À Brest, résistance contre incompétence. Un reportage d’Anaëlle Verzaux

Des bulldozers dans la prairie Abonnés

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Il y a encore une ferme dans la ville de Brest, toujours là depuis cinq générations, une ferme qui accueille, qui produit en bio et qui fournit même les cantines scolaires, bref un petit miracle. Sauf que les hardis technocrates de la ville en ont décidé autrement et les bulldozers sont arrivés dans la prairie. Les amis de la ferme se mobilisent face au projet immobilier qui va salement défigurer ce petit coin de paradis.

Le projet d’éco-quartier de Fontaine Margot vu par ENO Architectes

Éco-quartier de la Fontaine Margot. Un programme de 1 200 à 1 500 maisons et petits immeubles construits à partir de containers pour loger 3 000 à 4 000 personnes. Pourquoi pas, mais pourquoi là ? Le projet va amputer la ferme du tiers de ses terres, ce qui risque de compromettre définitivement cette exploitation miraculeusement préservée à l’intérieur de la ville. Face aux bulldozers, Valérie et Philippe résistent, eux, leurs enfants, les voisins, les amis de la ferme. Une partie des terres appartient à la ville de Brest mais quelle est la valeur légitime de ce titre de propriété alors que la famille de Philippe travaille cette terre depuis cinq générations ?

Un exemple de containers transformés en maison par CG Architectes, Pont-Péan, Bretagne (photo : Javier Callejas)

Les responsables de Brest métropole à l’origine de ce programme n’ont pas souhaité répondre à nos questions. L’idée de constructions à partir de containers recyclés offre des possibilités intéressantes. Mais attention à ne pas en faire une modernité branchée face à un vieux monde rural et dépassé. L’avenir indépassable de l’humanité ne serait-il pas enfin de découvrir un matin comment traire une vache à la main ?

Un reportage à Brest d’Anaëlle Verzaux.

Merci à Valérie, Philippe, Françoise, Pierre-Henri et Cassiopée, ainsi qu’au collectif de soutien à la ferme de Traon Bihan à Brest.

Programmation musicale :
 Tryo : Greenwashing

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reportage : Anaëlle Verzaux
réalisation : Franck Haderer et Sylvain Richard
préparation : Jérémie Younes

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.