La Commune n’est pas morte, les Versaillais non plus. Emmanuel Macron ne commémore pas la Commune de Paris, ni le sang du peuple, ni ces perdants magnifiques qui inspirent toujours les luttes d’aujourd’hui. Il préfère commémorer Napoléon, ce qui l’oblige à rappeler celui qui a rétabli l’esclavage et la traite négrière, celui dont la folie impérialiste a servi de modèle aux pires criminels de l’histoire.
Le point commun à ces deux mémoires, c’est la Colonne Vendôme à Paris. Symbole napoléonien, les Communards l’ont abattue le 19 mai 1871. Un tas de fumier et d’excréments avait été disposé pour amortir la chute de « ce monument de barbarie, symbole brutal de la fausse gloire, par ce qu’affirmation du matérialisme et de la négation du Droit des gens ».
Dans cet épisode, Henri Guillemin nous dit quel genre d’hommes étaient les élus de la Commune. Leur probité, leur dévouement, leurs contradictions et surtout ce qu’ils ont réalisé en si peu de temps, avec l’armée versaillaise qui avançait sur Paris. Il évoque aussi l’épisode clé de la Banque de France où les Communards se sont faits rouler. Ils n’osaient pas utiliser cet argent qui pourtant était là en toute légalité et qui aurait pu changer le cours de l’histoire. « Un effroi de pauvre, dit Guillemin, un effroi de pauvre devant l’or entassé. » Sans cet effroi de pauvre, nous n’aurions pas aujourd’hui à entendre monsieur Macron commémorer Napoléon.