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- On va tout péter !
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À l’usine GM&S Industry, La Souterraine, 11 mai 2017
« Il suffit de craquer une allumette, une fois qu’il y aura le feu, même les pompiers ne pourront pas l’arrêter. » Yann, secrétaire (CGT) du Comité d’Entreprise, fait partie des 279 salariés menacés de tout perdre. Cette nuit, à l’unanimité, ils ont décidé d’installer des bonbonnes de gaz et des bidons d’essence, ils se sont mis à détruire leurs outils, une presse et une machine-outil, ils sont prêts à faire exploser leur usine.
C’est à La Souterraine dans la Creuse, l’usine GM&S Industry, deuxième employeur du département, sous-traitant de la filière automobile française, en redressement judiciaire depuis six mois. Leurs principaux clients, PSA et Renault, réduisent les commandes, pas de quoi continuer ni de permettre à un quelconque repreneur de redresser l’affaire. Désolés, les élus ne peuvent pas grand chose, les pouvoirs publics ne peuvent pas grand chose non plus. Six mois qu’ils se battent, six mois de promesses, de faux espoirs, de mobilisations, de manifs. Le 19 avril, ils ont bloqué l’usine PSA de Poissy [1]. Cette fois, ils craignent la liquidation pure et simple. ON VA TOUT FAIRE PÉTER. Pour ne pas manquer ça, les médias arrivent de partout. Comme au temps des CONTI, le Pujadas de service demandera sans doute au délégué syndical de dénoncer la violence. Depuis des années, cette suite ininterrompue de licenciements ont enfoncé une bonne partie du pays dans la galère sociale, là où le FN vient s’abreuver et prospérer.
Mais cette fois, les salariés en appellent « au plus haut sommet de l’État ». Emmanuel Macron est passé dans le coin lors de sa campagne, mais n’a pas trouvé le temps de venir les voir. Prêts à faire sauter leur usine, les salariés réclament une rencontre avec PSA, Renault et le nouveau jeune et dynamique président de la République.