Mort aux vaches ! Au bout de la rage de la chanson, il y a un enfer qui a duré un siècle, Cayenne, le bagne de Guyane, un ensemble de camps de travail et d’enfermement. De 1852 à 1946, plus de 70 000 condamnés sont passés dans cette machine à broyer les corps et les âmes, surnommée la « guillotine sèche » tellement on y mourrait dans les pires souffrances.
En 1923, le fameux reportage d’Albert Londres, Au bagne, a entraîné des améliorations, mais c’est en 1938 qu’un décret a ordonné la fin des déportations, et ce n’est qu’en 1946 que le rapatriement des forçats a commencé. Le plus célèbre fut Henri Charrière, pour son livre PAPILLON où il raconte la barbarie méthodique de ce goulag à la française, mais aussi les ruses et les rages des fortes têtes.
Avec le temps, notre reportage de 1997 à Saint-Laurent-du-Maroni devient un document, avec les derniers témoins et les vestiges d’une barbarie qui allait renaître à Guantánamo.
– Lucienne Boyer : La Belle
– Johnny Lee Moore : Eighteen Hammers
Derrière la façade, une société se résume à la lame qu’elle dresse entre le bon grain et l’ivraie, et ses poètes sont là pour tourmenter son sommeil.
Souvenez-vous, Jean Genet :
« Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour. » [1]
Francis Lagrange fut condamné au bagne en 1931 pour la fabrication de faux : tableaux, billets de banques ou encore timbres rares. Les peintures qu’il a réalisées en captivité témoignent, de l’intérieur, des conditions de vie et de travail des bagnards :
En 1963, le cinéaste Claude Goretta réalisa pour la Télévision suisse romande le documentaire Vieux blancs, avec le témoignage d’un ancien bagnard resté en Guyane :
Sans oublier, la « veuve » :