Ils font peur ou ils font pitié. Pour les uns, c’est évident, ils viennent égorger nos filles et nos compagnes, pour les autres, il faut les recevoir à bras ouverts dans un monde sans frontières.
Mais qui connaît les migrants ? En dehors des fantasmes, des chiffres, des lois et des recherches savantes, connaissez-vous une seule de ces silhouettes, un seul de ces figurants pour reportage humanitaire ?
Avec la lutte que mène Cédric HERROU depuis des années, on comprend que le migrant, c’est vous et moi, c’est le même sang rouge sous la peau, la même fuite, le même rêve. Celui de nos ancêtres, bretons ou savoyards, ritals ou espingouins, bougnouls ou niakoués. Ni des démons ni des anges, mais notre irréductible humanité comme l’eau dans le panier, comme le piaf qui rigole au-dessus des barbelés, comme l’assiette toujours au bout de la table au cas où viendrait un étranger.
L’accueil, l’asile, le pain partagé et tout ce que renferme la troisième roue du vélo de la République : la fraternité, simplement la fraternité. Et c’est pas du gâteau. C’est un verre d’eau, un pull, un abri, c’est aussi des lois, des droits, des flics, des procureurs, des médias, des soutiens, des adversaires et le couple des duettistes Macron et Le Pen. C’est une lutte de fond, têtue et quotidienne mais qui peut par exemple ramener la vie dans nos villages déserts.
Au charcutier du village hostile aux étrangers, Cédric dit :
« — Oui, mais si ça te fait quatre clients de plus ?
— Heu… alors là, ben, heu… »