La grande historienne Suzanne CITRON, qui vient de disparaître à 96 ans, aimait répéter la phrase de Jean-Paul Sartre. Pas seulement une phrase, toute sa vie elle a contesté l’enseignement de l’histoire comme un puissant moyen de propager la manière de voir de la classe dominante, dans l’éducation comme dans la vie publique. Son livre majeur, LE MYTHE NATIONAL (1987), qui démonte cette construction idéologique, a marqué une rupture et une prise de conscience face aux détournements de l’histoire.
La critique des médias s’est développée contre un élément majeur dans la fabrique de l’opinion, mais d’autres moyens tout aussi déterminants sont épargnés, comme l’enseignement de façon générale et l’enseignement de l’histoire en particulier.
La terreur de la précarité a poussé tout l’enseignement vers le formatage et la soumission. Peu importent le sens et le contenu, l’impératif avant tout est d’acquérir examens et diplômes. Depuis 2011, AGGIORNAMENTO, un groupe d’enseignants inspirés par Suzanne CITRON et dont fait partie Laurence DE COCK, lutte pour un renouvellement de l’histoire et de la géographie dans l’enseignement.
Un entretien de Daniel Mermet avec Laurence De Cock, historienne, enseignante, co-auteure du livre La Fabrique scolaire de l’histoire (2ème édition, Agone, 2017), préfacé par Suzanne Citron.