Première victoire contre le train des riches !

CDG Express : qui veut du train des riches ? Abonnés

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Dans la série « on ne perd pas toujours », une première petite victoire vient d’être remportée dans la lutte contre le train des riches : le gouvernement a annoncé mercredi 29 mai reporter la mise en circulation de la ligne CDG express avant les JO 2024. Même si la ministre annonce les travaux pour 2025, on peut légitimement se féliciter de ce premier recul. Mais l’enjeu est toujours le même : stopper ces travaux qui ont commencé en dépit du bon sens – et au profit de Vinci.

(photo : Michel Quoniam)

On vous a déjà beaucoup parlé de la privatisation des Aéroports de Paris. Mais vous a-t-on raconté qu’avant cette privatisation, l’État souhaite construire une ligne de train directe et privée entre Roissy et Paris ? Une ligne qui traverserait tout le 93 sans s’arrêter pour acheminer nos touristes et nos hommes d’affaires à Paris en 20 minutes, sans les mélanger à la faune du RER B ? Non ? Et pourtant, quel beau projet. Voici le Charles de Gaulle Express !

Le Charles de Gaulle Express, ou CDG Express, est un vieux projet, déjà abandonné plusieurs fois, et ressorti des cartons grâce à l’insistance d’un jeune et sémillant ministre de l’Économie en 2015, Emmanuel Macron [1]. Un projet donc de ligne de train privée entre l’aéroport et Paris. Un chantier pharaonique qui coche toutes les cases de ce qu’on appelle « Les Grands Projets Inutiles et Dangereux ». Grand par l’ampleur des travaux envisagés, chiffrés à plus de 2 milliards d’euros (pour l’instant), et financés par un prêt d’1,7 milliards d’euros de l’État [2]. Inutile, parce qu’une ligne qui fait exactement ce trajet existe déjà, le RER B, l’un des trains les plus fréquentés d’Europe avec près d’un million de passagers par jour. Et dangereux, car pour réaliser ce CDG Express, il faut assécher des zones humides et bétonner des terres agricoles.

Désastre social, économique et environnemental, le CDG Express a réussi l’exploit de bâtir un consensus autour de lui : Les Républicains, La France Insoumise, les Communistes, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse [3], les compagnies aériennes, les associations d’usagers du RER, absolument personne ne veut de ce « train des riches », impossible à assumer politiquement. Mais ici comme ailleurs, l’État s’entête et passe en force : le 11 février, la ministre des Transports Elisabeth Borne a signé le contrat de concession qui lance les travaux [4].

Depuis, les habitants de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, là où commence le chantier du CDG Express, ont engagé la lutte : ils se retrouvent tous les matins à l’aube depuis 2 mois pour empêcher les pelleteuses de passer. Le 18 février, pour la première fois, après 3 semaines de bousculades matinales avec les CRS, ils avaient l’occasion d’interpeller directement un responsable du projet, le préfet de région, Michel Cadot, bien embêté pour défendre l’indéfendable... Une réunion publique qui figurait la lutte des classes en vivant et en direct !

À Mitry-Mory, un reportage de Jérémie Younes.

Programmation musicale :
Lénine Renaud : Transports en commun
Alice Donna : Mon train de banlieue

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

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