Les chercheurs manifestent pour une recherche publique, libre et désintéressée

VACCIN, RECHERCHE : LES GROS ENFUMAGES DE MONSIEUR MACRON Abonnés

1

Le

Ce lundi 21 septembre, les chercheurs manifestent devant l’Assemblée nationale. C’est en effet aujourd’hui que les députés commencent à examiner un projet de loi qui les concerne, le « projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche ». Alors que cette loi est censée garantir un financement de la recherche et permettre à la recherche française de rattraper son retard par rapport aux autres pays, c’est tout l’inverse que s’apprête à faire la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation Frédérique Vidal, et que dénoncent les chercheurs : absence de financements, précarisation des chercheurs, soutien à la recherche privée… Mais que veulent vraiment les chercheurs ? On vous l’expliquait dans le reportage de Maja Neskovic et Aurélie Martin, à revoir ci-dessous.

En mars, Macron promet 5 milliards pour la recherche scientifique. Enfumage ! Au total, aujourd’hui, c’est à peine 104 millions qui sont budgetés, alors que l’Allemagne a alloué 60 milliards d’ici 2023 pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation [1]. Thérapie, vaccin, « la crise du COVID-19 nous rappelle le caractère vital de la recherche scientifique », déclarait Macron. Comment peut-on accepter cet énorme mensonge ? Les chercheurs sont en lutte contre ce cynisme d’Etat. Tous, nous devons soutenir une recherche publique libre et désintéressée.

Une enquête de Maja NESKOVIC et Aurélie MARTIN [VIDÉO : 30’12].

« La crise du COVID-19 nous rappelle le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d’investir massivement pour le long terme. J’ai décidé d’augmenter de 5 milliards d’euros notre effort de recherche, effort inédit depuis la période de l’après-guerre. [2] »

Souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps, quand notre président jurait vouloir se « réinventer », quand il nous assurait avoir pris conscience que tout ne pouvait pas être soumis aux lois du marché et qu’il fallait mieux considérer ceux dont la société a vraiment besoin : les caissières et caissiers de nos supermarchés, les éboueurs qui ramassent nos poubelles, le personnel soignant qui sauve nos vies, et les chercheurs qui se creusent les méninges pour trouver un traitement ou un vaccin contre le virus.

Et ça tombait bien parce que, dans le monde d’avant, les chercheurs et chercheuses avaient justement manifesté leur crainte de voir leur profession soumise à des logiques plus marchandes que scientifiques. Ils s’étaient largement mobilisés à l’annonce de la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) que leur avait concoctée Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui a d’ailleurs conservé son poste dans le nouveau gouvernement Castex.

Si cette loi avait tellement mobilisé contre elle en mars dernier, c’est qu’elle entérinait et accentuait les problèmes que dénonce depuis longtemps une large partie du monde universitaire, toutes disciplines confondues :
 la privatisation progressive de la recherche en facilitant les mobilités du public vers le privé et en mettant à disposition des chercheurs du public vers le privé,
 la précarisation du statut des doctorants et des jeunes chercheurs qui enchaînent les CDD sans aucune garantie d’être titularisés un jour,
 le manque de moyens,
 et surtout la manière dont sont alloués les financements des laboratoires.

Depuis bientôt 15 ans, l’équilibre de leur budget s’est inversé. Au lieu d’avoir des financements pérennes, sans conditions, c’est désormais aux chercheurs de trouver des financements, en répondant à des appels à projet lancés par des organismes tels que l’Agence nationale de la recherche ou l’Union européenne.

Répondre à ces appels, monter des dossiers demande beaucoup de temps et d’énergie, souvent en pure perte puisque près de 80 % d’entre eux restent lettre morte. En plus de leur faire perdre leur temps, ces appels obligent les chercheurs à orienter leurs recherches vers les sujets à la mode, les buzz médiatiques ou ce qui pourrait trouver rapidement une application rentable.

Dans le monde d’après, la ministre est toujours en place et la loi aussi. Si on imaginait difficilement que ce gouvernement allait totalement remettre en cause ses orientations libérales, on aurait au moins pu penser que la crise pandémique allait lui ouvrir les yeux sur l’importance d’un financement de la recherche à long terme, qui aurait peut-être permis aux labos travaillant sur les coronavirus d’être un peu mieux préparés à l’émergence d’un nouveau virus de cette famille. C’est le sens de la tribune qu’avait écrite en mars dernier le professeur Bruno Canard, virologue, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique à Marseille, et qui nous a donné envie d’aller à sa rencontre :

« Je suis Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les virus à ARN (acide ribonucléique), dont font partie les coronavirus. En 2002, notre jeune équipe travaillait sur la dengue, ce qui m’a valu d’être invité à une conférence internationale où il a été question des coronavirus, une grande famille de virus que je ne connaissais pas. C’est à ce moment-là, en 2003, qu’a émergé l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et que l’Union européenne a lancé des grands programmes de recherche pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence.

La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus, notamment sur leur mode de réplication. Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience.

C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un scandale Mediator bis.

Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable.

Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheur·ses de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Avec des collègues belges et hollandais·es, nous avions envoyé il y a cinq ans deux lettres d’intention à la Commission européenne pour dire qu’il fallait anticiper. Entre ces deux courriers, Zika est apparu…

La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate.

Avec mon équipe, nous avons continué à travailler sur les coronavirus, mais avec des financements maigres et dans des conditions de travail que l’on a vu peu à peu se dégrader. Quand il m’arrivait de me plaindre, on m’a souvent rétorqué : "oui, mais vous, les chercheur·ses, ce que vous faites est utile pour la société… Et vous êtes passionnés."

Et j’ai pensé à tous les dossiers que j’ai évalués.

J’ai pensé à tous les papiers que j’ai revus pour publication.

J’ai pensé au rapport annuel, au rapport à deux ans, et au rapport à quatre ans.

Je me suis demandé si quelqu’un lisait mes rapports, et si cette même personne lisait aussi mes publications.

J’ai pensé aux deux congés maternité et aux deux congés maladie non remplacés dans notre équipe de 22 personnes.

J’ai pensé aux pots de départs, pour retraite ou promotion ailleurs, et aux postes perdus qui n’avaient pas été remplacés.

J’ai pensé aux 11 ans de CDD de Sophia, ingénieure de recherche, qui ne pouvait pas louer un appart sans CDI, ni faire un emprunt à la banque.

J’ai pensé au courage de Pedro, qui a démissionné de son poste CR1 au CNRS pour aller faire de l’agriculture bio.

J’ai pensé aux dizaines de milliers d’euros que j’ai avancés de ma poche pour m’inscrire à des congrès internationaux très coûteux.

Je me suis souvenu d’avoir mangé une pomme et un sandwich en dehors du congrès pendant que nos collègues de l’industrie pharmaceutique allaient au banquet.

J’ai pensé au Crédit impôt recherche, passé de 1,5 milliards à 6 milliards d’euros annuels (soit deux fois le budget du CNRS) sous la présidence Sarkozy.

J’ai pensé au président Hollande, puis au président Macron qui ont continué sciemment ce hold-up qui fait que je passe mon temps à écrire des projets ANR (Agence nationale de la recherche).

J’ai pensé à tou·tes mes collègues à qui l’on fait gérer la pénurie issue du hold-up. J’ai pensé à tous les projets ANR que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés.

J’ai pensé à ce projet ANR franco-allemand, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de le re-déposer tel quel un an après, et qu’on m’a finalement refusé, faute de crédits.

J’ai pensé à l’appel flash de l’ANR sur le coronavirus, qui vient juste d’être publié.

J’ai pensé que je pourrais arrêter d’écrire des projets ANR.

Mais j’ai pensé ensuite aux précaires qui travaillent sur ces projets dans notre équipe.

J’ai pensé que, dans tout ça, je n’avais plus le temps de faire de la recherche comme je le souhaitais, ce pour quoi j’avais signé.

J’ai pensé que nous avions momentanément perdu la partie.

Je me suis demandé si tout cela était vraiment utile pour la société, et si j’étais toujours passionné par ce métier.

Je me suis souvent demandé si j’allais changer pour un boulot inintéressant, nuisible pour la société et pour lequel on me paierait cher. Non, en fait.

J’espère par ma voix avoir fait entendre la colère légitime très présente dans le milieu universitaire et de la recherche publique en général. »

Bruno Canard

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

  • La lettre hebdo de Daniel Mermet Georges Ibrahim Abdallah libéré ! Accès libre

    -

    Lire

    Georges Ibrahim Abdallah est enfin libre au bout de 40 années d’emprisonnement. Une joie pour celles et ceux qui le soutiennent depuis des années et qui n’ont pas cessé de dénoncer cet énorme scandale politique.

    À 74 ans, le plus ancien prisonnier politique d’Europe, libérable depuis la fin des années 1990, va quitter la prison de Lannemezan pour rejoindre en héros son village natal de Kobayat au nord du Liban. Au terme d’un interminable combat judiciaire, après qu’une dizaine de demandes de remise en liberté aient échoué, la cour d’appel de Paris a enfin accepté sa libération ce jeudi 17 juillet. Une victoire judiciaire et un énorme scandale politique sous les pressions inlassables à la fois des États-Unis et de tous les présidents français successifs.

  • Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! MOI et MITTERRAND, une révélation, un document explosif Abonnés

    -

    Voir

    Dès 1981, il a entretenu une correspondance secrète avec le président de la République François Mitterrand, puis avec son successeur Jacques Chirac et enfin avec Nicolas Sarkozy. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

  • Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libre

    -

    Lire

    On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

  • Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! Pierre Bourdieu, Édouard Manet : le même goût de la rupture et du défi Accès libre

    -

    Écouter

    Pierre Bourdieu a passé les dernières années de sa vie à étudier la peinture d’Édouard Manet. On pourrait trouver un même goût de la rupture et du défi chez l’un et l’autre. Située en pleine crise de l’Académie, la rupture inaugurée par Manet (1832-1883) a abouti à un bouleversement de l’ordre esthétique. La nouvelle vision du monde qu’elle a engendrée a imprimé sa marque jusqu’à nos jours. En abordant la genèse des tableaux de Manet comme une série de prises de position qui sont autant de défis lancés à l’académisme conservateur des peintres pompiers, au populisme des réalistes, à l’éclectisme commercial de la peinture de genre et même aux « impressionnistes », Bourdieu a montré qu’une telle révolution est indissociable des conditions d’émergence des champs de production culturelle.

  • Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! (RE)LIRE ORWELL Abonnés

    -

    Voir

    George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre Islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de 1984. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.

    Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.

    Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. »

  • Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! Billie Holiday : « Strange Fruit » Abonnés

    -

    Voir

    « Les arbres du Sud portent un fruit étrange
    Du sang sur les feuilles, du sang sur les racines
    Un corps noir se balançant dans la brise du Sud
    Étrange fruit pendant aux peupliers »

    Une chanson peut-elle changer le cours de l’histoire ? À elle seule, peut-être pas, mais c’est sans doute ce qu’a contribué à faire cet étrange fruit, ce « strange fruit » chanté par Billie Holiday pour la première fois en 1939 au Café Society, à New York. À l’époque, Time Magazine qualifia la chanson d’« œuvre majeure de propagande musicale pour la NAACP », la fameuse organisation de défense des droits civiques aux États-Unis.

  • Cinq sketches de l’émission allemande « Browser Ballett » Les Allemands sont drôles : ça vous étonne ? Accès libre

    -

    Voir

    Si ça vous étonne, c’est que vous ne connaissez pas « Browser Ballett » ! « Browser Ballett », c’est l’émission satirique de la ZDF, la deuxième chaîne de télévision publique allemande. Inconnue de ce côté-ci du Rhin, l’émission connaît depuis 2016 une grande popularité en Allemagne. Pour affronter ces temps difficiles, Là-bas si j’y suis vous a traduit quelques-uns de leurs sketches parmi les meilleurs. Comme aurait dit Coluche : « et vous trouvez ça drôle ? »

  • Épiphanie La plus belle nouvelle du monde Accès libre

    -

    Lire

    Elle est née il y a cinq minutes dans ce canot de migrants qui dérive vers les îles Canaries. Elle est vivante, elle est sauvée, sa mère aussi. Les secours sont arrivés quinze minutes après l’accouchement. C’est les secours en mer qui ont diffusé cette photo. Un chef-d’œuvre. Voyez le visage infini de la mère, les mains qui se tendent vers l’enfant nue, les bras qui protègent et toute cette grave grappe humaine… Tout notre monde tient dans cette image. Un infime battement de vie dans une barbarie planétaire.

  • Enquête de perception Abonnés

    -

    Lire

    On connaît le penchant des instituts de sondage à s’arranger avec la réalité. On se souvient tous par exemple d’élections récentes où l’écart entre les intentions chiffrées en pourcentage et la réalité finalement sortie des urnes dépassait largement la marge d’erreur ordinaire – ne prenons pas la peine de rappeler dans quel sens. Disons simplement que les instituts de sondages sont des entreprises florissantes aux mains d’une élite patronale fort bien nantie et qu’on ne voit pas bien pourquoi ils se gêneraient. Mais avant de crier au traficotage des chiffres, on peut déjà s’interroger sur la méthode. Le panel, la forme des questions, leur place dans l’actualité : les variables propices à orienter une enquête vers le résultat voulu ne manquent pas. Parmi tous ces procédés, il en est un particulièrement pernicieux : l’enquête de perception. L’outil est redoutable et mérite qu’on l’observe de près. Quelques exemples.

  • La cabane des vélos. Un programme d’été au fil de l’eau Tout un été Là-bas pour se refaire la cerise ! Accès libre

    -

    Lire

    On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste. Il avait raison l’ami Gébé.
    On est gavés de buzz, tabassés d’infos, bombardés d’images, flashés, piégés, gazés. « ON SAIT TOUT MAIS ON COMPREND RIEN ». Un gars disait ça au comptoir. Pas faux. Réfléchir est un remède contre les passions tristes qui nous bouffent comme des punaises de lit. Comprendre, faire comprendre, résister, tenir tête, pour ça, il faut du carburant.

  • Monique Pinçon-Charlot publie avec Gwenn Dubourthoumieu un livre de photographies : « Entre-soi » Monique Pinçon-Charlot : « la sociologie doit rendre visible ce qui est invisible » Accès libre

    -

    Voir

    Comment donner à voir la violence du séparatisme des riches si bien décrite par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot depuis tant d’années ? En ayant un appareil photo, en étant un peu malin et en mettant le pied dans la porte si souvent fermée des lieux ultra-sélects où la crème de la crème aime se retrouver : c’est ce qu’a fait le photographe Gwenn Dubourthoumieu, qui publie avec Monique Pinçon-Charlot un livre de ses meilleures photographies. Rencontre avec la sociologue et le photographe.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Mahmoud Darwich : « Sur cette terre » Accès libre

    -

    Voir

    Il est bien sûr l’un des plus grands poètes palestiniens, mais aussi sans doute le poète de langue arabe le plus lu dans le monde, dont la renommée est toujours internationale, quinze ans après sa disparition.

    Riche de dizaines de publications en vers mais aussi en prose, son œuvre a été traduite dans le monde entier. C’est l’ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, Elias Sanbar, qui l’a traduit en français. Si on ne mesure pas forcément en France toute l’importance de Mahmoud Darwich, c’est que les Français n’accordent plus à la poésie la place qu’elle occupe toujours dans le monde arabe, et singulièrement Pour les Palestiniens. Comme l’explique Elias Sanbar, « dans la culture palestinienne, dans la mesure où c’est un peuple qui est privé de ses lieux, il peut habiter le poème. C’est pour cela que par exemple quand l’exil commence en 1948, les gens transportent avec eux des poèmes, et pas des romans ».

Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

Le

La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

Le

« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

Le

Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.