Notre réponse au « manifeste » de Philippe Val dans « Le Parisien » du 22 avril

« Manifeste "contre le nouvel antisémitisme" » : délirant, provoquant, indigent

Le

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Délirant ? Provoquant ? Indigent ? On hésite à la lecture du «  manifeste "contre le nouvel antisémitisme" » signé Philippe Val dans Le Parisien du 22 avril [1].

En France, aujourd’hui, selon ce penseur, les Juifs subissent « une épuration ethnique à bas bruit ». Si nous le comprenons bien, la France sera bientôt « Judenfrei », c’est-a-dire « nettoyée de ses Juifs » ? Et qui sont les nazis d’aujourd’hui ? Oui, les musulmans et les gauchistes, vous le saviez déjà, c’est le même disque rayé depuis 20 ans. Ils sont quelques-uns à enfoncer le même clou avec le même marteau depuis des années, en se tapant sur les doigts entre eux de temps à autre. Ils n’ont pas pour but de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, les drames qui se succèdent sont pour eux autant de moyens de stigmatiser ceux qu’ils n’aiment pas, « les musulmans-pas-tous-bien-sûr » et « les gauchistes-presque-tous-hélas », ceux-là qui agissent « à bas bruit », c’est-à-dire dans la lâcheté et le silence de tous.

Bof, on se rassure, on retrouve cette vieille droite qui a simplement remplacé le « judéo-bolchévique » d’hier par « l’islamo-gauchiste » d’aujourd’hui. On se dit que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Sauf que cette fois, cette insignifiance est soutenue par 300 « personnalités » qui ont signé ce manifeste, et un livre sort sur ce sujet dans la semaine. Bien sûr, on se demande quelle valeur donner à ces signatures. Comment ont-elles été obtenues ? On vous appelle pour vous demander de signer un manifeste contre l’antisémitisme, comment dire non ? Combien auront lu le texte avant de signer ? Chacun pourra ensuite venir dire qu’il n’approuvait pas tout, bien sûr, mais c’est la loi du genre, que voulez-vous. Alors un coup de pub pour la sortie d’un livre ? Possible. Aujourd’hui, la com’ ne recule devant rien. La lutte contre le racisme et contre l’antisémitisme exige un autre combat, il est en cours depuis longtemps. Il faut en priorité déjouer et dénoncer ces démagogues qui instrumentalisent les peurs et les souffrances et qui exploitent les traumatismes profonds qui hantent toujours la mémoire des peuples. Il faut d’abord des informations claires, des études cohérentes, des analyses articulées mais surtout, avant tout, il faut des pédagogies fraternelles.

Daniel Mermet

Voici un texte de Dominique Vidal qui a réagi rapidement contre ce consternant « manifeste » :

Dominique Vidal : « Contre l’antisémitisme, avec détermination et sang-froid »

Je partage avec les signataires du Manifeste des 300 une seule conviction : la lutte contre l’antisémitisme constitue un impératif moral et politique majeur, dans une société encore rongée par toutes les formes de racisme. Il en va de l’avenir de la démocratie et donc de la République. Mais je ne suis d’accord, ni avec leur analyse du phénomène, ni avec leur démarche pour le combattre.

Et pour cause : ils ignorent complètement les indications que nous donne, depuis des années, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), avec laquelle, je le rappelle, les institutions et organismes communautaires juifs collaborent pourtant étroitement. Le « Rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie », que la Commission publie chaque année, met à la fois à notre disposition un état de l’opinion et une évaluation des violences perpétrées [2].

Quelles leçons se dégagent du travail des sondeurs, des sociologues et du ministère de l’Intérieur ?

 Que l’idéologie antisémite n’a cessé de reculer parmi nos concitoyens depuis la Seconde Guerre mondiale, au point d’y devenir marginale : 89 % d’entre eux considèrent les Juifs comme « des Français comme les autres », soit une proportion supérieure de 8 points à celle observée pour les musulmans et de 30 points comparée à celle des Roms ;

 Qu’en revanche, les préjugés antisémites, bien qu’en diminution, restent influents, si bien que 35 % des Français pensent encore que « les Juifs ont un rapport particulier à l’argent », 40 % que, « pour les Juifs français, Israël compte plus que la France » ou 22 % que «  les Juifs ont trop de pouvoir » ;

 Que les violences anti-juives, après un pic au début du siècle, ont connu depuis une décrue progressive, confirmée en 2017. Les violences antimusulmans, elles, ont culminé en 2015, alimentées par l’horreur des attentats terroristes, mais reflué elles aussi depuis. Rapportés au nombre de personnes concernées, les chiffres montrent que les Juifs constituent la principale cible des actes racistes, par ailleurs moins nombreux mais plus violents ;

 Que, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des Juifs ont été assassinés, en tant que tels – indépendamment des attentats terroristes comme ceux de la synagogue de la rue Copernic ou de la rue des Rosiers. Si, certains de ces meurtres sont indiscutablement antisémites, comme ceux de Mohammed Merah ou d’Amedy Coulibaly, d’autres imbriquent haine des Juifs, motivations crapuleuses, voire signes de maladie mentale ;

 Que cet antisémitisme – idéologie, préjugés, violences – est le fait de groupes divers. S’il reste caractéristique de l’extrême droite, y compris du Front national dont la « dédiabolisation » n’a pas éradiqué le vieux racisme anti-juif et le négationnisme, cet antisémitisme s’est aussi développé parmi les enfants de l’immigration. Mais une sociologue comme Nonna Mayer met en garde contre le concept de « nouvel antisémitisme », inspiré des thèses de Pierre-André Taguieff qui, écrit-elle, « voit un antisémitisme masqué derrière la critique d’Israël et du sionisme, au nom de l’antiracisme et des droits de l’homme, et porté tant par l’islamisme radical que par les idéologies tiers-mondistes d’extrême gauche » [3].

Ces analyses, on en conviendra, tranchent avec le simplisme et l’alarmisme du Manifeste de Philippe Val. Tout ce qui est excessif ne compte pas, disait Talleyrand : comment peut-on parler, à propos des Juifs français, de « terreur » ou d’« épuration ethnique »  ? Mais surtout les pistes que suggèrent les signataires sont de fausses pistes, le plus souvent dangereuses :

 Faire du seul islam radical la cause de la violence antijuive, c’est ignorer une partie importante du phénomène. D’abord parce que, je l’ai rappelé, l’antisémitisme de l’extrême droite reste vivace et souvent violent. Ensuite parce que, même parmi les jeunes de banlieue, la violence – comme d’ailleurs le djihadisme – n’a pas qu’une dimension idéologique ou religieuse : elle s’enracine aussi, n’en déplaise aux signataires, dans la désespérance sociale, elle-même produite par les discriminations économiques, sociales et ethniques qui les frappent dans notre société. Autrement dit, la vigilance et la répression nécessaires doivent aller de pair avec des efforts d’intégration considérables. Pour que la République se réconcilie avec sa jeunesse, y compris immigrée.

 Dénoncer « l’antisémitisme d’une partie de la gauche radicale qui a trouvé dans l’antisionisme l’alibi pour transformer les bourreaux des Juifs en victimes de la société » (sic), c’est tout simplement infâme. Mais d’où sort ce fantasme d’une extrême gauche antisémite en France aujourd‘hui ? De qui parle-t-on ? Des communistes ? Des insoumis ? Des écologistes ? Des trotskistes ? Des chrétiens de gauche ? Aucun de ces partis, groupes ou mouvements n’a jamais flirté, de près ou de loin, avec la haine des Juifs ! Au contraire, c’est de ce côté-là que les Juifs ont trouvé, à l’heure du plus grand péril, leurs défenseurs les plus héroïques. Faut-il rappeler qu’en France, contrairement à la plupart des autres pays occupés, la solidarité populaire, des communistes aux gaullistes en passant par les chrétiens, a permis à près de quatre cinquièmes des Juifs d’échapper au génocide ?

 Infâme, cette affirmation relève aussi de l’analphabétisme historique. L’antisémitisme est un délit, poursuivi à juste titre, comme toutes les formes de racisme, par les lois, anciennes et récentes, de la République. L’antisionisme, lui, est une opinion, selon laquelle Theodor Herzl a eu tort de considérer les Juifs comme inassimilables et de prôner en conséquence leur rassemblement dans un État qui leur soit propre. L’immense majorité des Juifs, jusqu’en 1939, s’est opposée au projet sioniste : à cette date, la communauté juive de Palestine ne représente que 2,5 % de la population juive mondiale. Après le génocide nazi, des centaines de milliers de survivants, qui ne savaient pas où aller, faute de visas américains, ont choisi de rebâtir leur vie en Israël. Il en ira de même pour les Juifs des pays arabes, puis pour les Juifs soviétiques, venus par nécessité plus que par choix sioniste. Et, malgré ces vagues d’immigration, la majorité des Juifs vivent ailleurs qu’en Israël, et ils s’intègrent si bien en Amérique et en Europe que la majorité d’entre eux y concluent des mariages « mixtes ». En quoi ces rappels historiques relèveraient-ils de l’antisémitisme ?

 Avec la conclusion du Manifeste, on sombre dans l’absurdité pure et simple. Les signataires demandent que « les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémitisme catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime ». J’avoue avoir du mal à imaginer que tant de personnalités ignorent un fait simple : si l’Église catholique a pu renoncer dans son discours à la dénonciation des Juifs comme un « peuple déicide », responsable de siècles de massacres en Europe, c’est qu’elle s’organise autour d’une structure hiérarchique, avec un clergé, un pape et des conciles. Tel n’est pas le cas de l’Islam, qui ne dispose pas d’« autorités théologiques » à même de modifier des versets du Coran. Il en va d’ailleurs de même du judaïsme, où personne n’est en droit de censurer les commentaires du Talmud contre les goyim et encore moins les nombreux appels au génocide que contient l’Ancien Testament – et que pourtant des dirigeants, religieux et politiques, invoquent pour justifier le sort fait aux Palestiniens. Si les Livres saints étaient amendables, ça se saurait !

 Voilà, pour conclure, le grand absent du « Manifeste » : le conflit israélo-palestinien. Cette lâcheté, sans doute nécessaire pour bricoler un groupe aussi hétéroclite, est absurde. Qui osera le nier ? Les massacres de ces dernières semaines contre les manifestations de Gaza, justifiés par une partie des signataires, provoquent par exemple plus d’antisémitisme que tous les versets dénoncés du Coran. De quand date la dernière explosion de violences contre les Juifs dans notre pays, sinon de la Seconde Intifada et de sa répression brutale ? Et la droite et l’extrême droite israéliennes nous annoncent bien pire, avec l’annexion annoncée de la Cisjordanie, l’enterrement de la solution des deux États et la perspective d’un seul État où les Palestiniens annexés avec leur terre n’auraient pas le droit de vote… La paix au Proche-Orient ne fera pas disparaître miraculeusement l’antisémitisme, mais elle y contribuera décisivement : raison de plus pour s’engager sur ce chemin.

Un dernier mot : hiérarchiser les racismes, c’est tomber dans le racisme. Et hiérarchiser le combat contre le racisme, c’est le saboter. Cette lutte indispensable, nous la remporterons ensemble ou jamais. Avec détermination et sang-froid.

Dominique Vidal

Une occasion pour (re)voir l’entretien de Daniel Mermet avec Dominique Vidal en février dernier, lors de la parution de son ouvrage Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, 2018, éditions Libertalia :

Dominique Vidal : « L'immense majorité des Juifs jusqu'à la Seconde Guerre mondiale était antisioniste »
par Là-bas si j'y suis
journaliste : Daniel Mermet
réalisation : Jonathan Duong
montage : Cécile Frey
son : Jérôme Chelius et Alexandre Lambert

L’Union Juive Française pour la Paix a également publié un communiqué [4] :

UJFP : « Le manifeste de la haine islamophobe »

Un manifeste « contre le nouvel antisémitisme » écrit par Philippe Val a été signé par 300 personnalités.

Vous avez dit antiracistes ?

Qui sont ces éminents antiracistes qui nous viennent en aide ? Il y a Manuel Valls, qui expliquait en septembre 2013 que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie [5] ». Il y a Nicolas Sarkozy qui a passé son quinquennat à pourchasser les sans-papiers et dont un ministre déclarait à propos des Arabes : « quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça peut poser des problèmes » [6]. Il y a Laurent Wauquiez qui fait du copier-coller de Marine Le Pen sur l’immigration. Il y a Alain Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe de France de football : « elle n’est pas black-blanc-beur, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l’Europe » [7].

On pourrait continuer longtemps cet inventaire à la Prévert. Bien sûr, ces braves gens vont s’étrangler si on parle de racisme d’État ou de racisme structurel encouragé par l’État, par les administrations, par la politique de ségrégation territoriale…

L’antisémitisme en France

L’antisémitisme, c’est notre histoire intime. L’attribuer aux musulmans est une contre-vérité meurtrière. Pétain, Laval et les auteurs de la rafle du Vél’d’Hiv n’étaient pas musulmans. En cette période, ils disaient des Juifs ce qu’aujourd’hui certains disent des immigrés : « inassimilables », « n’ont pas vocation à vivre en France ». Prenez ce qu’on dit aujourd’hui des Noirs, des Roms, des Arabes et des musulmans et mettez à la place le mot « Juif ». Vous avez les discours des années 30 et on sait où cela a mené.

Simplisme et contrevérités

Quand on parle de racisme, on ne parle pas comme au café du commerce, à moins de vouloir faire des simplifications populistes comme le Front National. D’où sortent ces chiffres abracadabrantesques : « les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans. 10 % des citoyens juifs d’Ile-de-France - c’est-à-dire environ 50 000 personnes - ont récemment été contraints de déménager » [8] ? Nos statisticiens amateurs ont sûrement fait des recherches sur les violences subies par ceux qui habitent dans ce qu’ils appellent avec mépris « les quartiers ».

Le texte parle de la « radicalisation islamiste ». Nous y voilà. Toutes les études sur les auteurs d’attentats antisémites ou sur ceux qui sont partis en Irak ou en Syrie montrent que le cheminement a été majoritairement un passage par la délinquance et la prison puis la découverte d’un discours « radical ».

Épuration ethnique ?

On pourrait croire que les signataires de ce texte parlent du nettoyage ethnique de 1948 contre les Palestiniens, cause d’une guerre coloniale qui dure depuis des décennies. Eh bien non ! Ces gens confondent sciemment antisionisme et antisémitisme. Ils essaient de faire croire que tous ceux qui critiquent Israël, à commencer bien sûr par la « gauche radicale » et les « musulmans », sont des antisémites.

La guerre du bien contre le mal

Les signataires de ce texte s’inscrivent dans la logique du discours de Georges W. Bush contre « l’axe du mal » en 2002. Le mal pour eux, c’est bien sûr l’islam. Pas tout l’islam, pas le roi d’Arabie Saoudite. Ce régime féodal et patriarcal est dans le camp du « bien ». L’ennemi, c’est le musulman des quartiers.

L’islam, voilà l’ennemi

Nos signataires veulent expurger les textes religieux coraniques de propos inacceptables. Pourquoi ne demandent-ils pas aussi aux chrétiens de retirer des Évangiles le texte qui dit que les Juifs demandent aux Romains de tuer Jésus ? Nous autres, Juifs, pouvons leur proposer d’en profiter pour nettoyer certains textes de la Torah repris par les colons passés depuis longtemps aux « travaux pratiques » sur le terrain de la Palestine : « annihilez les Amalécites du début jusqu’à la fin. Tuez-les, et dépouillez-les de toutes leurs possessions. Ne leur montrez aucune pitié. Tuez sans arrêt, l’un après l’autre. Ne laissez aucun enfant, aucune plante, aucun arbre. Tuez leur bétail, des chameaux aux ânes ». Ils vont sûrement exiger qu’on cesse d’assimiler les Palestiniens aux Amalécites.

Vivre ensemble dans l’égalité des droits. C’est la seule issue non barbare, en France comme au Proche-Orient. Nous refusons la division, la stigmatisation, le racisme sous toutes ses formes. Et nous serons toujours au côté des victimes de ce racisme.

Le Bureau national de l’UJFP, le 24 avril 2018

Le Monde a publié une tribune de Farid Laroussi, professeur de lettres à l’université de la Colombie-Britannique à Vancouver, Canada [9] :

Farid Laroussi : « L’appel des 300 "contre le nouvel antisémitisme" "ridiculise la cause qu’il prétend défendre" »

Ils partirent trois cents, et par un prompt renfort des médias, ils n’arrivèrent à pas grand-chose. À la lecture de ce document diffusé par Le Parisien, puis relayé par les médias, on éprouve un immense sentiment de gâchis. Non seulement les arguments sont boiteux, telle une réflexion de l’ignorance profonde de l’islam dans ses principes mêmes, mais la mauvaise foi qui surnage révèle à quel point ce manifeste, plutôt que d’être une invitation au dialogue, a été composé à charge.

Si vous désirez parler de « cause nationale » et y ajouter que « la démocratie est en faillite », alors peut-être qu’il faudra s’armer d’idées plus solides, moins paternalistes aussi, que celles qui tendent à faire croire que les musulmans seraient en train de faire de la France un autre pays. Une telle abjection intellectuelle est non seulement inexacte, elle dissimule en vérité l’idéologie de l’islamophobie ambiante qui n’a eu de cesse depuis ces trente dernières années de provoquer et de déchirer la matière même de la nation, en jouant, par exemple, une communauté contre une autre, comme c’est le cas ici.

Le plus inquiétant dans ce document est cette espèce de canonisation de l’antisémitisme que l’on jette là sur la place publique et qui exclut toute discussion. Que nous sert-on par procuration ? De grandes déclarations (« lente épuration ») pour effrayer le bourgeois, la vision réductrice de la condition postcoloniale, une laïcité dévoyée qui stigmatise le même groupe de Français, ou bien un discours sur la violence qui fait fi de la violence socio-économique.

Alors qu’on aurait pu saisir l’occasion d’entamer un débat sur le mécanisme cumulatif de la violence sociale et politique dans la France d’aujourd’hui, ce manifeste sombre dans les platitudes rassurantes de l’entre-soi où des politiques se mêlent à des artistes, et pour faire bonne mesure les imams de service en défaut de crédibilité et de respect au sein de leur communauté.

En bout de course existentielle

Les auteurs vont jusqu’à annoncer qu’ils « attendent de l’islam de France qu’il ouvre la voie ». Bonne idée. Mais où sont-ils les musulmans qui auraient droit de cité, dont les médias ne censurent pas la parole ? Pour quelle raison ne voit-on jamais les Français de confession musulmane, éduqués, intégrés qui témoigneraient de manière apaisée de leur foi et leur fierté citoyenne ? Pourquoi toujours ces mêmes reportages anxiogènes sur les quartiers difficiles » ? La foudre est tombée en 2005 dans ces cités et personne ne semble s’en être aperçu.

Personne n’a donc compris que ces jeunes qui foncent tête baissée dans le radicalisme islamiste n’ont d’autre identité d’échange, qu’ils sont en bout de course existentielle ? Leur pratique religieuse est un figement dérisoire, un objet exportable aussi qui contredit tout dans l’islam. Ils ne sont pas antimodernes ou anti-Occident, ils sont aliénés et réduits à soutenir l’insoutenable.

Laisser entendre que les musulmans de France sont complices du terrorisme par leur silence est une proposition ignoble et fallacieuse. D’abord, pour ceux qui sont friands de décomptes par communautés, plus de musulmans que de juifs sont morts dans les actes récents (trente tués dans le seul attentat de Nice). Ensuite, les musulmans ont à chaque fois publiquement serré les coudes auprès de leurs concitoyens. Il n’y a pas de douleur à géométrie variable.

Le manifeste se conclut sur une injonction lancée aux théologiens musulmans pour qu’ils « frappent d’obsolescence des versets du Coran ». Comme si l’insulte n’était pas complète, faut-il donc y ajouter l’ignorance ? La ficelle est suffisamment grosse pour que d’autres y aient déjà eu recours, comme dans The Guardian (19 février 2015), avec le même dessein qui frôle l’imposture intellectuelle.

Le Coran ne contient pas d’antisémitisme

Le noble Coran n’est pas le journal officiel du gouvernement de Vichy, il ne contient pas d’antisémitisme sous quelque forme. Le Coran fait la distinction entre « juifs » et « enfants d’Israël » ; ces derniers étant les témoins du temps de la révélation divine faite à Moïse, ceux qui littéralement entrent en alliance avec Dieu.

Le terme « juifs », lui, fait référence à ceux qui vivaient à Médine du temps du prophète Mohammed, et qui étaient les seuls représentants du monothéisme avant l’avènement de l’islam. Dans le Coran, Dieu s’adresse à tous, et les hypocrites et les transgresseurs sont logés à la même enseigne, qu’ils soient juifs ou de la tribu arabe des Koreish qui persécutaient le prophète et ses compagnons.

Rappelons que, dans la Torah (Exode, 31 : 14), la punition pour ceux qui ne respectent pas le sabbat est la mort, c’est un peu plus radical que des avanies, semble-t-il. Enfin, et pour faire taire ce non-sens de l’antisémitisme coranique, il faut quand même redire que 90 % des prophètes qui apparaissent dans le texte, Moïse à lui seul plus de cent soixante-dix fois, sont juifs. Tout musulman les aime et les respecte. Les prénoms Jacob, David, Moïse, Joseph, ou Jésus, dans leur version arabisée, sont monnaie courante dans le monde musulman.

Continuer à parler d’antisémitisme dans l’islam, tout en stigmatisant les musulmans de France, est à l’image de ce petit prétoire qui souhaiterait continuer à contrôler la parole et la pensée. Ce manifeste des 300 ridiculise la cause qu’il prétend défendre. Que des citoyens soient assassinés pour leur identité ethnique ou religieuse est révoltant et cela n’a sa place dans aucune société dite civilisée. En rejeter le crime sur toute une communauté, et par extension sur une religion, relève de l’idéologie, à égale distance entre le racisme qu’elle pense dénoncer et un nationalisme qui, quelle que soit la forme dont il s’accoutre, demeure une faute morale.

L’heure est à l’alliance, pas à plus d’extrémisme.

Farid Laroussi

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    « Je suis une ponctuation, dont le rêve est de faire respirer une phrase. » C’était en 1992, il y a 25 ans, une rencontre avec Armand Gatti et sa bande de La Parole Errante, chez Magne, un bistrot qui lui était entièrement dévolu près de la place d’Alésia. Foisonnant, débordant, anar, mystique, lyrique, visionnaire du réel, griot des sans-mots, généreux surtout, solidaire, révolutionnaire avant tout. Prenez le temps de découvrir ou de redécouvrir Armand Gatti, histoire de remettre un peu d’huile sur le feu.

  • Discriminer, c’est mal et en plus ça coûte cher Abonnés

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    C’était le grand oral de Michel Barnier ce mardi à l’Assemblée nationale. Dans un contexte de déficit public historique, notre premier ministre a cité le général de Gaulle : faire beaucoup avec peu et en partant de presque rien. Il aurait tout aussi bien pu citer Churchill et son fameux « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » car le gouvernement Barnier a déclaré la guerre au déficit. Sauf que, avant de partir en guerre, le nouveau chef de Matignon serait bien avisé d’ouvrir ses tiroirs. Dans l’un d’eux, il trouverait un rapport pondu en 2016 par de pertinents fonctionnaires (qui coûtent moins cher que les consultants de McKinsey !). Et ces fonctionnaires ont eu une idée lumineuse : la lutte contre le racisme et les discriminations est une mine d’or ! Vu l’état des finances publiques, ça étonne Dillah que le gouvernement ne saute pas sur l’occasion…

  • Entretien avec Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias qui publient « La conscience juive à l’épreuve des massacres » (Textuel) radio/podcast Palestine, une arête de poisson dans la gorge du monde Accès libre

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    Le colonisateur peut gagner des batailles mais il perd toujours la guerre. De l’Algérie à l’Irlande, du Vietnam au Mozambique, partout le colonisateur a fini par perdre. Même les autochtones anéantis dans les Amériques reprennent peu à peu leur place dans l’histoire. Le sionisme est né au temps du colonialisme triomphant au XIXe siècle avec l’idée de créer un État comme refuge pour le peuple juif persécuté. Mais où ? Le lieu, comme le projet, étaient très loin de faire l’unanimité dans le monde juif où le sionisme a connu beaucoup d’adversaires. Le débat a persisté et se ranime aujourd’hui dans le monde au moment où Israël s’enfonce dans l’impasse sans issue d’une violence sans borne. Dans un livre court, les deux universitaires spécialistes de l’histoire du judaïsme, Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, familiers d’Israël et soutiens de la cause palestinienne depuis toujours font part de leur questionnement.

  • Le géographe Pascal Clerc publie « Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle » aux éditions Autrement « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Abonnés

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    Qu’est-ce qu’un géographe ? Un chercheur qui étudie les paysages, l’organisation des espaces et la façon dont les humains arpentent ces espaces. Appliquer sa méthodologie à l’école, c’est ce qu’a fait le géographe Pascal Clerc qui publie Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle aux éditions Autrement. La sociologie nous enseigne que les « formes informent », mais également que les « formes forment ». Alors nos écoles de la République ressemblent-elles à des monastères ou à des prisons ? Comment les a-t-on dessinées et construites ? Ces lieux où nos enfants passent toutes leurs journées sont-ils des lieux d’émancipation ou des lieux de contrôle et de discipline des corps et des esprits ? Puisque les espaces définissent le type d’apprentissage qu’on y fait, on devrait concevoir les écoles en fonction des objectifs pédagogiques. « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Éléments de réponse avec le géographe Pascal Clerc, qui est l’invité de Laurence De Cock dans ce nouveau numéro de « Si j’aurais su ».

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire De John Lennon à U2, le « dimanche sanglant » résonne en Irlande du nord Abonnés

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    Ce n’est pas une mais au moins trois chansons que le « Bloody Sunday », le « dimanche sanglant », a inspirées. Il faut dire que l’émotion fut à la hauteur du massacre perpétré le 30 janvier 1972 par l’armée britannique, à Londonderry. Les parachutistes tirèrent à balles réelles sur une foule désarmée et pacifique qui manifestait pour les droits civiques : vingt-huit manifestants furent touchés par des tirs, dont beaucoup dans le dos, quatorze personnes en mourront au total, dont plusieurs adolescents de 17 ans. Si la chanson de U2 fut un énorme succès, elle ne sortit que pour le dixième anniversaire du « dimanche sanglant ». Au moins deux chansons l’ont précédé, celle du groupe de punk Stiff Little Fingers, et celle d’un certain John Lennon. De Karl Marx à John Lennon, retour avec Olivier Besancenot sur la lutte pour l’indépendance de l’Irlande.

Une sélection :

Tout un été Là-bas La vérité, un concept étranger à Raphaël Enthoven AbonnésVoir

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Dimanche 12 mai, le très médiatique Raphaël Enthoven était invité de Benjamin Duhamel dans son émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur BFMTV. L’occasion pour le talentueux orateur d’asséner une de ces belles sentences dont lui seul a le secret : « nous périssons de la criminalisation de l’opinion d’en face ». Criminaliser l’opinion d’en face, c’est pourtant exactement ce que le philosophe a fait pendant toute l’émission, en repeignant systématiquement en odieux antisémite toute personne qui critiquerait les bombardements israéliens sur Gaza. Et ce grâce à une série d’approximations, de contre-vérités et de mensonges dont le nombre et l’ampleur – en seulement vingt-sept minutes d’entretien – forcent le respect. Extraits.

L’État d’Israël contre les juifs. Dialogue avec Sylvain Cypel (2e partie) (VIDÉO | 50:02) AbonnésVoir

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La Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la force » s’obtient par l’« esprit ». Or aujourd’hui en Israël, un dicton populaire a transformé ce message, c’est devenu : « ce qui ne s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force ». Comment en est-on arrivé là ? Comment une extrême droite raciste et suprémaciste est-elle arrivée au pouvoir ? Un gouvernement soutenu par toutes les extrêmes droites du monde, y compris les plus antisémites ?

Tout un été Là-bas Alain Gresh : « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » AbonnésÉcouter

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Ben oui, mais c’est la guerre, que voulez-vous… Rarement un conflit aura été accompagné par tant de mauvaise foi, par tant de mensonges, de désinformation, d’affabulation. Rarement le manichéisme n’aura autant dominé et fait oublier la profondeur historique d’une crise que nous redécouvrons à chaque conflit. Rarement la politique française n’aura été aussi lâche, se contentant d’un suivisme affligeant à l’égard du gouvernement israélien et de son parrain américain.

Tout un été Là-bas : réécoutez ce grand entretien, trois jours après le 7 octobre 2023, avec l’ex-ambassadrice de Palestine LEÏLA SHAHID : APRÈS LA TERREUR, LA TERREUR Accès libreÉcouter

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« Il ne peut y avoir aucune explication », disait le premier ministre socialiste Manuel Valls, « car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Malgré cette forte pensée, nous vous proposons cet entretien à chaud avec Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine, témoin et actrice engagée en première ligne et toujours militante de la cause palestinienne. Sommée de dénoncer le terrorisme islamiste, elle répond : « toute action contre des civils, qu’elle soit une action palestinienne, israélienne ou française, est un crime contre l’humanité ».