Pourquoi deux romans français du XIXe siècle sont devenus des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, adaptés des milliers de fois dans toutes les langues, en bande dessinée, au théâtre, au cinéma, en série, en comédie musicale, en dessin animé ou en film érotique ?
En 2019, les manifestants hongkongais en lutte contre l’ingérence de Pékin sur la vie politique de la péninsule choisirent comme hymne Do You Hear The People Sing ?, la chanson phare du spectacle musical Les Misérables, dont la première version en français fut interprétée en 1980… par Michel Sardou. En 2023, une nouvelle adaptation des Trois mousquetaires par Pathé, en deux longs-métrages, bénéficie d’un budget pharaonique de 72 millions d’euros, censé être rentabilisé par l’exportation du film à l’étranger. Pour Évelyne Pieiller, si ces deux romans parlent encore aujourd’hui au monde entier, c’est justement parce qu’ils sont populaires, au double sens du terme : ils touchent un large public, et ils mettent en scène le peuple. Un peuple qui, de 1789 à 1848, ne cesse d’exister et de revendiquer, et d’être réprimé. Comment la littérature française a fait exister ce peuple insurrectionnel, c’est ce que cherche à comprendre Évelyne Pieiller dans un livre formidable, Mousquetaires et Misérables, publié aux éditions Agone.
Une plongée dans l’histoire et la littérature du XIXe siècle que l’écrivaine et journaliste au Monde diplomatique a racontée à Jonathan Duong.