L’employé de la semaine de Là-bas (EXTRAIT de Didier Porte Hebdo)

Nestlé veut fermer un labo après avoir touché 68 millions € de crédit d’impôt

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Notre employé de la semaine dans le vingtième numéro de Didier Porte Hebdo, c’est Jérémie Younes !

Jérémie en profite pour passer un amical coucou aux salariés en lutte de Galderma, à Nice. Galderma, ça ne vous dit sans doute rien, c’est un centre de recherche en dermatologie, le meilleur du monde même, qui emploie 550 personnes sur le site de Sophia Antipolis. Pas de chance, le seul actionnaire de Galderma, c’est la charmante multinationale Nestlé…

Nestlé a annoncé en septembre dernier qu’il voulait bazarder son site de Nice et les plus de 500 employés qui vont avec. Une fermeture totalement injustifiable puisque le centre de recherche est une référence mondiale, il est rentable, et surtout, il a touché depuis 3 ans 68 millions d’euros au titre du crédit d’impôt recherche [1]. Pour rappel, Nestlé, c’est une dizaine de milliards d’euros de bénéfice net chaque année… mais bon, ils touchent quand même 68 millions de nos impôts pour virer des gens. Un scandale pas du tout atypique dans le business du crédit d’impôt recherche, puisque – ça a été maintes fois écrit – il s’agit d’une niche fiscale totalement hors de contrôle [2] : une véritable industrie de la triche [3].

Face à cela, les salariés de Galderma résistent et luttent depuis bientôt 6 mois. Et comme on a là des chimistes, des biologistes, des chercheurs, bref, pas des cégétistes moustachus rompus à l’exercice, et bien ça produit des trucs assez inattendus : ils ont d’abord fait un haka de lutte [4], puis ils ont couru la Prom’classic de Nice (qu’ils ont gagnée en équipe) [5]... et en décembre, irruption dans la culture Youtube, ils ont même fait un « mannequin challenge » [6].

https://www.youtube.com/watch?v=YwxKSmsbjus

À quel point tout ça peut être efficace ? Une chose est sûre : ça fait chaud au cœur toute cette combativité. Lâchez rien, les amis niçois, vous allez gagner, j’en suis sûr. Quant à Nestlé, avant de partir : rendez l’argent !

https://www.youtube.com/watch?v=0B7bnBHMV9Y

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C’est le printemps !!!! Accès libreÉcouter

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Connaissez-vous Gerhard Haderer ? AbonnésLire

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On ne remerciera jamais assez le cancer et Jésus.

Oui, tout d’abord, merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait eu la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous allez (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences dans le genre grinçant.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, un surfeur drogué à l’encens, ce qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’Islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’album, qui atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.