Pénurie de masques, pénurie de gel hydroalcoolique, pénurie de tests, et (enfin ?) pénurie de vaccins ! La pandémie a montré de manière spectaculaire ce qu’on savait déjà depuis quelque temps : une partie de la planète – y compris la France – n’a pas accès en quantité suffisante aux remèdes existants (vaccins ou médicaments) dont sa population aurait besoin.
Tout le monde dépend désormais des multinationales pharmaceutiques, « Big pharma », davantage animées par l’augmentation du dividende de leurs actionnaires que par l’intérêt général. Bien que largement subventionnées par des fonds publics, la recherche, le développement et la production pharmaceutiques sont soumises aux lois de l’offre et de la demande, et aboutissent à un vaccin qui est vendu au plus offrant – et selon des contrats couverts par le secret des affaires, et donc gardés confidentiels.
C’est comme ça qu’on aboutit à la situation actuelle, prévisible depuis plus d’un an, d’un vaccin disponible uniquement dans les pays les plus riches. À rebours de la promesse qu’« un vaccin, s’il est découvert face au COVID-19, sera un bien public mondial, auquel chacun devra pouvoir avoir accès. C’est une question d’efficacité : tant que la maladie sera la réalité de quelques-uns, elle sera une menace pour tous. C’est une question de principe : la santé humaine ne se discute pas, ne se réserve pas, ne se monnaye pas ». Voilà ce que pressentait, comme un aveu d’impuissance, Emmanuel Macron en mai 2020, devant l’Organisation mondiale de la santé.
La solution pour désarmer ces labos dont la recherche du profit, parce qu’elle se fait au détriment de la santé humaine, est criminelle ? Déjà, suspendre les droits de propriété intellectuelle, ce qui donnerait la possibilité légale de reproduire le vaccin. Mais encore faut-il avoir l’appareil industriel pour produire plusieurs millions de doses, ce qui n’est pas le cas de la France désindustrialisée d’aujourd’hui. C’est là qu’un « pôle public du médicament » serait utile pour anticiper et mettre en œuvre cette planification. Frédéric Pierru, sociologue de la santé au CNRS, et Frédérick Stambach et Julien Vernaudon, médecins, auteurs de l’article « Les brevets, obstacle aux vaccins pour tous » dans Le Monde diplomatique de mars, expliquent à Jonathan Duong pourquoi un tel « pôle public du médicament » est nécessaire.
Programmation musicale :
– Anne Sylvestre : Pas de médicaments
– Vincent Malone : Les médicaments