Entretiens : Jonathan Duong

Dans le Diplo de juillet [INTÉGRALE]

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[RADIO] Dans le Diplo de juillet [INTÉGRALE]

Notre émission mensuelle avec l’équipe du Monde diplomatique, avec, autour de Jonathan Duong :

 Benoît Bréville, rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique, auteur de l’article « Le temps des charcutiers végétariens »

En 2015, l’association PETA (Pour une éthique dans le traitement des animaux) utilisait l’image de l’ancienne escort-girl Zahia dans une campagne contre la consommation de viande.

« Si les abattoirs avaient des vitres, on serait tous végétariens. [1] » Cette phrase, on la doit à l’ancien Beatles Paul McCartney, végétarien et soutien actif de l’association PETA, « Pour une éthique dans le traitement des animaux ». Depuis le XIXème siècle, la consommation de viande a été multipliée par quatre en Europe [2]. Autrefois signe de distinction et d’aisance matérielle, la viande a aujourd’hui changé de camp, et les classes populaires en consomment désormais plus que la bourgeoisie [3].

Pour encourager cette consommation, l’industrie agroalimentaire n’a cessé d’augmenter la productivité et les rendements, pour produire toujours plus et à moindre coût. La conséquence, c’est que les abattoirs industriels se sont transformés en usines de torture à la chaîne, régulièrement dénoncées par les militants de la cause animale, comme l’association L214. L’antispécisme, qui veut mettre fin à l’exploitation des espèces animales par l’espèce humaine, reprend du poil de la bête. La Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs s’inquiète : les actions contre les commerces de viande se multiplient en France, par des militants animalistes qui s’en prennent aux vitrines et répandent du faux sang.

Pendant ce temps, les multinationales de la viande sentent le vent tourner et sautent sur le cheval : si la viande n’a plus la cote, fabriquons des steaks sans viande ! Ça a la couleur de la viande, ça a le goût de la viande, mais ça n’est pas de la viande : c’est un savant mélange de dizaines d’ingrédients plus ou moins naturels concocté en laboratoire. Et si les usines de la foodtech avaient des vitres, serait-on tous végétariens ?

D’après Nordpress.be et Grumpychon

 Catherine Dufour, écrivaine, auteure de l’article « De Baudelaire à YouTube, le sourire du chat »

Mettez un chat sur Internet, et c’est le clic assuré. Depuis au moins une décennie, les chats sont un phénomène viral qui ne se dément pas, qu’ils soient mignons, drôles, maladroits ou anthropomorphes. La vidéo « AVOIR UN CHAT » du YouTubeur Norman Thavaud – dit « Norman » – cumule plus de 30 millions de vues depuis sa publication en 2013 : il y présentait son chat Sergi [4]. En 2017, la mort de Sergi a suscité beaucoup de réactions sur la toile, jusqu’à un article du quotidien 20 Minutes [5].

Mais cette passion humaine n’est pas nouvelle. Depuis l’Égypte ancienne où le chat était divinisé jusqu’au Chat philosophe de Philippe Geluck, le félin est une obsession, tantôt objet de fascination, tantôt source de rejet. S’il a été un allié fidèle des humains pour chasser les rongeurs et protéger les cultures, l’Église en a aussi fait une incarnation du diable, dans sa lutte prosélyte contre les religions païennes. Le chat noir est devenue une figure sombre, repoussoir, qui se perpétue dans le chat anarchiste, symbole de la Confédération nationale du travail.

Opposé au chien, symbole d’obéissance, le chat incarne la liberté et l’insoumission depuis qu’il a été domestiqué par les humains. À moins que ce ne soit lui qui ait domestiqué l’espèce humaine ?

(photo : Daniel Mermet)

 David Garcia, journaliste, auteur de l’article « Misère du football africain »

03. David Garcia : le football africain pillé par l’Europe

La joie est immense, sincère, belle. Mais il y avait le président de la République pour la gâcher. Alors qu’il n’est manifestement pour rien dans la victoire des Bleus en Russie, le champion du monde de la com’ n’a pas perdu une seconde pour essayer de remonter sa cote de popularité, à coups de photos, selfies, stories, dabs, et en donnant des leçons aux joueurs victorieux :

« N’oubliez jamais d’où vous venez ! Et vous venez de là : devant vous ! Devant vous, il y a les clubs qui vous ont formés, des clubs de la France entière, il y a des jeunes de tous ces clubs, des éducateurs qui n’ont pas compté leur temps, des parents qui n’ont pas compté leur temps. [6] »

Mais comme l’a rappelé le député de La France Insoumise Ugo Bernalicis, c’est justement la politique d’austérité du gouvernement qui fragilise les petits clubs. Fin des contrats aidés, baisse des dotations aux collectivités locales, faiblesse des subventions : des petits clubs peinent à boucler leur budget, d’autres ferment, alors que tous existent grâce à l’engagement de ses bénévoles [7].

Si le foot français doit beaucoup à l’existence de ces clubs locaux et à la qualité de sa formation, il doit aussi beaucoup à l’exploitation des ressources africaines. Comme pour le pétrole ou les minerais, le continent africain regorge de richesses, de joueurs talentueux qui sont accaparés par les pays riches.

C’est l’« arrêt Bosman » qui a ouvert la voie au pillage des pays africains. En 1995, saisie par le joueur belge Jean-Marc Bosman, la Cour de justice des Communautés européennes met fin au protectionnisme dans le football européen. Finie la limitation du nombre de joueurs étrangers dans les championnats, la décision européenne ouvre la voie à une bulle spéculative autour de transferts internationaux, toujours plus chers et toujours plus nombreux. Ce néolibéralisme appliqué au football concentre les meilleurs joueurs dans une poignée de clubs les plus riches, au détriment de la grande majorité des autres.

En attendant leur rêve de carrière européenne, David Garcia est allé voir comment les footballeurs ivoiriens essaient de survivre, et s’organisent contre l’exploitation.

Programmation musicale :
 GiedRé : Les Rois des animaux
 Les Garcons de la rue : Les Joyeux Bouchers
 Gadji Celi : Attention Mimo arrive
 Le duo des chats
 Utah Phillips : The preacher and the slave
 Les frères Jacques : La queue du chat

Merci à Sophie Durand-Ngô du Monde Diplomatique.

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