40 ans de l’élection de François Mitterrand : un entretien de Daniel Mermet avec Serge Halimi à réécouter

Serge Halimi : quand la gauche essayait Abonnés

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« Un homme / Une rose à la main / A ouvert le chemin / Vers un autre demain. / Les enfants / Soleil au fond des yeux / Le suivent deux par deux/ Le cœur en amoureux. » Quarante ans après, les paroles de la chanson de Barbara semblent un peu décalées par rapport à la réalité des changements impulsés par la présidence de François Mitterrand. Le quarantenaire de sa victoire, que commémore en ce mois de mai le Parti socialiste, vient reposer la question du bilan de ses deux septennats : le passé politique de François Mitterrand le condamnait-il à laisser tomber les classes populaires, ou bien le 10 mai 1981 a-t-il été le début d’une « révolution suspendue », selon la formule de l’ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon, une révolution qui aurait été mise de force entre parenthèses à cause de l’hostilité des puissances d’argent  [1] ? Ce quarantième anniversaire demande à se replonger dans ces épisodes où la gauche essayait : « quand la gauche essayait », c’est le titre du livre dans lequel Serge Halimi analysait les causes de la victoire – puis de la déception – de la gauche à quatre époques : 1924, 1936, 1944 et 1981. Nous vous proposons de réécouter cet entretien de Daniel Mermet avec Serge Halimi, à l’occasion de la réédition du livre aux éditions Agone.

Tantôt la gauche, tantôt la droite : on croit vivre une alternance, mais en réalité, la gauche n’a pas été au pouvoir au total plus de dix ans au cours du XXème siècle en France. Quatre fois en cent ans (1924, 1936, 1944, 1981), la gauche est arrivée au pouvoir et quatre fois, au bout de deux ans, elle a dû renoncer ou elle s’est enlisée.

Pourquoi a-t-elle gouverné si peu, pourquoi a-t-elle déçu si vite ? C’est la question qui se pose à ceux qui refusent de collaborer avec l’ordre capitaliste dominant. Comment déjouer les pièges des compromis, des divisions et des calculs glacés ? Comment faire tomber le mur de l’argent et des privilèges ? Comment remporter la guerre des idées ? Comment détruire à jamais ces palais de balivernes ? Quelle place pour les affects et le hasard ? Serge Halimi a passé des années à démonter et démontrer rouages, pièces et main-d’œuvre pour en tirer les leçons et les armes utiles pour les résistants d’aujourd’hui.

À l’heure où, de Bernie Sanders à Podemos, des Insoumis à Jeremy Corbyn, un vent radical nouveau s’est levé, ce bouquin, Quand la gauche essayait. Les leçons du pouvoir. 1924, 1936, 1944, 1981, est un formidable trousseau de clefs pour sortir des cages dont nous avons nous-mêmes forgé les barreaux.

Un entretien de Daniel Mermet avec Serge Halimi, directeur de la publication du Monde diplomatique, auteur du livre Quand la gauche essayait. Les leçons du pouvoir. 1924, 1936, 1944, 1981 (1993), nouvellement réédité chez Agone (2018).

Chahut à l’auberge de jeunesse de Villeneuve-sur-Auvers, 1937 (photo : Pierre Jamet, collection Corinne Jamet)

En 2000, Daniel Mermet recevait (déjà !) Serge Halimi pour la première réédition de son livre chez Arléa. L’occasion d’aborder l’attitude de la gauche au pouvoir face à la question coloniale. À l’exception notable du Front populaire (de 1936 à 1938), les autres gauches parvenues au pouvoir ont toutes mené leur propre guerre :

La gauche et la question coloniale [27 décembre 2000]
Là-bas si j’y suis

Programmation musicale :
 Louis Zucca : Le Drapeau rouge
 Barbara : Regarde
 Pierre Gasparini : Les promesses
 Jean Ferrat : Un jour un jour

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.