Une rencontre en 1991 avec YESHAYAHOU LEIBOWITZ, célèbre intellectuel israélien sioniste et opposant radical à la colonisation (PODCAST 14’43 - ARCHIVE)

Israël : la colonisation a corrompu l’État et les consciences

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement


Écouter l’entretien :

[RADIO] Israël : la colonisation a corrompu l’État et les consciences
Yeshayahou Leibowitz (1903-1994) fut l’un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne. Très écouté, très redouté, il n’a pas cessé de mettre en cause avec force la politique de son pays. À commencer par la colonisation « qui corrompt l’État et les consciences ». À contre-courant de l’euphorie guerrière de la guerre des Six-Jours, il recommandait haut et fort de rendre les territoires. Une contestation étonnante de la part d’un sioniste assumé qui soutenait ainsi le courant israélien qui s’est toujours opposé à la colonisation. Philosophe, scientifique, théologien, moraliste, ancien officier de la Haganah, rédacteur de l’Encyclopédie hébraïque, tribun puissant, il était la « mauvaise conscience d’Israël ». Alors que partout des manifestations se multiplient en soutien au peuple palestinien (sans ignorer, on l’espère, les victimes israéliennes), il est utile de retrouver la voix du « prophète de la colère ». Nous l’avions rencontré en septembre 1991, chez lui à Jérusalem, où sa porte était toujours ouverte. C’était il y a 33 ans.

« IL Y A UN CHEMIN QUI MÈNE DE L’HUMANITÉ, PAR LA NATIONALITÉ, À LA BESTIALITÉ ! »

Antisémite ! En pleine panique morale, le lobby qui soutient le massacre des Palestiniens n’a plus que cette invective en brandissant le massacre des Israéliens du 7 octobre.

Or l’histoire n’a pas commencé ce jour-là.

Depuis 1948, Israël a mené quinze guerres contre Gaza.

Pourquoi ? C’est une histoire complexe mais qui peut se rapprocher d’une mémoire française, la colonisation. La référence à la « guerre » d’Algérie peut permettre de comprendre la tragédie de Gaza.

Le sionisme s’est développé à la fin du XIXe siècle quand le colonialisme triomphant s’étendait sur le monde. Mais en 1948, alors que ce colonialisme, suite à la guerre, amorçait son déclin, c’est là que naissait Israël, au détriment des populations arabes chassées de leurs demeures et de leur terre.

Et depuis 75 ans, malgré tous les avertissements, tous les efforts, toutes les espérances, c’est finalement ce nationalisme colonial obscurantiste et violent qui a imposé sa spirale de massacres sans fin.

Des voix israéliennes ont combattu ces aveuglements, y compris dans le camp sioniste. Voix plus rares aujourd’hui mais qui résistent. La plus claire et la plus forte – et la plus singulière – est sans doute la voix de Yeshayahou Leibowitz, rencontré en 1991.

YESHAYAHOU LEIBOWITZ (1903-1994) fut l’un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne. Très écouté, très redouté, il n’a pas cessé de mettre en cause avec force la politique de son pays. À commencer par la colonisation qui corrompt l’État et les consciences. À contre-courant de l’euphorie guerrière de la guerre des Six-Jours, il recommandait haut et fort de rendre les territoires. Une contestation étonnante de la part d’un sioniste assumé qui soutenait ainsi le courant israélien qui s’est toujours opposé à la colonisation. Philosophe, scientifique, théologien, moraliste, ancien officier de la Haganah, rédacteur de l’Encyclopédie hébraïque, tribun puissant, il était la « mauvaise conscience d’Israël ».

Alors que partout des manifestations se multiplient en soutien au peuple palestinien (sans ignorer, on l’espère, les victimes israéliennes), il est utile de retrouver la voix du « prophète de la colère ».

Nous l’avions rencontré en septembre 1991, chez lui à Jérusalem, où sa porte était toujours ouverte. C’était il y a 33 ans.

Daniel Mermet

« Placer des millions d’Arabes sous l’autorité juive, c’est détruire l’essence humaine et juive de l’État et détruire la structure sociale que nous avons établie, c’est couper l’État du peuple juif dans le monde comme de la continuité de l’histoire et de la tradition juives, c’est anéantir le peuple juif et pervertir l’homme israélien. »

Yeshayahou Leibowitz, La mauvaise conscience d’Israël. Entretiens avec Joseph Algazy, Paris, Le Monde éditions, 1994


C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Bifurquer. Claquer la porte et aller planter vos choux bio, vous en rêvez ? Un ancien de Là-bas raconte sa bifurcation heureuse. Reportage radio. PODCAST Rompre les rangs : la nouvelle vie de Grégory Salomonovitch AbonnésÉcouter

Le

« BIFURQUER ». C’est le mot de l’été chez les bobos toujours futés. Bifurquer, démissionner, déserter. Une mode passagère ou une vague de fond ? Le discours rebelle d’une poignée de jeunes diplômés d’AgroParisTech contre l’ordre néolibéral, lors de la remise de leur diplôme le 10 mai 2022, a été vu des millions de fois sur les réseaux. Il s’agit en somme de rompre les rangs. Rompre avec le capitalisme ou, tout au contraire, montrer qu’un autre capitalisme est possible ? Et puis bifurquer, mais dans quelle direction ? L’alternative est souvent le retour à la terre.

Entre guerre, covid et planète pourrie, la jeunesse se fait du souci. Des rencontres inattendues avec notre belle jeunesse. [PODCAST] Les élections ? Quelles élections ? La jeunesse elle en dit quoi ? [INTÉGRALE] Accès libreÉcouter

Le

Entre guerre, covid et planète pourrie la jeunesse se fait du souci. Pas le même genre de souci pour le fils à papa de Neuilly et la fille en galère dans sa piaule pourrie. Et alors les élections dans tout ça les jeunes, vous en attendez quoi ? Sophie a tendu son micro un peu partout. Voilà une série de rencontres inattendues, loin des chiffres et des vieux gros clichés sur notre belle jeunesse. Et surtout quel rapport avec ces candidats qui parlent et qui s’agitent ?

LE GRAND PROCÈS DE MACRON [INTÉGRAL] AbonnésVoir

Le

Et voici les vidéos tant attendues du grand procès public d’Emmanuel Macron. Avec le procureur Frédéric Lordon, le juge Daniel Mermet, les avocats de la défense Christophe Clerc et Jean-Marc Daniel et des témoins prestigieux, comme François Ruffin, Juan Branco, Mathilde Larrère, Didier Porte, Aurélie Trouvé, Marion Esnault, Arié Alimi, Taha Bouhafs… Macron sera-i-il condamné ?

Jean Stern publie « Canicule » aux éditions Libertalia Été 2003, canicule : 20 000 morts dans l’indifférence. Une crise sanitaire qui en annonçait une autre AbonnésVoir

Le

Août 2003 : une vague de chaleur exceptionnelle recouvre l’Europe. L’inaction des pouvoirs publics français et la passivité des médias en plein cœur des vacances coûtera la vie à 19 490 personnes cet été-là en France. La surmortalité est telle que les autorités sont contraintes de réquisitionner un entrepôt réfrigéré de Rungis pour le transformer en chambre mortuaire.