Vite, une cagnotte pour les actionnaires du CAC 40 privés de 18 milliards

PAS DE DIVIDENDES EN 2020, NI JAMAIS !

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement
Daniel Mermet : « Pas de dividendes en 2020, ni jamais ! »

(illustration : Gerhard Haderer)

Il n’y a pas que les infirmières qu’il faut soutenir, il y a aussi les caissières, les postiers, les facteurs, les policiers, les saisonniers, les pompiers, les agents d’entretien et de sécurité, et il y a aussi LES ACTIONNAIRES DU CAC 40 QUI SONT PRIVÉS DE 18 MILLIARDS D’EUROS [1] ! Oui, vous avez bien lu : 18 milliards en moins ! VITE, UNE CAGNOTTE !

Alors que l’état d’urgence sanitaire impose des restrictions énormes sur le plan social, compromettant le droit du travail, on se demande si les grandes entreprises, même celles qui sont spécialement soutenues par l’État (c’est-à-dire avec l’argent public), peuvent distribuer des dividendes à leurs actionnaires. Autrement dit, l’argent public, le nôtre, donné en soutien aux entreprises pour éviter la faillite totale, va-t-il se retrouver dans la poche des rentiers ? On se demande.

Le 24 mars, le ministre Bruno Le Maire a demandé aux grandes entreprises de « faire preuve de la plus grande modération sur le versement des dividendes [2] ». Cool, Bruno, sympa. Puis, sous la pression, il a été plus ferme : « soyez exemplaires. Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes [3] ». L’humour, bien sûr, c’est dans le « soyez exemplaires » quand il s’adresse aux plus gros requins de la terre… Soyez exemplaires, amis requins…

Mais, dans la crainte du scandale, le ministre se montre plus ferme, dit-on, et les milliardaires commencent à trembler de peur. Enfin, disons, juste un peu. Du coup, l’avocat Christophe Lèguevaques a lancé une « action collective en justice » afin que les entreprises ne versent pas de dividendes aux actionnaires [4]. Il a déposé un recours devant le Conseil d’État. Il s’appuie sur le préambule de la Constitution de 1946 : « la Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales [5] ».

Avril, mai, c’est le joli temps des dividendes, c’est le temps où le rentier s’engraisse en se roulant dans son tas de pognon. Il faut rappeler que la France est le plus généreux verseur de dividendes en Europe. Et cette année, ah, quel triste printemps pour les vampires obèses ! Mais après ? Les spéculateurs aussi préparent le monde d’après. En septembre ? Non ? Alors l’année prochaine ? Les rentiers ont le temps dès lors qu’ils peuvent se gaver sans bouger le petit doigt.

En France, en moyenne, la part des dividendes représente la moitié des bénéfices, au détriment de l’emploi et de l’investissement. La part des dividendes ne cesse de grossir. Les rentiers ont toujours été des parasites, mais aujourd’hui, ils ont pris le pouvoir. Et ils ne font rien, ne produisent rien, ne pensent à rien, ne servent à rien, au moins, les cochons, quand ils sont gros, on les mange.

Il ne faut pas seulement suspendre les dividendes, il ne faut pas seulement limiter les dividendes, il faut les supprimer, afin d’investir tous les bénéfices en salaires, que les entreprises investissent tout dans l’activité, mais pas dans n’importe quoi. C’est là qu’il faut faire des choix et qu’il faut un plan. Les idées ne manquent pas.

Ah, si seulement cette crise pouvait faire comprendre tout ça !

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)