Un reportage de LÀ-BAS SI J’Y SUIS à Alger

Algérie, la colère monte Abonnés

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(photo : Dillah Teibi / LÀ-BAS SI J’Y SUIS)

Non à la mascarade ! Non au cinquième mandat !

Vendredi, tout le monde a été surpris par l’ampleur et la spontanéité des manifestations en Algérie, à Alger et dans toutes les grandes villes d’un pays qui n’avait pas vu une telle colère depuis des années. 800 000, dit-on, à travers le pays [1]. Colère contre la candidature grotesque d’Abdelaziz Bouteflika, président moribond pour un cinquième mandat. Colère aussi contre son entourage qui a capté toutes les richesses du pays et règne par la terreur sur un peuple de plus en plus appauvri et terrorisé depuis des années.

Dimanche, une seconde manif à l’appel du mouvement MOUWATANA (« citoyenneté ») a été cette fois fermement réprimée. Le pouvoir a pris le contrôle des connexions Internet.

Vingt ans après la décennie de chaos et de terreur, le traumatisme est encore présent. Mais près de la moitié des Algériens ont moins de 25 ans, et pour eux, la peur est moins paralysante [2]. Le chantage au danger islamiste – qui permettait de justifier l’acceptation de la dictature – est également beaucoup moins efficace. Le pouvoir français, qui ne trouve que des avantages – surtout économiques – avec le régime actuel, ne pourrait accepter qu’un changement qui ne changerait rien. Si l’urgence pour les manifestants est d’abord d’en finir avec cette « mascarade » pour l’élection du 18 avril, nul ne sait où ce mouvement peut conduire. D’autres manifs sont prévues chez les étudiants pour ce mardi 26 février et surtout pour le vendredi 1er mars.

Hamdi Baala, journaliste au HuffPost Maghreb, a posté quelques images de la manifestation du vendredi 22 février :


Une manifestation a également eu lieu à Montréal, dimanche 24 février, devant le Consulat général d’Algérie. L’agglomération québécoise compte plus de 40 000 habitants nés en Algérie [3] :

Programmation musicale :
 Lofti DK : Solta Hagara
 Lofti DK : La politique des bandits
 Emel Mathlouthi : Kelmti Horra

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.