Officiellement lancée pour lutter contre la précarité (si, si !), la réforme de l’assurance-chômage va surtout réduire les indemnités d’1,15 million de demandeurs d’emplois, et créer de graves inégalités. Décryptage d’un grave coup de force antisocial, à la veille d’une journée de mobilisation.
Chopé à 200km/h à contre-sens sur l’autoroute du progrès social, le gouvernement plaide la « lutte contre la précarité » (sic !). La réforme de l’assurance-chômage portée par la ministre du travail Elisabeth Borne (et qui entrera en vigueur le 1er juillet) est pourtant on ne peut plus claire. Au lieu de contraindre les entreprises à proposer des contrats plus longs, elle s’en prend aux travailleurs précaires eux-mêmes. Comme s’ils décidaient volontairement d’enchaîner les petits CDD, et d’avoir des périodes de creux !
Selon une note d’impact publiée par l’Unédic au début du mois [1], 1,15 million de demandeurs d’emploi vont donc voir leur allocation baisser de 17% en moyenne. En cause, un nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR, qui sert à calculer l’indemnisation chômage), prenant en compte les jours non travaillés et les jours travaillés pour toute personne ouvrant des droits. Ceux qui alternent contrats courts et périodes d’inactivité vont sérieusement en pâtir.
Vent debout contre cette réforme qui met en cause le système d’indemnisation du chômage, les principaux syndicats ont déposé un recours au Conseil d’État pour obtenir son annulation [2]. En attendant, dans plusieurs villes, la CGT et Solidaires appellent à manifester le 23 avril pour l’emploi et les droits sociaux. [3]
Avec Gérard Filoche ancien inspecteur du travail, animateur de la Gauche Démocratique et Sociale, auteur (entre autres) de Macron ou la casse sociale, (L’Archipel, 2018), la sociologue Claire Vivès et l’ex-représentant syndical de l’usine GM&S Jean-Marc Ducourtioux, on vous donne plein de raisons de rejoindre les cortèges ! Borne est bornée, soyons déterminés !