Le salut de l’agriculture (2ème partie) Bio sens paysan Abonnés

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La Méridienne ou la sieste, de Vincent Van Gogh (1889, huile sur toile)

Chute des cours, surproduction, guerre des prix menée par la grande distribution... l’agriculture française se meurt et les agriculteurs avec. Tous ? Pas forcément. Pas ceux qui, notamment, s’écartent du productivisme, s’engagent dans les filières bio ou reviennent à des techniques plus respectueuses de la terre et du vivant. Deuxième volet de notre série sur l’agriculture, où l’on rencontre, entre autres, André Pochon, octogénaire vaillant et vieux militant d’une agriculture durable.

[RADIO] Une autre agriculture est possible. L’expérience d’André Pochon
Son combat, le combat de toute sa vie, c’est l’agriculture paysanne, une agriculture qu’il pratique et qu’il défend depuis des années de façon probante. Il n’est pas le seul, depuis longtemps des alternatives existent mais sont toujours repoussées à la marge. Sauf qu’il y a urgence. Un reportage de Jean-Michel Dumay avec André Pochon (27 mai 2016).
Là-bas si j’y suis

Signe des temps et d’une croissance fulgurante et soutenue (+10% en 2015, pour un marché de 5,5 milliards d’euros), la grande distribution s’est engouffrée dans le développement de la consommation bio : celle qui fait la nique à la production agricole intensive, dopée aux produits chimiques de synthèse. Casino a racheté le réseau Naturalia. Et Carrefour en a fait un axe stratégique, promouvant toujours plus de produits bio dans son offre et, désormais, des magasins entièrement dédiés à ce type de consommation (10 magasins uniquement consacrés au bio prévus pour la fin 2016).

Conséquence de la demande : les agriculteurs qui choisissent de s’engager dans la filière bio ne semblent guère avoir de problèmes de débouchés. Et leur avenir paraît plutôt bien dégagé. En France, ils seraient ainsi aujourd’hui 42 000 producteurs (représentant environ 5% de la surface agricole utile) à avoir choisi cette filière et à vivre correctement de leur métier.

En son temps (des années 1950 aux années 1970), André Pochon, 85 ans, précurseur et avocat d’une agriculture saine et durable, criait déjà dans un désert. Alors que l’agriculture française versait sans discernement dans l’intensif industriel (il fallait nourrir vite les populations affamées par la guerre), le jeune agriculteur des Côtes-d’Armor prônait une agriculture plus harmonieuse avec la nature, respectueuse d’immuables règles agronomiques. Sa trouvaille d’éleveur : placer du trèfle blanc dans les prairies, rien que de très naturel, en lieu et place des engrais azotés.

Dominique Le Calvez (à gauche), éleveur producteur de lait bio, avec André Pochon (à droite) (photo : Jean-Michel DUMAY)

Aujourd’hui retraité dans la banlieue de Trégueux, on le retrouve à l’heure de l’apéro au coin du feu, après avoir croisé des dizaines d’ouvriers du cochon en colère aux abattoirs de Lamballe. Pourfendeur de l’élevage hors-sol (où les bêtes sont alimentées par des céréales en stabulation et non par de l’herbe en prairie), « Dédé » Pochon a fondé le Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome (Cédapa) en 1982. Le déjeuner terminé, il nous guide auprès de Jeanne et Dominique Calvez, jeunes éleveurs, récemment installés près de Lamballe. D’heureux producteurs de lait bio, ayant choisi de vivre et travailler avec les méthodes Cédapa.


Les différentes séquences de ce reportage :

01. Sur la route de Trégueux
Là-bas si j’y suis

André Pochon


Merci à André POCHON, à Jeanne BRAULT et Dominique LE CALVEZ.

Programmation musicale :
 Monsieur Durand : Lucien, Agriculteur
 Pascal Parisot & Charlie-Rose Parisot : Mes Parents Sont Bios
 Jules Marquard : 20 Ans À La Campagne

Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

reportage : Jean-Michel DUMAY
réalisation : Guillaume GIRAULT

(Vous pouvez podcaster ce reportage en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)

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  À ÉCOUTER :
LE SALUT DE L’AGRICULTURE (1ère partie) En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours, le premier volet du grand reportage de Jean-Michel DUMAY

 À LIRE :
Les Néopaysans, un livre de Gaspard d’Allens et Lucile Leclair (2016, co-édité par Le Seuil et le site Reporterre)

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.