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Le Premier Mai, c’est pas la fête du Travail Abonnés

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Monsieur Jeannot, « triangle rouge »

« Mon cauchemar, disait Monsieur Jeannot, c’est de regarder la manif depuis le balcon, et de plus être dans la rue avec les camarades. Tu comprends ça ? » Monsieur Jeannot finissait son existence à l’hôpital de Montfermeil. « Tu comprends ? » C’était notre voisin, celui qui nous avait installé le chauffe-eau. Il bossait en usine à Bobigny, tourneur-fraiseur. Là, il bossait plus. On voyait son vélo qui rouillait contre le mur de son jardin depuis qu’il était à l’hosto. Il avait chopé le crabe, Monsieur Jeannot. Rien à faire, plus un tif sur le caillou, plus que la peau et les os. Ma grande sœur lui disait : « ça reviendra, Monsieur Jeannot ». On lui apportait des bouchées au chocolat qu’il ne mangeait pas et on repartait. « Eh, avant, allume-moi une gauloise, les bonnes sœurs m’emmerdent ici ! »

Malgré toutes ces années, je pense à lui aujourd’hui, à cause du balcon bien sûr, notre misère d’aujourd’hui, sauf que nous, en plus, rien à voir dans la rue, pas le moindre camarade pour ce Premier Mai. On n’est pas près de les revoir, les « gilets jaunes », et les drapeaux rouges, et les drapeaux noirs. Et je pense à lui aussi parce qu’il avait été « triangle rouge », Monsieur Jeannot. Déporté communiste. Il en faisait pas un plat de sa déportation, mais dans son petit salon, sur le buffet ciré avec les beaux verres en cristal taillé que Madame Jeannot sortait le dimanche quand ils nous invitaient pour l’apéro, il y avait un vieux bout de tissu rouge en forme de triangle avec un « F » dessus, cousu sur un carré de tissu gris, tout ça dans un cadre bien propre, à côté d’une Sainte Vierge en plâtre car Madame Jeannot, elle, c’était l’Église. Catho et coco, c’était pas rare à l’époque dans notre banlieue rouge, on était les mêmes gens.

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