD Comme des lions qui raconte en images deux ans de lutte des salariés pour sauver leur… Lire la suite
  • On n’entre pas dans un monde nouveau sans effraction. Murs populaires. Tags du mouvement contre la loi travail

    Auteurs et autrices anonymes (CNT-RP, 2016)

    La rue est folle, nous aussi ! Agir en primitif, prévoir en stratège ; Les pouffiasses niquent la BAC ; Même les Pokémon trouvent que l’époque est morne ; Le lacrymo…gène, le fumi…gène… On ne vous dérange pas trop ? ; Film un flic, sauve des vies !!! ; À vos ordres mon capitalisme ; Error 49.3 Democratie not found… Slogans, tags, graphes. Au printemps 2016, « nos murs se sont couverts de cris, de rage, d’autodérision et d’espoir d’un autre futur » écrivent les éditeurs de cet ouvrage qui salue également ce « mouvement littéraire né sous les bombes et marqueurs d’anonymes. ». C’est beau, c’est drôle, c’est inventif. Surtout, cela fait du bien.

Environnement et Santé

  • Nous voulons des coquelicots

    Fabrice Nicolino, François Veillerette (Les Liens qui Libèrent , 2018)

    Ce livre est un manifeste. Un manifeste pour la vie, les coquelicots dans les champs de blé, les oiseaux au bord du chemin, les abeilles qui subissent une véritable apocalypse qui les fait disparaître par milliards. Le coupable, tout le monde le connait : ce sont les pesticides, « ces poisons qui détruisent tout ce qui est vivant, ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises ». Semeurs de mort, ils doivent être définitivement éradiqués. Pas demain, maintenant. « L’heure n’est plus à la discussion de salon, il faut se lever, ensemble, dans un soulèvement pacifique de toute la société », lancent les auteurs de cet appel pour l’interdiction des pesticides. Le journaliste-essayiste à Charlie Hebdo et l’ancien président de Greenpeace espèrent que chacun… Lire la suite
  • Éloge des mauvaises herbes . Ce que nous devons à la ZAD

    Collectif (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Soit dix-sept intellectuels, artistes, écrivains, poètes* qui dissertent sur « ce que nous devons à la ZAD », cette zone à défendre qui est bien plus qu’un bout de bocage. Leurs textes ainsi rassemblés racontent que, dans notre monde normé, catalogué, mesuré, peut s’y inventer de nouvelles formes de vie et de liberté. Sur la ZAD, on existe en commun, on cohabite avec la nature, on rêve, on sort de l’emprise du marché. On lutte, on invente, on redonne du sens au travail et à l’agriculture, on prépare les alternatives en occupant les terres. « C’est notre réalité de demain qui prend forme sous nos yeux. C’est une percée de mauvaises herbes ». Une percée de la vie. * David Graeber, Jade Lindgaard, Virginie Despentes, John Jordan, Vandana Shiva, Olivier Abel, Geneviève Pruvost, Bruno Latour, Christophe Bonneuil, Nathalie Quintane, Starhawk, Kristin Ross, Pablo Servigne, Wilfried Lupano, Amandine Gay, Patrick… Lire la suite
  • La guerre des métaux rares

    Guillaume Pitron (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Finies les énergies fossiles. Enfin, nous allons nous affranchir du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Un progrès ? Sauf que nous sommes en train de sombrer dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares - graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène -, ces ressources indispensables à nos voitures électriques, à nos éoliennes, à nos smartphones, à nos ordinateurs. L’avenir qu’on croyait radieux risque d’être encore plus sombre que celui d’aujourd’hui. C’est cette contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron, journaliste pour le Monde Diplo, Géo ou National Geographic. Ce récit clandestin d’une quête généreuse, mais qui charrie des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de… Lire la suite
  • Être forêts, habiter des territoires en lutte

    Jean-Baptiste Vidalou (Zones, 2017)

    « Nous sommes allés à la rencontre des forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer », écrit l’auteur qui se présente comme un bâtisseur en pierre sèche et par ailleurs agrégé de philosophie. Ces forêts sont celles des paysans Guerrero du Mexique qui se battent contre les exploitants, des trappeurs du peuple Cri du Canada défendant sa forêt boréale victime de déforestation, des Penan de Bornéo qui s’arment de sarbacanes contre les plantations de palmiers à huile. Sauver la forêt, mais aussi l’habiter pour la protéger, comme du bois de Tronçay à celui de Sivens, de Notre-Dame-des-Landes aux Cévennes. Autant d’espaces à se réapproprier, autant de luttes à mener pour clamer haut et fort que la forêt est bien autre chose qu’une réserve de… Lire la suite
  • Dictionnaire impertinent de la vieillesse

    Alain Jean, Christian Gallopin, Didier Martz, José Polard, Michel Billé (Éres, 2017)

    « Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre » disait François Mauriac. Cette phrase placée en exergue de ce dictionnaire donne le ton : il sera volontairement impertinent et résolument iconoclaste. Nourri par une vingtaine d’auteurs et porté par l’association « EHPAD’côté – les pas de côté » pour dire que les vieux, s’ils sont privés de liberté par l’avancée de l’âge, ne sont pas privés ni d’humour, ni de dignité, ni de besoin d’égalité. Rire pour dissoudre le mépris et pour exploser le dieu unique des Ehpad : la rentabilité. Exemples de définition. Vieillissement réussi : avoir une Rolex avant 50 ans, s’en souvenir après 80 ans. Maladie d’Alzheimer : étranger sans papier, à la fois immigré du temps et émigré de la… Lire la suite

International

  • Black lives matter

    Keeanga-Yamahtta Taylor (Agone/Contre-feux, 2017)

    « Plus qu’un moment, un mouvement » écrit Keeanga-Yamahtta Taylor, militante antiraciste, anticapitaliste et auteur de ce livre qui raconte les luttes du Black Lives Matter (BLM). Enseignante à l’université de Princeton, elle pose une question centrale : comment cette mobilisation afro-américaine contre le racisme systémique envers les noirs a-t-elle pu naître sous le mandat du premier président… noir ? Pour comprendre la grande désillusion provoquée par Obama et la naissance du BLM en 2012, l’auteur plonge dans l’histoire des mouvements sociaux des années 60, analyse l’économie du racisme ainsi que l’essor d’une élite noir prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. En protestant sans cesse contre le profilage racial, « l’inhumanité de la police » et son arsenal militaire, une justice prompte à acquitter les flics tueurs de noirs, le Black Lives Matter pourrait devenir le catalyseur et s’étendre… Lire la suite
  • La machine à tuer, la guerre des drones

    Jeremy Scahill (Lux , 2017)

    Parfaits les drones, avec leur frappe chirurgicale, utiles grâce à leur absence d’affect face à leur cible ? Pas vraiment, assurent les auteurs de ce livre préfacé par Edward Snowden. « Ils ne visent juste qu’une fois sur dix et la plupart du temps, assassinent des personnes qui ne représentent aucune menace » assure Jeremy Scahill. Ce journaliste d’enquête, ancien correspondant de guerre pour le magazine américain La Nation, est formel : « ces engins et ceux qui les commandent à distance font non seulement des victimes innocentes ». En 2012, cette arme a tué plus de 200 personnes au Yémen dont seules 35 représentaient une menace. De plus, ces engins volants affaiblissent le renseignement antiterroriste (il tue au lieu de capturer) et attise la colère des populations affectées par la menace de la mort venue du ciel. La guerre des drones, la sale guerre… Lire la suite
  • Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française

    Alain Gresh (La Découverte, 2017)

    Alain GRESH est à la fois l’un des observateurs les plus engagés et les plus respectés sur le Moyen-Orient. Depuis longtemps il s’attache avec succès à expliquer cette histoire à un grand public. Cette fois, avec des dessins superbes d’Hélène ALDEGUER, « UN CHANT D’AMOUR » raconte le conflit israélo-palestinien sous l’angle de cette France qui abrite les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe.
  • Mariage gay à Tel Aviv

    Jean Stern (Libertalia, 2017)

    Israël, ses gays et ceux d’ailleurs, l’homosexualité comme une stratégie marketing et politique de l’état hébreu, le pinkwashing pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et transformer Tel Aviv en une plaisante cité balnéaire. La formidable enquête menée par Jean Stern, journaliste à Libé et à la Tribune après avoir été un des fondateurs du GaiPied, nous montre l’envers du décor de ce soi-disant « mirage rose » orchestré par l’État Israélien. Édifiant et sinistre.
  • L’ordre et le monde. critique de la Cour pénale internationale

    Juan Branco (Fayard, 2016)

    Née à l’orée du XXIe siècle, la Cour pénale internationale a pour mission de juger les plus grands criminels de notre temps, responsables de génocides, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Lourde et belle tâche que celle de lutter contre l’impunité et d’amener les bourreaux à répondre de leurs actes. Sauf que cette organisation n’a jamais été à la hauteur de ses ambitions. Pire, son existence même est mise en cause. Juan Branco, docteur en droit et par ailleurs conseiller juridique de Julian Assange, y a travaillé plus d’un an, d’abord comme stagiaire puis comme assistant spécial et officier de liaison du Premier Procureur de la Cour Pénale Internationale. Ce livre est le résultat de son enquête où le droit côtoie la philosophie, le constat d’un (dis)fonctionnement juridique fait écho à l’état de notre… Lire la suite

Humour et fiction

  • L’héritage des espions

    John le Carré (Le Seuil, 2018)

    Est-ce une œuvre de transmission, une sorte de testament qui livre des secrets sur cinquante ans d’histoire ? Le dernier livre de John Le Carré qu’il vient d’écrire à l’âge 86 ans, fait le lien entre l’ancienne et la nouvelle génération d’espions, entremêle le passé et le présent, la mélancolie du souvenir et la morsure quotidienne de la culpabilité. Les temps ont changé. Le bloc communiste n’existe plus. Les jeunes élevés dans un monde dominé par les avocats et les comptes à rendre, n’ont pas de pitié pour les vieux agents qui ont connu la guerre froide. Pourtant le Cirque les tire de leur retraite, rattrapés qu’ils sont par les fantômes de cette époque. Reviennent hanter Alec Leamas et Liz Gold, espions trouvés mort en 1961 au pied du mur de Berlin. Surgissent les enfants de ces deux disparus qui demandent des explications. Qui va payer le sang des innocents sacrifiés sur l’intérêt général… Lire la suite
  • De A à X

    John Berger (L’Olivier, 2018)

    Qu’importe le lieu où se déroule cette histoire, Mexico, Ramallah, Kaboul ou ailleurs. John Berger, anglais exilé en France mort en 2017, homme de gauche et artiste engagé, a voulu son roman universel, c’est-à-dire le situer partout où les hommes souffrent, résistent à l’oppression. De A à X est la correspondance entre Xavier, incarcéré dans la cellule n° 73 de la prison de Suse où il purge une peine de réclusion à perpétuité pour terrorisme, et Aida son amante qui, elle, est libre. Roman épistolaire, roman d’amour, roman de combat. Mais aussi roman elliptique où chacun peut laisser libre cours à son imagination.
  • La tour abolie

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2017)

    S’il fallait présenter l’histoire de ce livre en quelques mots, il suffirait de reprendre la phrase mise en exergue : « Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches ». Tout est dit, ou plutôt tout est annoncé. Les nantis vont avoir chaud aux fesses ! Au sommet des trente-huit étages de la tour Magister située au cœur de la Défense, travaille l’état-major de la multinationale de cette compagnie d’assurance, gouverné par la logique du profit. En bas, dans les sous-sols et les parkings, survivent des misérables, des crève-la-faim, des exclus que la misère a rendu dingues. Deux mondes apparemment étanches. Sauf qu’un jour ceux des très-fonds décident de monter dans les étages. Un roman de la révolte et un portrait de notre société écrit avec l’énergie de l’auteur de Vive la… Lire la suite
  • England away. Aux couleurs de l’Angleterre

    John King (Au Diable Vauvert, 2016)

    « Les Anglais ne tuent pas, à moins d’y être carrément obligé » assure Steve Thomas, anglais et joueur de hockey professionnel. En inscrivant cette phrase en exergue, John King donne le ton de ce roman qui raconte l’aventure d’un jeune hooligan. Celui-ci décide de se rendre à Berlin pour assister à un match Angleterre-Allemagne. Il est avec sa bande, une meute de gros lourds aussi violents que bas de plafond qui justifient leurs conneries – incendie, bagarres, saccages de bar – par un concept philosophique de haut vol : « 100% Chelsea, 100% Anglais ». Cette trame n’est en fait qu’un prétexte pour l’auteur passé maître dans l’art de décrire la culture de son pays, à savoir le foot, les classes populaires, leur langue, les racines du nationalisme et de la violence… Lire la suite
  • Démokratía. Manga en 5 tomes

    Motorô Mase (Edition Kazé, 2016)

    Taku Maezawa, élève ingénieur, et Hisashi Iguma, spécialiste en robotique, mettent en commun leur connaissance pour créer Maï, un robot d’apparence féminine. L’idée est de demander à 3 000 personnes, recrutées au hasard sur le web, de décider à la majorité via un réseau social des faits et gestes de cette machine à forme humaine qui deviendrait ainsi le creuset d’un savoir collectif, la convergence de 3 000 intelligences… Le concept de Démokratía est révolutionnaire. Mais, évidemment, rien ne se passe comme prévu. les cinq tomes de ce manga démontrent que démocratie n’est pas toujours synonyme de raison.

Beaux livres

  • Alive

    Luz (Futuropolis, 2017)

    Est-ce pour transmettre à sa fille d’un an, sa passion du rock ? Est-ce un hymne à la vie, lui qui a échappé à l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015 ? Alive, l’album de Luz, dont le titre polysémique suffit à le résumer, témoignage à grands traits à l’énergie brute, le bonheur des concerts et des festivals fréquentés pendant plus de quinze ans. Les planches publiées dans cette anthologie (384 pages) ont été dessinées entre 1999 et 2015, augmentées de dessins récents et d’un entretien avec Philippe Manoeuvre dans les locaux de Rock & Folk, en 2016. Et ça déménage.

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Le 13 mars 2010 Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas... FERRAT, C’EST NOUS TOUS ! Des chansons, des archives, des inédits… Accès libreVoir

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Il y a 13 ans, le 13 mars, Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas, car Ferrat, c’est nous tous. La montagne, c’est chez nous, les marins de Potemkine, c’est nos frères, ma môme, c’est la mienne, la nuit et le brouillard, c’est en nous, c’est nous qui ne guérissons pas de notre enfance, c’est nous qui aimons à perdre la raison.

Une série d’histoires dans les luttes pour l’émancipation, racontées par Olivier Besancenot Qui a inventé le 8 mars ? AbonnésVoir

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C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ?