Jacques Delors, un des principaux fossoyeurs de la gauche ?

Quand Jacques Delors faisait des confidences aux militants de la CFDT

Le

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De partout, un flot d’hommages a salué la disparition de Jacques Delors. À peine quelques très rares bémols, on a salué la probité et l’humanisme de celui qui « a toujours fait passer ses convictions avant ses ambitions », comme si la chose était devenue si rare.

C’est oublier que Jacques Delors fut l’artisan majeur du « tournant de la rigueur » en 1983, c’est-à-dire le virage néolibéral et la soumission aux dogmes néolibéraux, marchandisation, privatisation, etc. Tout un programme résumé en 1994 dans un ouvrage, L’Unité d’un homme. Gérard Filoche en avait consigné les meilleurs passages dans son livre Mai 1968. Une histoire sans fin [1] : « la grande erreur a été d’appeler cette période de rigueur une “parenthèse” », « nous devons amener des gens de 65 ans à continuer de travailler, alors qu’actuellement la retraite est à 60 ans », « en finir avec le financement de la Sécurité sociale appuyé sur les salaires et remplacer les cotisations par l’impôt » ou encore encourager la « privatisation des télécommunications ».

Soit l’alignement sur la « révolution conservatrice » de Thatcher et Reagan, mais avec un masque « de gauche ». Une entourloupe qui a permis de faire avaler la pilule, dont on connaît les effets catastrophiques sur l’emploi, les inégalités, l’éducation ou la santé. Cette absence de critique laisse à penser que la gauche serait aujourd’hui résignée et convertie. Sans doute, mais quelle gauche ? Tout est foutu ? Mais… mais un village breton résiste. Notre vieil ami Serge Le Quéau nous a fait parvenir ce témoignage… à faire circuler largement !

L.B.

Jacques Delors, président de la Commission européenne, à la tribune du 42e congrès confédéral de la CFDT. Paris, le 10 avril 1992 (Patrick Zachmann / Coll. Archives CFDT)

Jacques Delors, qui vient de nous quitter, restera dans l’histoire à n’en pas douter comme étant l’un des hommes politiques les plus importants qu’aura connu notre pays pendant la deuxième partie du vingtième siècle. Si les hommages sont unanimes pour louer son intégrité et reconnaître qu’il poursuivait un idéal en plaçant ses convictions au-delà de ses ambitions, il reste que son héritage garde un goût amer pour beaucoup d’entre nous.

Car c’est bien Jacques Delors qui a converti le parti socialiste au néolibéralisme, qui a imposé le tournant de la rigueur budgétaire, la désindexation des salaires et la privatisation des services publics. C’est lui aussi qui, pendant dix ans de présidence de la Commission européenne, fut le grand architecte de la construction de l’Union, avec la complicité bienveillante de l’ultra-libérale Margareth Thatcher et de l’ordolibéral Helmut Kohl. C’est bien lui, l’architecte de cette Europe de l’Acte unique et du traité de Maastricht qui a gravé dans le marbre les règles de la concurrence et du libre échange. De cette Europe qui a fait le choix de la désindustrialisation et du chômage, qui a appauvri les pauvres, enrichi les riches et finit aujourd’hui par faire le lit de l’extrême droite.

Jacques Delors n’a jamais eu la prétention d’être socialiste, il préférait se présenter comme étant un social-démocrate. Mais l’était-il vraiment ? N’était-il plutôt un authentique néolibéral qui savait avancer masqué ? Les confidences qu’il fit à des militants du 41e congrès confédéral de la CFDT, le 25 novembre 1988, dans un salon du parlement de Strasbourg, à l’occasion de la cérémonie de remise de la Légion d’honneur à Jacques Chérèque (père de François), semble l’attester. Ayant participé à cette rencontre, je peux apporter le témoignage suivant.

Ce 41e congrès confédéral fut celui du passage de témoin entre Edmond Maire et Jean Kaspar au poste de secrétaire général, il fut surtout le congrès des exclusions des militants CFDT des PTT et de la santé de la région parisienne, ces « moutons noirs » stigmatisés par Edmond Maire, qui osaient soutenir les coordinations et surtout s’opposer au recentrage néolibéral de la confédération.

Depuis la signature de l’Acte unique européen en 1986, la Commission européenne et son président Jacques Delors faisaient pression sur les gouvernements des pays de l’Union et donc aussi sur le gouvernement français de Michel Rocard pour qu’ils s’engagent avec diligence dans le processus de libéralisation et de privatisation des grands services publics de réseaux. Deux ans plus tard, les PTT auront changé de statut. Cette réforme préparée en amont par le rapport d’Hubert Prévot, commissaire général au Plan et ancien conseiller économique de la CFDT, sera ensuite défendue par le ministre socialiste Paul Quilès et ardemment soutenue par la CFDT.

Jacques Chérèque, ancien secrétaire général adjoint de la CFDT, ancien préfet de région délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, était en cette fin d’année 1988 ministre chargé de l’Aménagement du territoire et des reconversions du second gouvernement Rocard. En le nommant ministre, Michel Rocard ne faisait que renvoyer l’ascenseur à celui qui, en 1974, après les assises du socialisme, lui avait permis d’entrer par la grande porte au PS de François Mitterrand.

Michel Rocard, qui quittait le PSU, n’avait pas réussi à entraîner beaucoup de militants avec lui, sa corbeille de mariage avec le PS n’aurait pas pesé bien lourd sans la caution politique et la masse des militants de la CFDT déposées opportunément par son ami Chérèque.

Ce coup politique, cette entorse au principe d’autonomie de mouvement syndical créa d’ailleurs des remous dans le syndicat et entraîna la démission de la commission exécutive d’Albert Détraz, dirigeant historique, artisan avec Eugène Descamps de la déconfessionnalisation de la CFTC et responsable à l’époque du secteur politique de la centrale syndicale.

L’engagement de Jacques Chérèque en politique s’est fait un peu par défaut, car son objectif premier était de devenir secrétaire général de la CFDT. Malheureusement pour lui, Edmond Maire, qui ne voulait pas lâcher trop vite la place, s’acharna à lui barrer systématiquement la route. Et puis il avait d’autres projets, il pensait déjà à son amie Nicole Notat pour le remplacer, mais c’est une autre histoire…

Jacques Chérèque aura la satisfaction de voir en 2002 son fils accéder au poste de secrétaire général qu’il enviait tant.

Mais je reviens à cette remise de la Légion d’honneur à Jacques Chérèque, au sein du parlement de Strasbourg, pendant le congrès de la CFDT, par son ami Jacques Delors, le président en exercice à cette époque de la Commission européenne.

La veille, le jeudi 24 novembre, Jacques Delors avait participé en tant qu’invité d’honneur à une séance de travail du congrès intitulé « le carrefour des initiatives » dans la salle Robert Schuman, devant 600 militants. Deux grands thèmes y furent abordés : l’emploi et le développement. Participait également à cette réunion Martine Aubry, la fille de Jacques Delors chargée alors des relations sociales et de l’emploi au sein du commissariat général. Elle anima la table ronde sur l’emploi.

Lors des débats, Jacques Delors, en grande forme – n’était-il pas en famille et avec ses amis ? –, déclara sous les applaudissements de la salle : « le syndicalisme-pognon a son avenir derrière lui [2] ». Edmond Maire, sur la même longueur d’onde, venait de déclarer lui aussi quelques semaines auparavant dans le journal Le Monde : « la CFDT n’est pas le syndicat de la fiche de paie ». Tout un programme en effet…

Le lendemain, le vendredi 25 novembre, ce fut en fin d’après-midi et la veille de la fin du congrès que Jacques Chérèque reçut des mains de Jacques Delors sa Légion d’honneur, en présence d’un cercle restreint de militants, tous triés sur le volet, parmi les 1 606 délégués participant au congrès.

Se trouvaient là évidemment tous les nouveaux membres ou les sortants de la commission exécutive (Edmond Maire, Jean Kaspar, Nicole Notat, Jean-Marie Troglic, Jean-Marie Spaeth, Albert Mercier, Pierre Héritier, Loïc Richard…), ceux du bureau national, les secrétaires des fédérations, des unions régionales et de quelques unions départementales, plus évidemment quelques invités comme Jeannette Laot, l’ancienne membre de la commission exécutive et membre à l’époque du cabinet du président de la République François Mitterrand.

Un carton d’invitation m’avait été donné pour y représenter l’union départementale des Côtes-d’Armor, dont j’étais à l’époque le secrétaire adjoint.

Il revint à Edmond Maire de jouer le rôle de maître de cérémonie et d’accueillir par un petit discours Jacques Chérèque et Jacques Delors. L’ambiance était feutrée, conviviale, comme il convenait qu’elle fut entre camarades fêtant la décoration de l’un des leurs, passé avec quel brio du monde syndical au monde politique.

C’est sans doute cette ambiance chaleureuse qui poussa Jacques Delors à faire à l’assistance quelques confidences lors du discours qu’il fit après avoir agrafé le petit ruban rouge sur la poitrine de son ami Chérèque.

Il indiqua à l’assistance que c’était grâce à la formidable école de formation qu’était le syndicalisme et grâce à son militantisme au sein de la CFTC, de la CFDT, et de son courant de pensée « reconstruction » qu’il avait pu s’engager en politique et y faire une brillante carrière.

Il nous fit part de la fierté et du bonheur qu’il avait d’être à la tête de la Commission européenne puis ajouta sur le ton de la confidence :

« Puisque nous sommes entre amis et en petit comité, je puis vous dire que je suis également extrêmement fier d’avoir réussi à faire trois choses importantes à mes yeux, quand j’étais au gouvernement. Premièrement j’ai réussi à désindexer les salaires, ce qu’aucun gouvernement de droite n’a jamais réussi à faire alors qu’ils en rêvaient depuis toujours. Deuxièmement j’ai réussi à imposer au pays, sans révolte sociale, un plan de rigueur qui a dû faire pâlir Raymond Barre de jalousie. Troisièmement et surtout, j’ai réussi à convaincre mes amis socialistes qu’il fallait donner la primauté au marché et donc rétrocéder au secteur privé marchand les services publics non régaliens. »

Sur ces mots, je ne pus m’empêcher de l’apostropher et de lui dire à très haute voix, devant une assistance ébahie pour ne pas dire choquée : « eh bien non Jacques, tu n’as pas de quoi être fier de ce que tu as fait au gouvernement ! »

Quelques secondes après, deux membres du service de sécurité m’encadrèrent et me dirigèrent fermement vers la sortie de la salle. À vrai dire, je n’avais plus tellement envie de trinquer avec mes « camarades ».

Avant de franchir la porte de la salle, j’entendis Edmond Maire reprendre la parole pour remercier chaleureusement Delors pour ses confidences et pour s’excuser de l’incident qui venait de se dérouler.

Plaintel, le 30 décembre 2023

Serge Le Quéau,
représentant de l’union syndicale Solidaires au Conseil économique, social et environnemental

Notes

[1Gérard Filoche, Mai 1968. Une histoire sans fin. Tome II, Atlande, 2022.

[2CFDT Magazine n°154, janvier 1989.

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