Un entretien de Srećko Horvat avec Noam Chomsky [VERSION TEXTE]

Noam Chomsky et la peste néolibérale

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(photo : Linnaea Mallette/CC0 1.0 Universal Public Domain)

À 91 ans, Noam Chomsky continue son inlassable travail d’éducation populaire et à donner à tous le goût de l’« autodéfense intellectuelle ». La crise que nous traversons et les crises à venir rendent son regard plus tranchant et plus alarmant, au bout de quarante années de néolibéralisme qui nous laissent sans armes face au péril. Cette crise peut être une vraie prise de conscience, mais elle peut apporter aussi le pire. Et comme toujours, notre histoire est entre nos mains. Mais le message le plus important en conclusion, c’est le perroquet de Chomsky qui répète l’essentiel : « tout le pouvoir au peuple ! »

Srećko Horvat — Bienvenue dans un nouvel épisode de « World After Coronavirus ». Je suis très heureux et honoré d’accueillir un invité spécial qui nous rejoint aujourd’hui pour cet épisode. Et cet invité spécial, c’est un héros de beaucoup de générations, et pas seulement la mienne. Malheureusement, nous sommes tous les deux confinés, les circonstances sont donc un peu particulières, mais commençons sans plus d’introduction. Je pense que la plupart de ceux qui nous regardent connaissent Noam Chomsky, et je suis enchanté que Noam nous rejoigne aujourd’hui. Bonjour Noam, pourriez-vous nous dire où vous êtes, si vous êtes déjà confiné, et pour combien de temps ?

Noam Chomsky — Je suis confiné à Tucson, en Arizona.

Srećko Horvat — Vous êtes né en 1928 et vous avez écrit votre premier essai, je crois, quand vous aviez 10 ans, et cet essai portait sur la guerre d’Espagne, juste après la chute de Barcelone, en 1938, ce qui paraît très lointain à ma génération. Vous avez survécu à la Seconde guerre mondiale, vous avez été témoin d’Hiroshima, vous avez été témoin de nombreux événements politiques, historiques, de la guerre du Vietnam à la chute du mur de Berlin, en passant par le choc pétrolier.

Avant cela, vous avez été témoin de Tchernobyl, et ensuite, dans les années 1990, vous avez connu les événements qui ont mené au 11-Septembre, encore un événement global. À vrai dire, j’essaie de résumer la longue histoire de votre vie en peu de temps, mais l’événement le plus récent est la crise financière de 2007-2008. Avec un tel passé, une vie si riche, et votre position de témoin mais aussi d’acteur dans ces processus historiques majeurs, comment regardez-vous la crise actuelle du coronavirus ? Est-ce un événement historique sans précédent, en êtes-vous étonné ? Quel est votre point de vue ?

Noam Chomsky — Mes premiers souvenirs, qui me hantent maintenant, remontent aux années 1930. L’article que vous avez mentionné sur la chute de Barcelone parlait principalement de la propagation apparemment inexorable de la peste fasciste sur toute l’Europe, et comment ça allait finir. Bien plus tard, des documents ont été révélés, où des agents du gouvernement américain s’attendaient à voir dans les années suivantes la fin de la guerre, mais que le monde serait alors partagé entre des régions dominées par les États-Unis et des régions dominées par l’Allemagne. Mes peurs d’enfance n’étaient donc pas totalement hors sujet.

Et ces souvenirs reviennent maintenant. Je me souviens quand, enfant, j’entendais à la radio le discours d’Hitler à Nuremberg. Je ne comprenais pas les mots, mais il était facile de comprendre le ton et la menace, et je dois dire que, quand j’écoute les rassemblements de Donald Trump aujourd’hui, cela résonne. Ce n’est pas qu’il soit fasciste, il n’a pas le ton mais les peurs sont comparables, et l’idée que le destin d’un pays et du monde soit entre les mains d’un bouffon sociopathe est particulièrement inquiétante.

Le coronavirus est assez sérieux, mais il faut se rappeler qu’il y a une horreur bien plus grande qui arrive, nous fonçons vers une ère de désastres comme jamais l’histoire humaine n’en a connus. Donald Trump et ses serviteurs sont les premiers à nous plonger dans l’abysse. En fait, nous sommes face à deux immenses menaces. La première est la menace grandissante d’une guerre nucléaire, exacerbée par la destruction de ce qu’il reste de la maîtrise des armements, et la deuxième menace grandissante est bien sûr celle du réchauffement climatique. Les deux menaces peuvent être gérées, mais nous n’avons plus beaucoup de temps. Le coronavirus peut avoir des conséquences terrifiantes, mais nous nous rétablirons, alors que pour les autres, nous ne le pourrons pas, ce sera terminé. Si nous ne nous occupons pas de ces menaces, nous sommes finis. Et ces souvenirs d’enfance reviennent me hanter, mais dans une dimension différente.

Pour comprendre où en est réellement le monde, il faut remonter à début janvier : comme vous le savez, tous les ans, l’horloge de l’Apocalypse est réglée avec des aiguilles à une certaine distance de minuit, qui représente la fin du monde. Depuis que Trump a été élu, l’aiguille des minutes se rapproche de minuit. L’année dernière, elle était à deux minutes de minuit, ce qui n’avait jamais été le cas. Cette année, les analystes sont passés à l’aiguille des secondes. 100 secondes de minuit, on n’a jamais été aussi proches. Ils citent trois choses : la menace d’une guerre nucléaire, la menace du réchauffement climatique, et la détérioration de la démocratie, qui n’a pas complètement sa place ici, mais en fait si, car c’est le seul espoir que nous avons pour surmonter la crise.

Si nous remettons notre destin dans les mains de ces bouffons sociopathes, nous sommes finis. On s’en approche : Trump représente le pire, car le pouvoir des États-Unis est écrasant. On parle du déclin des États-Unis, mais si vous regardez le monde, les États-Unis imposent des sanctions, des meurtres, des sanctions dévastatrices, et c’est le seul pays qui peut faire ça, et tout le monde doit suivre. L’Europe déteste les sanctions envers l’Iran, mais il faut suivre, suivre le maître, sinon vous êtes expulsé du système financier international. Ce n’est pas une loi naturelle, c’est une décision de l’Europe de se subordonner au maître de Washington. D’autres pays n’ont même pas le choix.

L’ironie dans la crise du coronavirus, c’est que Cuba aide l’Europe. C’est tellement choquant qu’on n’arrive pas à le décrire. Les Allemands ne peuvent pas aider la Grèce, mais Cuba peut aider les pays européens. Si vous pensez un peu à cela, alors que le monde déraille, que vous voyez des milliers de personnes mourir en Méditerranée, fuyant des régions dévastées depuis des siècles et envoyées à la noyade, vous ne savez plus quels mots utiliser. La crise de la civilisation occidentale est dévastatrice, y penser réveille des souvenirs d’enfance, quand j’écoutais Hitler délirer à la radio devant des foules bruyantes. Cela vous interroge sur la viabilité même de notre espèce.

Srećko Horvat — Vous avez parlé de la crise de la démocratie. En ce moment, nous sommes dans une situation historique sans précédent, dans le sens où presque 2 milliards de personnes – c’est un chiffre que j’ai trouvé aujourd’hui – sont confinées chez elles, soit par isolement obligatoire, soit par isolement volontaire ou en quarantaine. Près de 2 milliards de personnes sont à la maison, s’ils ont la chance d’en avoir une.

En même temps, nous sommes témoins en Europe, mais aussi dans d’autres pays, de fermetures de frontières, internes comme externes. Il y a des états d’urgence dans tous les pays auxquels on peut penser, ce qui signifie le couvre-feu dans plusieurs d’entre eux, comme la France, la Serbie, l’Italie et d’autres, avec l’armée dans les rues. Et je voudrais vous interroger, en tant que linguiste, sur le langage qui est utilisé autour de nous. Si vous écoutez non seulement Donald Trump, mais aussi Macron et d’autres politiciens européens, vous entendez systématiquement la rhétorique guerrière. Même les médias parlent des docteurs « en première ligne », et le virus est qualifié d’ennemi. Cela me rappelle, non pas des souvenirs d’enfance heureusement, mais un livre qui a été écrit à cette époque par Victor Klemperer, Lingua tertii imperii, un livre qui parle de la langue du Troisième Reich et de l’influence de la langue sur l’idéologie.

Selon vous, que nous dit cette rhétorique de la guerre, et pourquoi le virus est-il présenté comme un ennemi ? Est-ce pour légitimer ces nouveaux états d’urgence, ou bien y a-t-il quelque chose de plus profond dans ces discours ?

Noam Chomsky — Cela montre que, si nous voulons gérer la crise, nous devons nous mobiliser comme en temps de guerre. Les États-Unis, par exemple, ont les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés économiques immédiates. La mobilisation pendant la Seconde guerre mondiale a mené le pays vers une dette bien plus grande que celle observée aujourd’hui, et cette mobilisation fut couronnée de succès : elle a presque quadruplé l’industrie américaine, mis fin à la dépression, et laissé le pays avec un réservoir de croissance. Nous n’en sommes pas là, nous ne sommes pas en guerre, mais nous avons besoin de cette mentalité pour surmonter la crise à court terme, car elle est sévère.

Nous pouvons aussi nous rappeler la grippe porcine de 2009, venue des États-Unis. Quelques centaines de milliers de personnes se sont remises du pire, mais ce sont des crises qu’il nous faut affronter. Et je parle d’un pays riche, les États-Unis. Parmi ces 2 milliards de personnes dont vous parliez, la majorité est en Inde. Ils sont isolés et meurent de faim. Que va-t-il se passer ? Dans un monde civilisé, les pays riches aideraient les pays dans le besoin, au lieu de les étouffer, ce que précisément nous sommes en train de faire, surtout en Inde, mais aussi dans la plupart des pays. Gardez à l’esprit que si les tendances actuelles persistent, l’Asie du Sud sera invivable dans quelques décennies. La température a atteint 50°C au Rajasthan cet été et elle monte. La situation autour de l’eau pourrait s’empirer, il y a deux réacteurs nucléaires là-bas et il va y avoir des affrontements autour de l’approvisionnement en eau.

Le coronavirus est grave bien sûr, nous ne pouvons pas le sous-estimer, mais rappelons-nous que c’est une infime part des crises majeures qui s’annoncent. Ces crises ne perturberont peut-être pas autant nos vies que le coronavirus le fait aujourd’hui, mais chambouleront la vie au point de menacer notre espèce, dans un futur proche. Nous devons donc faire face à beaucoup de problèmes, bien sûr dans l’immédiat au coronavirus, qui est sérieux, mais à de bien plus grands et vastes problèmes qui nous guettent. Le côté positif du coronavirus, c’est qu’il peut nous amener à penser au monde que nous souhaitons dans le contexte de cette crise de notre civilisation. Voulons-nous d’un monde qui nous mène à cela ? Nous devrions réfléchir aux origines de la crise :
pourquoi y a-t-il une crise du coronavirus ? C’est un échec colossal du marché, qui nous ramène à l’essence même des marchés, exacerbée par le néolibéralisme sauvage et l’intensification des problèmes économiques fondamentaux.

On sait depuis longtemps que les pandémies sont très probables, et on savait bien qu’une pandémie de coronavirus serait probable, avec une légère modification de l’épidémie liée au SRAS il y a quinze ans. Cette épidémie a été vaincue, les virus ont été identifiés, séquencés, les vaccins rendus disponibles, et des laboratoires partout dans le monde auraient pu travailler à des protections pour les futures pandémies de coronavirus à venir. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Les signaux des marchés n’étaient pas bons. L’industrie pharmaceutique a été donnée à des tyrannies privées, des groupes qui ne rendent aucun compte au grand public, les « Big Pharma », qui font des crèmes hydratantes, qui sont plus rentables que de chercher un vaccin qui protègera les gens de la destruction totale. Il est impossible pour le gouvernement d’intervenir.

Pour en revenir à la mobilisation en temps de guerre, c’est ce qui est arrivé. Je me rappelle la polio à l’époque, c’était une menace terrifiante et elle a pris fin avec la découverte du vaccin Salk par une institution gouvernementale mise en place par l’administration Roosevelt : pas de brevet, accessible à tous ! La peste néolibérale a empêché que cela puisse se reproduire. Nous vivons dans une idéologie qui vient du secteur privé, et les économistes en sont en partie responsables. Une idéologie incarnée par Ronald Reagan en train de lire, avec un sourire radieux, le discours que ses maîtres – les entreprises – lui ont glissé, arguant que c’est le gouvernement le problème. Débarrassons-nous du gouvernement, laissons les tyrannies privées – qui ne rendent aucun compte – prendre les décisions. De l’autre côté de l’Atlantique, Thatcher nous expliquait qu’il n’y a pas de société, seulement des individus nageant dans le marché pour tenter de survivre, et qu’il n’y a pas d’autre choix. Le monde a souffert sous l’influence des riches, et alors que les gouvernements pourraient, comme avec le vaccin Salk, intervenir directement, ces actions sont bloquées pour des raisons idéologiques, issues de la peste néolibérale.

En fait, cette épidémie de coronavirus aurait pu être évitée : l’information était là, prête, à disposition. C’était même un fait bien connu en octobre 2019, juste avant son déclenchement. Les États-Unis ont mené une simulation à grande échelle sur des pandémies potentielles de ce type. Rien n’a été fait, et maintenant la crise s’empire avec la trahison par les systèmes politiques. Nous n’avons pas tenu compte des informations disponibles. Le 31 décembre, la Chine a informé l’Organisation mondiale de la santé d’une maladie aux symptômes proches de la pneumonie et d’étiologie inconnue. Une semaine plus tard, des scientifiques chinois l’ont identifiée comme un coronavirus. De plus, ils l’ont séquencé et ont ouvert ces informations à tout le monde. Et à ce moment, les virologues qui se donnaient la peine de lire les rapports de l’Organisation mondiale de la santé savaient que c’était des coronavirus et comment y répondre. Ont-ils fait quelque chose ? Certains, oui. Les pays comme la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, Singapour ont commencé à faire quelque chose et l’ont à peu près contenu, au moins pour cette première vague de la crise.

En Europe, c’est un peu ce qui s’est passé. L’Allemagne avait des capacités de diagnostic et a pu agir, d’une manière très égoïste, en n’aidant pas les autres mais au moins pour atteindre un endiguement raisonnable. D’autres pays l’ont ignoré, comme le Royaume-Uni et pire encore les États-Unis, dont le dirigeant dit un jour qu’il y a juste une grippe, et le lendemain que c’est une crise terrible mais qu’il savait tout du long, et le jour d’après qu’il faut déléguer cette crise aux entreprises, parce que j’ai une élection à gagner. L’idée que le monde est entre ces mains-là, c’est très inquiétant.

Mais ce que je veux répéter, c’est que cela a commencé avec une énorme défaillance du marché, et je veux souligner les problèmes de fond au plan économique et social, des problèmes exacerbés par la peste néolibérale. Et ces crises continuent à cause du déclin des structures institutionnelles qui pouvaient les gérer lorsqu’elles marchaient bien. Voilà les sujets que nous devons travailler sérieusement et profondément si, comme je le disais, nous voulons choisir dans quel monde nous souhaitons vivre.

Si nous nous en sortons, il y aura des choix. Ces choix iront de la mise en place de régimes autoritaires et brutaux, jusqu’à la reconstruction radicale d’une société plus humaine, attachée aux besoins humains et non pas aux profits privés. Nous devons garder à l’esprit que les États autoritaires pervers sont tout à fait compatibles avec le néolibéralisme. C’est une issue et un cauchemar possible, qui pourrait se produire. Mais ce n’est pas inéluctable. Il se peut que les gens s’organisent, s’engagent, comme le font déjà beaucoup, et révèlent un monde bien meilleur qui aura la capacité d’affronter les énormes problèmes auxquels nous faisons et nous ferons face : la guerre nucléaire qui est plus proche que jamais et les problèmes liés aux catastrophes environnementales, auxquelles on n’échappera pas à partir d’un certain moment. Tout ça n’est pas si éloigné si nous n’agissons pas clairement.

C’est donc un moment critique de l’histoire humaine, pas seulement à cause du coronavirus, c’est un moment qui devrait nous amener à prendre conscience des graves défauts du système économique et social tout entier, un système qui doit changer si nous voulons un avenir vivable. Cela pourrait être le signal d’alarme et une leçon pour nous inciter à empêcher le monde d’exploser, mais aussi pour nous plonger aux racines de ce monde et voir comment ces racines mèneront à davantage de crises, pires que celle-ci.

Srećko Horvat — Comme il reste peu de temps, je vais poser une dernière question. Je pense que beaucoup de gens comme nous sont actifs dans des mouvements de mobilisation sociale, organisés depuis des décennies, et qui reposent sur la proximité sociale entre individus. Et soudainement, ils font face à ce qu’on appelle la « distanciation sociale », donc ma question est : comment voyez-vous le futur de la résistance sociale en ces temps de « distanciation sociale », et si cela continue pendant quelques mois, voire une année ou deux, maintenant que nous sommes presque tous confinés chez nous, quels seraient vos conseils aux progressistes du monde entier, aux activistes, aux intellectuels, aux étudiants et travailleurs, comment s’organiser dans cette situation ? Et peut-être nous dire aussi si vous voyez un espoir, celui d’aller non pas vers un autoritarisme mondial, mais vers une transformation radicale du monde qui serait verte, égale, juste et pleine de solidarité ?

Noam Chomsky — D’abord, nous devrions garder à l’esprit qu’une forme d’isolement social très dommageable est présente depuis ces dernières années. Allez à McDonald’s et regardez les groupes d’ados autour des tables en train de manger un burger, et vous verrez deux conversations en cours. Une discussion creuse entre eux, et une autre que chacun a sur son téléphone avec des individus ou amis à distance. Cela a réduit et isolé les gens d’une manière extraordinaire. Le principe de Thatcher – la négation de la société – s’est intensifié, le mauvais usage des réseaux sociaux a transformé les gens en des créatures très isolées, en particulier les jeunes.

Il y a maintenant des universités aux États-Unis où, sur les trottoirs, des panneaux indiquent : « levez les yeux ». Car tous les gamins qui marchent sont collés à leur téléphone. C’est une forme d’isolement auto-imposée qui a fait beaucoup de dommages. Nous sommes maintenant dans un isolement social réel, qui doit être surmonté en recréant des liens sociaux, de quelque manière que ce soit. Contacter les gens dans le besoin, créer et développer des organisations, les rendre fonctionnelles et les activer, faire des projets pour l’avenir, rassembler les gens, ce qui est possible avec Internet, former des groupes de débat, de consultation, pour trouver les réponses aux problèmes auxquels les gens font face. C’est possible.

Srećko Horvat — Puis-je poser une question : c’est votre chien qu’on entend ?

Noam Chomsky — Oui, mon chien essaye d’avoir une discussion !

Srećko Horvat — Mais est-ce que c’est un perroquet qu’on a entendu avant ? Vous avez un oiseau ou un perroquet ? Il y avait un son d’oiseau, non ?

Noam Chomsky — C’est un Loriquet arc-en-ciel, qui sait dire « tout le pouvoir au peuple » en portugais !

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  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 06 : Laurence Marandola, éleveuse de lamas et porte-parole de la Confédération paysanne Accès libre

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    Une série de portraits de paysannes et paysans d’Ariège à l’occasion des dernières élections aux chambres d’agriculture.

    En Ariège, la chambre ne sera pas présidée par un membre de la Confédération paysanne, à très peu de voix près, on l’a vu à l’épisode précédent, mais la « Conf’ » est en progression et l’emporte en Ardèche et en Guyane. Ces deux présidences s’ajoutent à celle de Mayotte, où le scrutin a été reporté d’un an à cause du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel.

    Par contre la Coordination rurale – réputée proche du Rassemblement national – s’accapare une dizaine de chambres. Aujourd’hui, Antoine Chao rencontre Laurence Marandola, éleveuse de lamas en Ariège et porte-parole nationale de la Confédération paysanne, pour une analyse des résultats au siège de la « Conf’ » à Bagnolet.

  • « Vive la Conf’ », épisode 05 : Mathias, éleveur de brebis à Seix Abonnés

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    Victoire pour la Confédération paysanne ! Pas en Ariège, où c’est finalement la liste du président sortant qui est reconduite, mais en Ardèche où la « Conf’ » a devancé de 41 voix l’alliance conjointe de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles et des Jeunes agriculteurs (FNSEA/JA) et va prendre les rênes de la chambre départementale d’agriculture.

    Petite victoire donc pour la Confédération paysanne, mais victoire amère, car la progression la plus remarquée est celle de la Coordination rurale. Ce syndicat, dont un représentant du Lot-et-Garonne avait estimé l’année dernière que « l’horreur absolue pour [eux] serait d’avoir au gouvernement Marine Tondelier », devrait conquérir une quinzaine de chambres d’agriculture selon des résultats encore provisoires. Ces résultats sont donc une forme de validation électorale de la stratégie de la Coordination rurale (CR) qui a mené beaucoup d’actions coup de poing ces dernières années pour accompagner le mouvement de colère des agriculteurs. Ces élections vont permettre à la CR de représenter le monde agricole dans quinze départements, et d’accompagner les exploitants en leur proposant des prestations.

    En attendant de voir le travail que va mener la Confédération paysanne en Ardèche, les militants ariégeois de la « Conf’ » ne baissent pas les bras : la preuve avec ce cinquième épisode de cette série d’Antoine Chao qui est allé à la ferme d’Espintz à Seix, en Ariège, à la rencontre de Mathias, éleveur de brebis.

  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 04 : Samuel Bazerque, fils d’Anne et André Abonnés

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    Jusqu’au 31 janvier, plus de deux millions de personnes du monde agricole étaient appelées à élire leurs représentants dans les Chambres d’agriculture. Une fois tous les six ans, cette élection permet de renouveler la composition des 88 chambres départementales dont l’existence remonte à 1924. Le rôle de ces établissements publics ? « Soutenir », « accompagner », « représenter » et « défendre » les agriculteurs.

    Aux dernières élections de 2019, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) avait remporté la quasi-totalité des Chambres d’agriculture. Seules les trois chambres du Lot-et-Garonne, de la Vienne et de la Haute-Vienne sont dirigées par la Coordination rurale. Ce syndicat, qui a fait de la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sa bête noire, espère capitaliser sur le mouvement de colère qui anime le monde agricole ces dernières années pour grignoter l’hégémonie de la FNSEA.

    Troisième force syndicale du monde agricole, que peut attendre de ce scrutin la Confédération paysanne, héritière du mouvement des Paysans-travailleurs ? Pour tirer son épingle du jeu électoral, la Conf’ lorgne du côté de l’Ariège. Dans ce département pyrénéen, la Coordination rurale ne présentait aucune liste, et la FNSEA en présentait… deux. Le président sortant de la Chambre n’ayant pas reçu le soutien de son syndicat pour la nouvelle élection, il présentait une liste dissidente venue concurrencer la liste officielle. De quoi faire espérer que la Conf’ arrive en tête : résultats du scrutin attendus le 6 février. En prévision de cette perspective historique, notre grand reporter Antoine Chao a pris un train de Paris jusqu’à Bordeaux puis de Bordeaux jusqu’à Toulouse puis de Toulouse jusqu’à Saverdun pour faire le portrait de six paysans ariégeois. Quatrième épisode : Samuel Bazerque, fils d’Anne et d’André.

  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 03 : André Bazerque de la ferme du Carregaut Abonnés

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    Jusqu’au 31 janvier, plus de deux millions de personnes du monde agricole étaient appelées à élire leurs représentants dans les Chambres d’agriculture. Une fois tous les six ans, cette élection permet de renouveler la composition des 88 chambres départementales dont l’existence remonte à 1924. Le rôle de ces établissements publics ? « Soutenir », « accompagner », « représenter » et « défendre » les agriculteurs.

    Aux dernières élections de 2019, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) avait remporté la quasi-totalité des Chambres d’agriculture. Seules les trois chambres du Lot-et-Garonne, de la Vienne et de la Haute-Vienne sont dirigées par la Coordination rurale. Ce syndicat, qui a fait de la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sa bête noire, espère capitaliser sur le mouvement de colère qui anime le monde agricole ces dernières années pour grignoter l’hégémonie de la FNSEA.

    Troisième force syndicale du monde agricole, que peut attendre de ce scrutin la Confédération paysanne, héritière du mouvement des Paysans-travailleurs ? Pour tirer son épingle du jeu électoral, la Conf’ lorgne du côté de l’Ariège. Dans ce département pyrénéen, la Coordination rurale ne présentait aucune liste, et la FNSEA en présentait… deux. Le président sortant de la Chambre n’ayant pas reçu le soutien de son syndicat pour la nouvelle élection, il présentait une liste dissidente venue concurrencer la liste officielle. De quoi faire espérer que la Conf’ arrive en tête : résultats du scrutin attendus le 6 février. En prévision de cette perspective historique, notre grand reporter Antoine Chao a pris un train de Paris jusqu’à Bordeaux puis de Bordeaux jusqu’à Toulouse puis de Toulouse jusqu’à Saverdun pour faire le portrait de six paysans ariégeois. Troisième épisode : André Bazerque de la ferme du Carregaut.

  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 02 : Sylvestre de la ferme collective de Bragat Abonnés

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    Jusqu’au 31 janvier, plus de deux millions de personnes du monde agricole étaient appelées à élire leurs représentants dans les Chambres d’agriculture. Une fois tous les six ans, cette élection permet de renouveler la composition des 88 chambres départementales dont l’existence remonte à 1924. Le rôle de ces établissements publics ? « Soutenir », « accompagner », « représenter » et « défendre » les agriculteurs.

    Aux dernières élections de 2019, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) avait remporté la quasi-totalité des Chambres d’agriculture. Seules les trois chambres du Lot-et-Garonne, de la Vienne et de la Haute-Vienne sont dirigées par la Coordination rurale. Ce syndicat, qui a fait de la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sa bête noire, espère capitaliser sur le mouvement de colère qui anime le monde agricole ces dernières années pour grignoter l’hégémonie de la FNSEA.

    Troisième force syndicale du monde agricole, que peut attendre de ce scrutin la Confédération paysanne, héritière du mouvement des Paysans-travailleurs ? Pour tirer son épingle du jeu électoral, la Conf’ lorgne du côté de l’Ariège. Dans ce département pyrénéen, la Coordination rurale ne présentait aucune liste, et la FNSEA en présentait… deux. Le président sortant de la Chambre n’ayant pas reçu le soutien de son syndicat pour la nouvelle élection, il présentait une liste dissidente venue concurrencer la liste officielle. De quoi faire espérer que la Conf’ arrive en tête : résultats du scrutin attendus le 6 février. En prévision de cette perspective historique, notre grand reporter Antoine Chao a pris un train de Paris jusqu’à Bordeaux puis de Bordeaux jusqu’à Toulouse puis de Toulouse jusqu’à Saverdun pour faire le portrait de six paysans ariégeois. Deuxième épisode : Sylvestre de la femme collective de Bragat.

  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 01 : Kévin et Agnès, éleveurs de brebis à Saverdun Accès libre

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    Jusqu’au 31 janvier, plus de deux millions de personnes du monde agricole étaient appelées à élire leurs représentants dans les Chambres d’agriculture. Une fois tous les six ans, cette élection permet de renouveler la composition des 88 chambres départementales dont l’existence remonte à 1924. Le rôle de ces établissements publics ? « Soutenir », « accompagner », « représenter » et « défendre » les agriculteurs.

  • Lettre hebdo : « il n’y a que deux sexes, masculin et féminin » Le cauchemar de Monsieur Trump Accès libre

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    Un homme qui donne le sein à son enfant ou bien une mère pourvue d’une barbe opulente ? Voilà des questions interdites et des images prohibées. Le président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump, a été formel dans les premiers mots de son discours d’investiture : « à partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu’il n’y a que deux sexes, masculin et féminin ». Ah ? Mais la femme à barbe, on la met où ? Celles et ceux qui n’entrent pas dans les cases, on en fait quoi ? On les élimine comment ?

  • Submersion migratoire Abonnés

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    Rhinocéros, orangs-outans, léopards et pangolins sont en voie de disparition, de même que les abeilles, les insectes et des milliers de plantes. Constat alarmant mais on oublie une espèce menacée : le Français !

    Oui, tout comme l’outarde barbue, le pluvier guignard et le traquet rieur, la Française et le Français sont en voie de disparition. Nous sommes menacés de « submersion migratoire ». Le premier ministre François Bayrou a tiré le signal d’alarme, la France est menacée de submersion migratoire. Il a bien insisté : « quiconque s’est confronté à la situation à Mayotte – et ça n’est pas le seul endroit de France – mesure que le mot de "submersion" est celui qui est le plus adapté » (Assemblée nationale, 28 janvier 2025). Oui, il insiste bien : « ça n’est pas le seul endroit de France ». Le premier ministre « centriste » d’un gouvernement français reprend et renforce le thème fondamental de l’extrême droite.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Eugène Pottier : « Jean Misère » Abonnés

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    Quel est le point commun entre l’auteur de L’Internationale, l’artiste Marcel Mouloudji et la chanteuse Agnès Bihl ? Réponse : un homme nommé Jean Misère. Jean était un ancien communard, qui échappa à la répression menée par les Versaillais et finit sa vie dans la solitude et le dénuement le plus total, d’où son surnom, Jean « Misère ». Un surnom trouvé par le poète Eugène Pottier, car en fait Jean Misère n’a pas réellement existé.

  • Gérard Mordillat : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement » Abonnés

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    Alors, censureront ou censureront pas ? Le sort du gouvernement Bayrou est suspendu aux tergiversations des socialistes et du Rassemblement national qui laissent planer le doute sur leurs intentions. En attendant de voir si François Bayrou passera la fin de l’hiver à l’hôtel Matignon ou à la mairie de Pau, Gérard Mordillat n’a aucun doute, lui : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement ».

  • Olive vous souhaite une bonne année en chanson Ballade pour l’an nouvel Abonnés

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    Ça y est, c’est la nouvelle année
    Je veux que ma chronique chante
    L’alexandrin ? J’ai déjà fait
    L’octosyllabe ?… Allez, je tente !

    Pour écrire en octosyllabe
    On se plie, on prend pas la fuite,
    Y’a une règle indépassable :
    Le nombre de pieds sera huit.

    Or, deux fois quatre (ni plus ni moins),
    C’est très court si on veut tout dire
    Pour que la rime ne choit point,
    Il faut que le propos déchire.

  • Laurence De Cock reçoit la députée communiste des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon : « pendant l’examen du budget, le RN est venu plusieurs fois au secours des macronistes » Accès libre

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    Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes. Elsa Faucillon, si. Marie-Pierre et Jean-Marie sont communistes et même syndicalistes à la CGT. C’est sur leurs genoux qu’Elsa Faucillon a chanté sa première Internationale. C’est sur leurs épaules qu’elle a fait sa première manif. C’est dans leurs bras qu’elle a visité son premier piquet de grève. Elle doit son prénom non pas à La Reine des neiges mais aux poèmes d’Aragon pour Elsa Triolet. Elle a toujours vécu, depuis qu’elle est née, dans des municipalités communistes. Il est donc guère surprenant qu’Elsa Faucillon soit devenue depuis 2017 députée communiste de Colombes, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne. Georges Ibrahim Abdallah, le système carcéral, les migrants, le renouvellement du PCF : Elsa Faucillon raconte tous ses combats à Laurence De Cock dans ce nouvel épisode du podcast « Si j’aurais su ».

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.