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Casquettes et poings levés, drapeaux rouges sur les usines occupées, des amoureux sur un tandem, le Front Populaire nous a laissé ces emblèmes de la première victoire du peuple dans la lutte des classes en France. Un élan qui a débordé le gouvernement de gauche qui venait d’être élu, et qui a débordé le cadre des syndicats ouvriers.
« LE FRONT POPULAIRE A DONNÉ UN ESSOR À LA VIE », nous disait en 1996 un ancien ouvrier qui avait vécu cette victoire sans précédent. Liberté syndicale, semaine de 40 heures (au lieu de 48), conventions collectives, aides pour les chômeurs, congés payés deux semaines par an… Mais aussi un souffle d’émancipation populaire et la base de l’État social.
Dans nos émissions, nous sommes revenus plusieurs fois sur cette époque qui, aujourd’hui, 80 ans après, est une inspiration pour les luttes actuelles. Prenez le temps d’écouter – et de savourer – « LA VIE EST À NOUS », en trois épisodes, avec des éclairages de l’historienne Danielle TARTAKOWSKY et les voix disparues qui ont changé nos vies.
Pathé Journal (20 juin 1936)
Alors que la France est cernée par le fascisme en Italie, en Allemagne puis en Espagne, le peuple l’emporte. 12 000 grèves dont 9 000 avec occupation d’usine ou de magasin qui mobilisent 2,5 millions de travailleurs. Un formidable élan populaire qui va déborder le gouvernement de gauche et les directions syndicales.
On connaît le résultat : congés payés, quarante heures, la dignité reconquise, un souffle neuf. Et aussi la peur et la rage des classes possédantes. Face à ces « salopards en casquette », les milieux d’affaires provoquèrent la fuite des capitaux en affirmant : « plutôt Hitler que le Front populaire ». Les possédants ont ainsi contribué à l’échec en 1937 de la coalition menée par Léon BLUM.
Mais aujourd’hui, 80 ans après, malgré leur acharnement et les moyens dont ils disposent, ils n’ont pas encore réussi à détruire toutes les conquêtes sociales du printemps 1936.
Témoignages, archives, entretien avec l’historienne Danielle Tartakowsky (diffusés pour la première fois en mai 2012)
Programmation musicale : –Jean-Lorris : Aux hommes de l’an 2000 –Jean Gabin : Quand on s’promène au bord de l’eau (extrait du film La belle équipe, de Jean Duvivier, 1936)
–Montehus : Le décor va changer –Chantegrelet et Doubis : La victoire du Front populaire –Ray Ventura : La grève de l’orchestre –Marianne Oswald : La grasse matinée –Raoul Chantegrelet : Vas-y Léon –Albert Préjean : Amusez-vous
Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.
reportages : Zoé VARIER
entretien : Daniel MERMET
réalisation : Franck HADERER et Bertrand CHAUMETON
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La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...
Un des tubes les plus célèbre. Parce que son style en parlé-chanté en a fait un titre précurseur du hip-hop, qui naîtra officiellement trois ans plus tard. Parce que sa poésie audacieuse mêle références à l’actualité, parodies de slogans publicitaires et emprunts à la culture populaire. Et parce que son ironie grinçante dénonce la société de consommation, les médias de masse et le racisme aux États-Unis. Olivier Besancenot vous fait découvrir Gil Scott-Heron et sa chanson The Revolution Will Not Be Televised.
Pour notre invité, l’écrivain et philosophe Didier ERIBON, ami et bon connaisseur de BOURDIEU, la politique de MACRON poursuit la pensée de RICŒUR et toute l’idéologie conservatrice qui soutient la domination des élites contre la masse qui ne comprend pas, en imposant une politique de violence sociale sous le déguisement d’un discours humaniste…
Ce mois-ci est sorti en librairie un pamphlet à charge contre Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise. On y dénonce, sous la forme d’une enquête minutieuse, un fonctionnement vertical et quasi-sectaire au sommet duquel trône l’omnipotent et autocratique Lider Maximo. Autant dire qu’auteurs et éditeur n’ont pas pris un gros risque éditorial. Les médias se chargeront assurément de la promo, vu qu’ils le font déjà pour ainsi dire tous les jours. Plateaux et studios n’ont plus qu’à rassembler quelques intellectuels prompts à confirmer l’enquête d’un air entendu et à promouvoir, si besoin était encore, cette tautologie médiatique : la France insoumise est une sorte de groupuscule militaro-sectaire qui veut la destruction de la France en général – et des juifs en particulier, allons-y gaiement. Bien.
Là où ça peut devenir amusant, c’est lorsque l’intellectuel en question, celui qu’on invite sur le plateau, ne joue pas le jeu. C’est ce qui est arrivé à Guillaume Erner et Jean Leymarie qui recevaient récemment Didier Eribon sur France Culture. Car l’éminent sociologue et philosophe n’a pas joué le jeu. Mais alors pas du tout. Et ce fut un grand moment de radio. J’ai donc tenu à remercier chaleureusement nos deux têtes de gondoles de la Matinale, par un aimable courrier qu’ici je vous reproduis tel quel.
Beaux costumes, projecteurs, caméras, micros et punchlines tirées au cordeau ! Le festival de Cannes ? Le festival de conneries plutôt, tant elles se multiplient sous le regard accablé de Gérard Mordillat. Entre celui qui veut envoyer les étrangers illégaux à Saint-Pierre-et-Miquelon, l’autre qui veut que les détenus participent aux frais d’incarcération et celle qui se félicite d’avoir fait augmenter le budget de la culture, les cinquante nuances de la droite osent tout. Et c’est même à ça qu’on les reconnaît.
Extermination, déportation. Comme des métastases, le massacre de Gaza répand effroi, haine et aveuglement. Il est urgent de comprendre les racines de ce conflit qui a commencé bien avant le 7 octobre 2023. Dans cette étude historique et juridique implacable qui remonte à la naissance du sionisme, Monique Gemillier-Gendreau, grande spécialiste du droit international, montre que jamais Israël n’acceptera de reconnaître un État Palestinien vivant à ses côtés. D’autant qu’aujourd’hui, au massacre des êtres s’ajoute le massacre du droit. Adossé à la toute puissance des États-unis, le pouvoir israélien viole depuis toujours le droit international en toute impunité. C’est pourtant le moyen le plus important pour sortir de cette guerre coloniale qui n’en finit pas. La force du droit contre le droit de la force. C’est la conviction de l’autrice : « ramener le conflit sous la lumière du droit »
Francis Dupuis-Déri, enseignant à l’université du Québec à Montréal, publie avec Emmanuelle Dufour Quand les élèves se révoltaient. Manuel d’histoire avant l’Effondrement. Manuel d’histoire ? Élèves ? Révoltes ? Il n’en fallait pas plus pour éveiller la curiosité de Laurence De Cock, qui qui reçoit le chercheur québécois de passage en France.
Il n’y a pas que les habitants des États-Unis qui doivent lutter contre un président obsédé par le wokisme et les coupes budgétaires. En Argentine aussi, les manifestations se multiplient pour dénoncer les dégâts causés par la politique ultralibérale de Javier Milei et sa fameuse tronçonneuse destinée à tailler dans les dépenses publiques. En soutien aux Argentins qui se mobilisent, Olivier Besancenot nous fait découvrir « La Marche de la colère », ce chant argentin hérité des années de lutte contre la dictature militaire.
Never again, nunca más, nie wieder das ! Voilà plus de 80 ans qu’on le répète. Macron et Poutine le répètent aujourd’hui, de la place Rouge devant les chars à l’arc de triomphe devant la flamme. En Algérie aussi, on le répète. Le 8 mai 1945, de Sétif à Guelma, les colons français ont massacré des milliers d’Algériens. Avec l’historien Alain Ruscio, nous évoquons ces crimes longtemps passés sous silence. Plus jamais ça ! Mais à quoi bon déplorer le passé si c’est une diversion qui fait écran et si ça ne sert pas à éclairer aujourd’hui ? À comprendre, à lutter aujourd’hui et maintenant contre ce ÇA ?
Le 8 mai, on commémore. Mais on ne commémore pas la même chose qu’on soit d’un côté de la Méditerranée ou de l’autre. Si en France, le 8 mai est férié pour célébrer la victoire sur les nazis, en Algérie, c’est un tout autre 8 mai 1945 dont on se souvient.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé sa volonté de dissoudre La Jeune garde. Mais savez-vous pourquoi l’organisation antifasciste lyonnaise a pris ce nom ? Réponse avec la chanson de Gaston Montéhus, Le chant des jeunes gardes, racontée (et chantée !) par Olivier Besancenot.
Dans leur dernier ouvrage, les sociologues Fabien Truong et Gérôme Truc rendent compte d’une enquête de terrain de dix ans dans une des villes les plus pauvres de France. Treize novembre 2015. Les deux chercheurs sont à Grigny à l’invitation d’un collectif d’habitants qui a mis en place des murs de paroles au lendemain des attentats de janvier. Un mur de paroles pour recueillir les réactions et l’émotion des habitants. D’autant que le terroriste de l’Hypercacher est un enfant du quartier La Grande Borne.
Le 4 mai, chaque année, c’est "Journée Star Wars". La Maison Blanche a publié une image, générée par l’IA, du président en Jedi. Mais un petit détail fait rigoler toute la planète.
La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.
Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.
Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !
Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…
« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.
L’historienne et militante Michelle Perrot est une mémoire vivante de l’histoire des femmes, du mouvement ouvrier et du système carcéral français. Rien que ça ! Grand entretien sur ces luttes d’émancipation d’hier à aujourd’hui.
Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.