Alors que plusieurs centaines de millions de musulmans dans le monde s’apprêtent à fêter jeudi 13 mai l’Aïd el-Fitr, qui met fin au mois saint du ramadan et au jeûne annuel qui constitue l’un des cinq piliers de l’islam, cette religion reste méconnue et même mystérieuse pour une majorité d’Européens. Parce que nous n’allons plus à l’église et parce que le fait religieux n’est pas enseigné à l’école, nous ignorons totalement – et faisons comme si ça n’existait pas du tout ! – ce qui compte pourtant le plus aux yeux de milliards de croyants à travers le monde.
Par exemple, connaissez-vous Ali ? Ali est une figure historique importante, puisqu’il était un proche compagnon du prophète Muhammad, dont il était et le cousin et le gendre (en épousant sa fille Fatima), et après la mort de Muhammad il est devenu l’un des premiers califes. Mais au-delà du rôle historique joué par Ali, il est un personnage spirituel central pour quelque 200 millions de chiites à travers le monde, qui le considèrent non seulement comme le premier imam de l’histoire, et aussi comme une manifestation divine, un peu comme le Christ possède une double dimension, humaine et divine. Ce n’est pas clair ? Si vous voulez en savoir plus sur Ali, accrochez-vous et écoutez Mohammad Ali Amir-Moezzi, l’un des plus grands spécialistes francophones du chiisme, qui vient de publier Ali, le secret bien gardé (CNRS éditions). L’occasion pour Gérard Mordillat et Jonathan Duong d’évoquer avec lui cette figure méconnue de l’islam, pourtant primordiale pour 200 millions de musulmans. Et souvenons-nous que l’ignorance des religions est la faille la mieux instrumentalisée par les pouvoirs politiques pour créer des divisions : les récentes violences en Palestine n’en sont qu’un des multiples exemples.