Première partie de notre rencontre avec l’équipe du Monde diplomatique du mois d’octobre, avec Martine Bulard : « Négocier sans préalable avec Pyongyang ».
« Rocket-Man » d’un côté. « Voyou » et « gangster », de l’autre. Les noms d’oiseaux volent de part et d’autre, entre Donald J. Trump et Kim Jong-un. Et les essais nucléaires aussi. La Corée du Nord en est à son sixième désormais. Et pourtant, selon Martine Bulard, cette escalade dangereuse des tensions à laquelle se livrent les États-Unis et la Corée du Nord est le résultat de plus d’un demi-siècle d’une politique d’isolation menée à l’encontre de Pyongyang.
En 1950, en pleine guerre froide, une guerre « chaude » fait des millions de morts entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. L’armistice signé en 1953 entre l’Organisation des Nations Unies d’une part, et la Corée du Nord et la Chine d’autre part, entraînera une paix brinquebalante. Kim Il-sung (grand-père du chef suprême actuel) tente bien de proposer un traité de paix en bonne et due forme. Mais il se heurte à une fin de non-recevoir de George H. W. Bush. Et tire son premier missile nucléaire intercontinental en 1993…
Nouvelles négociations l’année suivante, avec William Clinton cette fois. Le nucléaire militaire, désormais, c’est fini ! Nouvelle déconvenue : les États-Unis et le Japon ne respectent pas eux-mêmes l’accord-cadre qu’ils ont co-signé. Les centrales nucléaires à eau légère, uniquement destinées à fournir l’électricité dont le pays a besoin, ne voient jamais le jour. La Corée du Nord revoit sa stratégie. Et décide de trouver elle-même un moyen de se fournir en nucléaire. Davantage comme arme de dissuasion que comme source d’énergie, par contre…
Un entretien de Jonathan Duong avec Martine Bulard, rédactrice en chef adjointe au Monde diplomatique.
Merci à Martine Bulard.
Merci aussi à Anne Callait-Chavanel du Monde Diplomatique.