PREMIER MAI AU BALCON, À CHICAGO, EN HISTOIRE, EN IMAGES, EN RADIO

Le Premier Mai, c’est pas la fête du Travail Abonnés

1

Le

Monsieur Jeannot, « triangle rouge »

« Mon cauchemar, disait Monsieur Jeannot, c’est de regarder la manif depuis le balcon, et de plus être dans la rue avec les camarades. Tu comprends ça ? » Monsieur Jeannot finissait son existence à l’hôpital de Montfermeil. « Tu comprends ? » C’était notre voisin, celui qui nous avait installé le chauffe-eau. Il bossait en usine à Bobigny, tourneur-fraiseur. Là, il bossait plus. On voyait son vélo qui rouillait contre le mur de son jardin depuis qu’il était à l’hosto. Il avait chopé le crabe, Monsieur Jeannot. Rien à faire, plus un tif sur le caillou, plus que la peau et les os. Ma grande sœur lui disait : « ça reviendra, Monsieur Jeannot ». On lui apportait des bouchées au chocolat qu’il ne mangeait pas et on repartait. « Eh, avant, allume-moi une gauloise, les bonnes sœurs m’emmerdent ici ! »

Malgré toutes ces années, je pense à lui aujourd’hui, à cause du balcon bien sûr, notre misère d’aujourd’hui, sauf que nous, en plus, rien à voir dans la rue, pas le moindre camarade pour ce Premier Mai. On n’est pas près de les revoir, les « gilets jaunes », et les drapeaux rouges, et les drapeaux noirs. Et je pense à lui aussi parce qu’il avait été « triangle rouge », Monsieur Jeannot. Déporté communiste. Il en faisait pas un plat de sa déportation, mais dans son petit salon, sur le buffet ciré avec les beaux verres en cristal taillé que Madame Jeannot sortait le dimanche quand ils nous invitaient pour l’apéro, il y avait un vieux bout de tissu rouge en forme de triangle avec un « F » dessus, cousu sur un carré de tissu gris, tout ça dans un cadre bien propre, à côté d’une Sainte Vierge en plâtre car Madame Jeannot, elle, c’était l’Église. Catho et coco, c’était pas rare à l’époque dans notre banlieue rouge, on était les mêmes gens.

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Vive la paresse ! Accès libreÉcouter

Le , par L’équipe de Là-bas

Décrétons le premier Mai fête de la paresse, fête de la longue lutte des travailleurs pour la réduction du temps de travail et pour le temps de vivre, de rêver et d’aimer...
Et tout ça à travers un tas de chansons sur le travail.
Quel boulot !
Programmation musicale : Franck Haderer

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)