Un grand texte à l’appui de Dominique Vidal, journaliste et historien

Appeler un chat un chat, et Gérald Darmanin un apprenti fasciste Abonnés

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À 70 ans, on ne se refait pas. Depuis les années 1970, j’ai toujours commencé la journée avec France Inter, et je persévère bien que la matinale ressemble toujours plus à un service de communication de Matignon, le « couple » interviewant un ministre tous les trois jours sans jamais le bousculer sur le fond, malgré, sur la forme, l’agressivité forcée de Léa Salamé. De même, le soir, j’ai rarement raté le 20 heures de France 2, malgré sa quasi « TF1-isation », entre gendre idéal et bru non moins idéale qu’on a vue récemment fascinée, les yeux comme éblouis, par Emmanuel Macron.

Paradoxalement, c’est grâce à Anne-Sophie Lapix que j’en ai pris conscience : Gérald Darmanin, au service d’Emmanuel Macron mais avec son propre « agenda », comme on dit, franchit cet hiver sous nos yeux la ligne qui sépare une démocratie d’un régime autoritaire. D’ordinaire complaisante avec les puissants, voilà soudain que notre consœur prend visiblement plaisir à interrompre le ministre de l’Intérieur, à le boxer pour finir par le repousser dans ses cordes – jusqu’à le déstabiliser. Ce soir-là, après avoir qualifié, le cœur sur la main, les images du passage à tabac d’un producteur de musique par trois ou quatre de ses hommes d’« extrêmement choquantes », il ajoutera : « lorsqu’il y a des gens qui déconnent (sic), ils doivent quitter l’uniforme de la République, ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail, ils doivent être punis par la justice. » Des « conneries », mais en forme de massacre, ignorez-vous, Monsieur le ministre, que la police dont vous avez hérité en a déjà collectionnées quelques-unes, de la rafle du Vél’ d’Hiv (16 et 17 juillet 1942) à la tuerie de Charonne (8 février 1962), en passant par le bain de sang longtemps censuré du 17 octobre (1961), sans oublier l’assassinat de Malik Oussekine (5 décembre 1986) ?

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P.S. Un grand merci à Isabelle Avran, François Pradal et Christine Queralt pour leur relecture critique.

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