Par deux fois, les AMG ont solidairement soutenu les ouvrières en lutte de Samsonite pour leur permettre d’aller devant la justice américaine faire condamner l’entreprise responsable de leur licenciement. 15 000 euros en quatre jours en 2012, puis à nouveau 10 000 euros en 2014 leur permirent de s’envoler jusqu’à Boston.
Aujourd’hui, elles continuent la lutte et racontent leur histoire elles-mêmes au théâtre, elles seront au festival d’Avignon du 6 au 28 juillet. Bien plus qu’une consolation, c’est une révolution pour ces ouvrières qui parlent d’elles-mêmes et des centaines de milliers de salariés brutalement jetés à la décharge depuis des décennies. Une violence qui ne restera pas toujours sans réponse. Les ouvrières préviennent : « ON IRA JUSQU’AU BOUT ! »
Il faut rappeler l’histoire des Samsonite. C’est un plan social comme il y en a eu des centaines d’autres.
Elles étaient 205 ouvrières à l’usine Samsonite d’Hénin-Beaumont, dans le Nord-Pas-de-Calais. En 2005, le groupe Samsonite veut s’en débarrasser, sans avoir à payer d’indemnités de licenciement. Il déploie donc une stratégie cynique : Samsonite va céder pour un euro symbolique l’usine d’Hénin-Beaumont à Energy Plast, un repreneur censé reconvertir l’usine pour fabriquer des panneaux solaires. Plus modernes que les valises en plastique injecté !
Aucun panneau solaire n’est fabriqué. Début 2007, Energy Plast est mise en liquidation judiciaire, et les 205 ouvrières sont licenciées pour motif économique. Donc sans indemnités de licenciement ! Le groupe Samsonite, responsable de l’arnaque et des 205 licenciements, n’aurait donc rien à payer ? Et Bain Capital, le fonds d’investissement actionnaire majoritaire de l’entreprise ?
Les ouvrières se mobilisent. Tout l’hiver 2007, elles occupent l’usine. Et lancent plusieurs procédures judiciaires. En 2014, avec leur avocat Me Fiodor Rilov, elles font condamner les faux repreneurs à de la prison ferme, pour avoir sciemment provoqué la faillite de l’entreprise.
Mais pour que les responsables de leur licenciement soient tous jugés et condamnés, elles décident d’attaquer aussi le fond d’investissement Bain Capital. Or il se trouve que le fondateur de Bain Capital, c’est Mitt Romney, l’ancien candidat à l’élection présidentielle aux États-Unis, face à Barack Obama. Les « petites » ouvrières face au dragon capitaliste.
Bain Capital est à Boston. Pour y aller, elles ont besoin d’argent. Beaucoup d’argent. Le 10 octobre 2012, elles lancent un appel sur le répondeur de Là-bas si j’y suis. En une semaine, elles récoltent 15 000 euros ! Et peuvent partir. Grâce au soutien des AMG !
En 2014, là encore aidées par les Auditeurs Modestes et Géniaux, elles s’envolent à nouveau pour Boston, pour manifester avec des ouvriers américains victimes du même fonds d’investissement.
Elles n’ont finalement pas remporté la bataille contre Bain Capital. Elles perdent leur procès. Mais tout récemment, le 17 mai 2018, la cour d’appel de Douai a annulé la vente de l’usine Samsonite à Energy Plast. Cette annulation ouvre la voie au paiement de l’ensemble des indemnités de licenciement dues aux ouvrières par le groupe Samsonite.
En attendant, le combat des Samsonite se poursuit sur les planches. Sept anciennes ouvrières racontent leur histoire dans une pièce de théâtre, On n’est pas que des valises, montée avec la journaliste Hélène Desplanques et la metteuse en scène Marie Liagre. Onze ans après leur licenciement, elles jouent pendant tout le mois de juillet au Festival d’Avignon.
Grâce à leur énergie collective, elles ont eu de nombreux soutiens. Mais il leur manque encore 6 000 euros pour que toutes les ouvrières-comédiennes soient rémunérées.