Ce vaste merdier qu’est devenu l’agriculture. Avec Fabrice NICOLINO (2015) (PODCAST | 30’20)

À BAS L’ECOLOGIE ! ON VEUT BOUFFER DES PESTICIDES !

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Écouter l’entretien :

[RADIO] Ce vaste merdier qu’est devenue l’agriculture [2 octobre 2015]
Entretien avec Fabrice Nicolino autour de son livre : "Lettre à un paysan sur ce vaste merdier qu’est devenue l’agriculture"

À BAS L’ÉCOLOGIE PUNITIVE ! ON VEUT BOUFFER DES PESTICIDES ! 

« Une pause dans le plan de baisse des pesticides ». Voilà ce que Gabriel Attal a accordé pour calmer la colère des paysans. Faut-il rappeler que c’est pas très bon, les pesticides, ni pour la biodiversité, ni pour la santé du consommateur, ni pour la santé de l’agriculteur lui-même. À croire que ceux qui ont réclamé cette mesure ne sont pas en contact direct avec ces produits.

Faut-il rappeler qu’en l’espace de 40 ans, plus de 60% des oiseaux des champs ont disparu ? Faut-il rappeler que le plan ÉCOPHYTO qui a été « mis en pause » est le plan du gouvernement « qui sera le gouvernement de l’écologie ou ne sera pas », comme l’avait dit jadis monsieur Macron soi-même. Un plan qui visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Les adversaires de « l’écologie punitive » sont satisfaits et ils ont mis leur lutte « en pause ». Pour calmer le jeu et rentrer les tracteurs, on s’est donné rendez-vous au salon de l’agriculture (qui aura lieudu 24 février au 03 mars 2024)

Mais ce salon, pas plus que les précédents, ne pourra cacher l’agonie du monde paysan en France. Si l’agriculture intensive a pu résoudre des famines à travers le monde, elle a aussi entraîné des destructions sociales et environnementales sans précédent dans l’histoire humaine.

La recherche maximum du profit a placé les multinationales au-dessus des lois et des États, par la corruption du monde politique et médiatique. Le libre-échange est apparu comme l’ennemi de la paysannerie. Dire ça, il y a 20 ou 30 ans faisait de vous un rouge-brun ou un doux dingue. Mais depuis, atteint dans sa vie quotidienne et dans son existence même, le grand public a pris conscience et cherche les moyens de lutter.

Cette agriculture intensive a longtemps été présentée comme un progrès moderne, inéluctable et indiscutable, auquel ne peuvent s’opposer que des nostalgies marginales et irréalistes. Mais le vent a tourné. Le changement climatique est venu donner raison à l’ écolo-folklo avec sa lampe à huile et son vélo.

Dans cet entretien, le journaliste Fabrice Nicolino rappelle l’histoire de l’industrialisation de l’agriculture et la destruction de la civilisation paysanne en quelques décennies. En 1900, 50% des français étaient paysans, ils ne sont plus que 3% aujourd’hui. Les fameuses « 30 glorieuses » ont été une catastrophe pour l’agriculture. On comptait plus de UN million d’exploitations à la fin des années 80, elles sont désormais à peine plus de 400 000, et il faut compter 50% de départs à la retraite dans les dix années à venir. En France 200 fermes disparaissent chaque semaine mais l’agrocapitalisme se porte bien. Ferme des 1000 vaches, des 23 000 porcelets, des 250 000 poulets...

Bon appétit la France !

L.B.

Un entretien avec le journaliste Fabrice Nicolino, diffusé la première fois le 02 octobre 2015.

Programmation musicale :
 Jean Ferrat : La Montagne

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Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

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