C’est Big Brother qui me traque ou c’est le boulot qui devient cool ? Un reportage de Maja Neskovic et Aurélie Martin

Télétravail : bienvenue dans un monde sans contact Abonnés

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En mars, au plus fort de la crise sanitaire, un salarié sur quatre travaillait depuis chez lui, selon une étude du ministère du Travail [1].

Et ils sont encore des centaines de milliers à procéder de la sorte. En théorie, ils pourraient être, d’après le ministère du Travail, près de 8 millions de salariés du secteur privé, plus de 4 emplois sur 10 à poursuivre leur activité professionnelle depuis leur lieu de confinement plutôt que de se déplacer au bureau. Moins de temps de déplacement, moins de pollution, au moins deux arguments forts pour le télétravail. Mais connaissez-vous Hubstaff ? Un des outils au service du gentil manager qui se doit de surveiller l’activité de ses salariés.

Voilà ce que Hubstaff peut faire pour lui :
 « captures d’écran régulières des applications utilisées et des sites visités sur l’ordinateur avec le temps passé à chaque fois
 suivi GPS de la position du salarié sur son téléphone portable quand il part en rendez-vous
 calcul d’un pourcentage de productivité prenant en compte le mouvement de la souris et le nombre de frappes sur le clavier
 cerise sur le clafoutis : envoi d’un rapport quotidien au manager avec le nombre d’heures travaillées, l’indice de productivité, et les sites consultés
 [2] ».

Patronat et syndicats ont ouvert vendredi 5 juin des discussions sur le télétravail, qui devraient s’achever fin septembre. Si les représentants des salariés souhaitent négocier un accord, du côté de ceux des entreprises, on souhaite travailler à un diagnostic partagé.

En Europe, certains pays sont plus avancés en matière de télétravail : aux Pays-Bas, en Finlande ou au Luxembourg, plus de 10 % de la population active travaille régulièrement à distance [3]. En France, seulement 7 % télétravaillent régulièrement. Un chiffre qui pourrait être amené à évoluer ces prochaines années…

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Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.