Quartier sensible, quartier prioritaire, toujours les vieilles formules faux-culs pour désigner les quartiers pauvres. Il y en a environ 1 500 en France avec 5 millions d’habitants, dont 70 % sous le seuil de pauvreté [1]. Ce n’est qu’une partie du total de la population pauvre en France, estimée à 9 millions avec une très forte tendance à l’abstention. Les raisons sont multiples : à la fois rejet, dégoût, ignorance. Du coup, pour les candidats, ces quartiers ne sont pas électoralement rentables, mieux vaut les laisser tomber et draguer d’autres catégories. C’est un cercle vicieux qui marginalise encore un peu plus cette France « invisible ».
Mais à la France Insoumise – devenue Union Populaire –, on s’est persuadé qu’il faut aller parler physiquement à ces abstentionnistes, les inviter à voter et, bien sûr, à voter Mélenchon « pour dégager le président des riches ». D’où l’idée de ces « caravanes de l’Union Populaire », animées un peu partout par de courageux militants qui font du porte-à-porte pour discuter avec les gens. Une excellente occasion pour rencontrer quelques habitants (parfois surprenants !) de ces quartiers souvent relégués.
Un reportage (étonnant) de Dillah Teibi aux Bâtes, à Dreux.
Le quartier populaire des Bâtes, un des plus grands quartiers de la ville de Dreux (Eure-et-Loir ). Ici, dans des petites barres de quatre étages bien cabossées, les logements sont à 90 % du logement social, et la moitié des 5 000 habitants du quartier vit sous le seuil de pauvreté – avec moins de 989 € par mois. Ici seulement 42 % des habitants en âge de travailler ont un emploi [2], et le plus souvent un emploi précaire. Mais les Bâtes ne sont pas une exception. Ce quartier ressemble à beaucoup d’autres quartiers de France. Aux Bâtes comme ailleurs, l’abstention bat des records.
Le 1er novembre, nous voilà avec trois militants de la France insoumise : Emma, Clarence et Pierrick. Tous les trois bénévoles, la vingtaine, ils sont au volant de la caravane de l’Union Populaire lancée par Jean-Luc Mélenchon.