Comme tous les dix ans, le GRAND MAI 68 CIRCUS est de retour, avec ses renégats à paillettes, ses imposteurs de barricades, ses historiens sentencieux, ses escamoteurs staliniens, ses peine-à-jouir rancuniers, pour nous dire et rabâcher que ce fut bel et bien la chienlit, pour nous dire et rabâcher « on s’est bien marré mais on s’est bien planté », pour dire et rabâcher « ça a donné l’individualisme égoïste, le consumérisme, la pédophilie et le néo-libéralisme ».
Mais les entourloupes ne durent pas toujours, des historiens font leur boulot, les témoins sont encore là, les mamies parlent à leurs petites-filles. Bien sûr, il y a du bois mort dans l’héritage de MAI, mais, mais… on ne peut pas oublier l’essentiel, ce profond mouvement politique, avec la plus grande grève générale « sauvage » de notre histoire sociale, sans mot d’ordre au départ, jusqu’à 10 millions pendant des jours et des nuits et tout ce qui a été imaginé alors, tout ce qui a été planté dans la terre de l’histoire. Malgré des tonnes de livres, de films et d’émissions, cette partie lumineuse est encore mal connue. Mai 68 ne se limite pas au Quartier latin, ni même aux luttes ouvrières de Sochaux, de Flins ou de Billancourt. C’est toute la France, la profonde, qui s’est mobilisée.
À partir d’un long travail dans les archives de toute la France – pour beaucoup inédites – Ludivine BANTIGNY finit par restituer l’énergie des luttes, des débats, des émotions et des espoirs portés par ceux de 68, et tout ce qui fut alors imaginé de grand et de petit pour réellement « changer la vie ».
Un entretien de Daniel Mermet avec Ludivine Bantigny, historienne, auteure du livre 1968. De grands soirs en petits matins, Seuil, 2018.
Enregistré en public le 10 avril 2018 au Lieu-Dit :
Programmation musicale :
Vanessa Hachloum : Il est cinq heures
Merci à Ludivine Bantigny.
Merci aussi à Hossein et à toute l’équipe du Lieu-Dit.