17 octobre 1961
Si c’était vrai, ça se saurait.
Soixantième anniversaire du 17 octobre 1961. Mais c’est aussi le trentième anniversaire de la fin d’un silence de trente ans. De 1961 à 1991, ce pogrom qui eut lieu en plein Paris, au vu et au su de tous, fut passé sous silence malgré quelques courageuses publications. Oui, trente ans d’omerta. Quiconque interrogeait ou voulait témoigner s’entendait répondre : « si c’était vrai, ça se saurait ». En 1991, enfin, La Bataille de Paris, le livre de Jean-Luc Einaudi, a été un évènement important dans la prise de conscience de ce massacre. Films, articles, débats ont marqué alors la fin de ce silence. Sur France Inter, fin 1991, Là-bas si j’y suis diffusait une suite de reportages qui ont contribué à révéler ce crime d’État au grand public. Aujourd’hui, ces documents résonnent particulièrement. La haine raciale que l’extrême droite exacerbe avec succès ces temps-ci en France a exactement la même racine que la haine qui a tué, torturé et noyé des quantités d’Algériens cette nuit-là.
Un silence de trente ans
1961, 1991. On a trouvé des raisons à ce silence. Un gouvernement gaulliste qui voulait vite tourner la page de cette défaite sanglante et donner des gages à son aile droitière. Une gauche qui avait voté les pleins pouvoirs en 1956 et qui espérait faire oublier un ministre de l’Intérieur du nom de François Mitterrand, qui avait déclaré en son temps : « l’Algérie, c’est la France ». De son côté, le jeune gouvernement algérien avait bien d’autres plaies à panser. Des rivalités importantes existaient . Si la presse française et internationale a couvert l’évènement dans les jours suivants, le silence s’est installé ensuite durablement.
Quelques courageuses publications tout de même. Entre autres :
– 1961 : Ratonnades à Paris, de Paulette Péju, aux éditions Maspéro
– 1962 : Octobre à Paris, film de Jacques Panijel, interdit jusqu’en 1973 et diffusé alors grâce à René Vautier
– 1981 : un grand article dans le quotidien Libération
– 1984 : Meurtres pour mémoire, roman de Didier Daeninckx
– 1985 : Les ratonnades d’octobre. Un meurtre collectif à Paris en 1961, étude de Michel Levine
– 1991 : Le silence du fleuve, film de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis
– 1992 : 17 octobre 1961, une journée portée disparue, film de Philipp Brooks et Alan Hayling
À noter en 1981, sur Antenne 2, cet excellent sujet de Marcel Trillat, qui était alors chef du service société :
Programmation musicale :
– Anna Marly : Avec l’Algérie Française, avec Massu & Salan
– Carte de séjour : Douce France