LÀ-BAS Hebdo n°36. VOISINS VIGILANTS

CES BRAVES GENS QUI SURVEILLENT Abonnés

1

Le

VOISINS VIGILANTS « en liaison immédiate avec les forces de l’ordre ». On voit fleurir cet œil jaune un peu partout en France. Ils seraient 200 000, ces vigilants voisins. Pas des milices, pas des shérifs, pas de délation, surtout pas, mais « des collaborateurs occasionnels de la police » comme le souhaitait l’ardent militant de ce projet en 2007, un certain Claude Guéant. VOISINS VIGILANTS est une entreprise privée qui s’inspire des "neighborhood" américains. Mais qui sont ces braves gens, de quoi ont-ils peur ?

C’est le premier village après la ville. Une coquette banlieue dortoir. Des retraités plutôt aisés, la pharmacie est le seul commerce qui subsiste. VOISINS VIGILANTS est un moyen, sans doute le seul, de se retrouver entre voisins pour lutter contre « les cambriolages, les démarchages, les dégradations, les incivilités diverses », comme les y invitait Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur.

On se souvient hélas comment cet inflexible adversaire de la délinquance fut lui-même pris la main dans le sac. Le 13 novembre 2015, il était condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour « complicité de détournement de fonds publics et recel » à deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique. Mais ici une question se pose : des VOISINS VIGILANTS l’auraient-ils dénoncé ?

En dix ans, 10 000 de ces communautés sont apparues en France. Soit 250 000 personnes réparties dans près de 250 mairies. En moyenne, 150 nouveaux adhérents chaque jour. C’est au moins les chiffres qui sont fournis par l’entreprise. Car c’est une entreprise. Une privatisation de la sécurité en somme, dont les agent ne coûtent pas un sou, au contraire puisque ce sont les habitants eux-mêmes qui surveillent et qui se surveillent. Les résultats ? Là où le dispositif est mis en place, le taux de cambriolages chute de 20 à 40%. Chiffre invérifiable, mais peu importe. Sous l’oeil jaune, cette devise :" Si je n’alerte pas la police mon voisin le fera"

(photo : www.voisinsvigilants.org)

À Cuise-la-Motte dans l’Oise, comme à Lompret dans le Nord, Joël, Noëlle & Co are watching you. Pour votre bien.

Commune située à 20 km de Lille, Lompret (2 305 habitants) compte même deux de ses communautés de Voisins Vigilants ! La faute à un no man’s land bordant la voie ferrée, coupant le village en deux. Pas un coupe-gorge, mais de quoi mettre en place des tournées de vigilance. Des rondes, toujours dans l’esprit de la circulaire émise donc par le souriant Claude Guéant le 22 juin 2011, et visant « à rassurer la population, à améliorer la réactivité des forces de sécurité contre la délinquance d’appropriation et à accroître l’efficacité de la prévention de proximité ».

Un reportage d’Anaëlle VERZAUX.


LES DRÔLES DE CASSEROLES DE M. GUÉANT

18/20 en déontologie. Sa reconversion comme avocat avait pourtant bien commencé. Mais, cinq mois après avoir prêté serment, Claude Guéant s’est retrouvé de l’autre côté du barreau. Condamné par le tribunal correctionnel de Paris, le 13 novembre 2015, à deux ans de prison avec sursis. Un jugement (dont il a fait appel depuis) assorti d’une amende de 75 000 euros et de cinq ans d’interdiction d’exercice de toute fonction publique.

Pris la main dans le sac, celui qui en appelle à la vigilance citoyenne contre les cambriolages, a cautionné un système de versement de primes en liquide d’une dizaine de milliers d’euros par mois. A la fois au profit de nombreux collaborateurs de la police, de préfets mais aussi de membres de cabinets ministériels. Pas moins de 210 000 euros détournés, entre 2002 et 2004…

LA BATTERIE DE M. GUÉANT S’ALOURDIT

Ex-secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant a été mis en examen mardi 23 février dans l’affaire des sondages de la présidence de la République durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Entendu par un juge financier, il devait répondre de détournement de fonds publics sur des contrats passés sans appels d’offres avec les sociétés de Patrick Buisson (Publi- fact puis Publiopinion) et de Pierre Giacometti, tous deux mis en examen pour recel de favoritisme et eux aussi proches de l’ancien président.

Déjà plusieurs personnes sont visées par la justice dans ce dossier, comme l’ancienne directrice de cabinet de Sarkozy, Emmanuelle Mignon. Les enquêteurs ont retrouvé trace de 235 sondages achetés par le cabinet Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec une marge d’environ 1,4 million d’euros. Ils s’interrogent sur la pertinence de certains de ces sondages concernant Jean Sarkozy, Carla Bruni, Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Louis Borloo.


Les différentes séquences du reportage :

01. Vos messages sur le répondeur

01. Vos messages sur le répondeur
Là-bas si j’y suis

02. Les voisins vigilants


03. Avec Francine


04. Laurent, le boulanger


05. En famille


06. La chronique de Gérard Mordillat


Ne manquez pas également les conseils des Voisins Vigilants pour différencier un vrai banquier bienveillant d’un faux banquier malveillant :

Voisins Vigilants : « ne nous faisons plus avoir ! »
par Là-bas si j'y suis

Programmation musicale :
 KAMINI : Marly-Gomont
 Pierre VASSILIU : Qui c’est celui-là

reportage : Anaëlle VERZAUX
présentation : Daniel MERMET
réalisation : Jérôme CHELIUS
préparation : Pierre-Yves BULTEAU
montage : A.V. et Grégory SALOMONOVITCH

(Vous pouvez podcaster ce reportage en vous rendant dans la rubrique "Mon compte", en haut à droite de cette page.)

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

Voir aussi

À voir :

L’empire de la surveillance, la seconde partie de notre LÀ-BAS Hebdo n°36 avec un entretien avec Ignacio RAMONET du 19 février 2016

À écouter dans les archives de Là-bas :

Glenn is watching you, un reportage de Daniel MERMET, Giv ANQUETIL et Antoine CHAO du 04 avril 2008 :
Glenn Spencer est l’un de ces braves et fiers patriotes américains. Entouré de ses sept bergers allemands et armé de sa Kalachnikov de fabrication artisanale, il protège son pays contre l’invasion mexicaine.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

Le

La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

Le

« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

Le

Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.