Vidéo et podcast (36’32)

Macron en RDC : (re)voir notre Mercredito sur la guerre du Kivu

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

Voyage de Macron en Afrique. Une occasion de (re)voir notre Mercredito sur la guerre qui vient de reprendre à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), avec ses millions de morts dans le trafic des minerais. « La Françafrique, c’est fini » : ça pourrait être le titre de la tournée express que Macron vient de faire en Afrique dans l’indifférence des Africains, voire le rejet. Chinafrique, Russafrique, Turquafrique, la France n’en finit pas de se faire piquer ses parts de marché néocoloniales.

À Kinshasa, il n’a pas pu éviter la question des guerres et des massacres qui ont fait des millions de morts depuis vingt ans, et qui ont repris à l’initiative du Rwanda dans le Kivu, à l’est de la RDC. Depuis des années, le Rwanda et les pays voisins organisent le pillage sauvage des ressources minières du Kivu, coltan, cassitérite, cobalt et autres « minerais du sang » indispensables à l’industrie du numérique. Massacres, viols organisés, populations déplacées. Lors de la sortie du film Tirailleurs, en évoquant l’Ukraine, le comédien Omar Sy déclarait : « ça veut dire que quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints ? [1] » Ce qui lui valut une tempête de réprobation. Si Macron a dénoncé les pillages et le risque de balkanisation de l’est de la RDC, il n’a pas dénoncé la responsabilité de Paul Kagame qui tient le Rwanda d’une poigne de fer depuis le génocide, il y a bientôt 30 ans. Il se trouve des Africains pour le comparer à Poutine, mais en effet, comme dit Omar Sy, nous sommes beaucoup moins atteints.

D.M.
journaliste : Daniel Mermet
réalisation : Cécile Frey
son : Thomas Chatel

Il y a du sang dans nos portables, dans nos ordinateurs, dans nos voitures électriques. Le sang des minerais du sang, coltan, cobalt, cassitérite et les autres : l’or, les diamants, et tout ce dont regorge le pays le plus riche de la planète et le plus pauvre du monde, le Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo.

Depuis 25 ans, guerres, massacres, maladies et viols de masse ont fait de quatre à six millions de morts dans la population civile, sans compter des millions de déplacés. Le bilan le plus lourd depuis la Seconde guerre mondiale. Des dizaines de milices armées se livrent des guerres sans merci. Ce serait le résultat de conflits ethniques traversés par les conséquences du génocide du Rwanda de 1994. En vérité, ces atrocités sont liées à l’exploitation et à l’accaparement des minerais stratégiques, commandités par des géants comme Microsoft, Apple, Google, Tesla et bien d’autres. Des marques qui font tout pour masquer les conditions d’exploitation de ces minerais, mais qui continuent en toute impunité. La fabrication d’un ordinateur exige cent fois son poids en matières premières. Un smartphone est composé de 60 métaux différents. Il s’agit en grande partie de ressources non renouvelables. Des dizaines de milliers de « creuseurs », hommes, femmes, enfants travaillent dans des conditions pires que les mineurs de Germinal.

En 1885, Léopold II, roi des Belges, s’emparait de cet immense Congo dont il faisait sa propriété personnelle, « ce merveilleux gâteau africain », disait-il. Lui, c’était l’ivoire et l’hévéa qu’il a pillés par le moyen de l’esclavage et des mutilations massives. Déjà, le colonialisme évoquait la barbarie de ces luttes tribales, ce qui justifiait la mission civilisatrice de ces prédateurs. Aujourd’hui, Léopold II s’appelle « high tech ».

À juste titre, dans les pays riches, le racisme est condamné et combattu jusqu’à l’emploi d’un symbole ou d’un mot. Mais que dire du mépris et de l’ignorance intéressés où ces peuples sont tenus ? Comment expliquer l’impuissance des Nations unies et l’occultation depuis 2010 du « Rapport Mapping » [2] ?

En 1994, durant cent jours, au vu et au su de tous, 800 000 Tutsis et des Hutus « modérés » ont été assassinés dans l’indifférence d’un monde qui, depuis un demi-siècle, répétait « plus jamais ça ». Il était facile d’enrayer ces massacres. Aujourd’hui, malgré le combat de quelques-uns, ce racisme systémique continue d’occulter des crimes qui profitent aux multinationales de la haute technologie, comme au temps de Léopold II, des fabricants de pneus comme Dunlop se développaient sur l’esclavage dans les forêts d’hévéa.

Il ne s’agit pas de culpabiliser chacun ni d’appeler au boycott, mais de soutenir radicalement la lutte contre ces crimes impunis. Des enquêtes et des rapports accablants sont passés sous silence, mais ils existent. Devenu gendarme régional, le Rwanda, qui est l’acteur le plus prédateur avec l’Ouganda, a fini par épuiser son capital victimaire. Prix Nobel 2018, Denis Mukwege milite contre l’impunité. Des mouvements agissent, des femmes s’organisent, les pays riches doivent soutenir ces luttes et les médias doivent faire prendre conscience au-delà du public spécialisé. On le sait, il n’y aura pas de paix sans justice.

D.M.

ARCHIVES. Retrouvez notre série de cinq reportages en RDC en 2010, avec Daniel Mermet et Giv Anquetil

GOMA, UN SANG D’ENCRE (première partie)

Une bande de ciel très clair et au-dessus un ciel de plomb, noir comme de l’encre. Et entre les deux, au-dessus de Goma, une tache rouge. Rouge pourpre. C’est le reflet de la lave, au cœur du volcan, le reflet de la lave du Nyiragongo.

Programmation musicale
- Miriam Makeba : Congo
- Wendo Kolosoy : Camille

GOMA, UN SANG D’ENCRE (deuxième partie)

Rutshuru, nord de Goma. Des fosses communes ont été retrouvées récemment. Pourtant, elles étaient connues des gens d’ici. Ils savent bien, eux, où sont entassés les corps. Les corps de leurs parents, Congolais, tués après 1996.

Programmation musicale
- Kasai all stars : Tshitua fuila mbuloba
- Lopango ya banka : Nazali kolona awa
- Staff Benda Bilili : Moto Moindo

EN ROUTE POUR HUMURE

Dans nos téléphones portables, il y a toujours quelques grammes de Congo. Quelques grammes de cette République démocratique du Congo, où l’on trouve ce précieux minerai, le coltan. Aujourd’hui, départ sur les traces des creuseurs. Mais à l’heure où nous arrivons, toute l’exploitation est suspendue…

Programmation musicale
- Baloji : Tout ceci ne vous rendra pas le Congo

« SI LES PAUVRES CHIAIENT DE L’OR… leur cul ne leur appartiendrait plus »

Dans nos téléphones portables, il y a toujours quelques grammes de Congo. Quelques grammes de cette région du Masisi, où des dizaines de milliers de creuseurs extraient du coltan. Une région en proie aux groupes armés. Le minerai, là-bas, est à la fois but et moyen de la lutte.

Programmation musicale
- Charles Mombaya : Allo telephone
- Bernard Kabanda : Olugendo lwe bulaya

LES VEINES OUVERTES DE L’AFRIQUE NOIRE

RDC, territoire de Walikale. Une région névralgique au cours de ces dernières années. Jadis, on y arrivait lorsque l’on allait rendre visite aux gorilles. Aujourd’hui, les villages de ce territoire ont été le théâtre d’un crime de guerre : le viol de leurs femmes.

Programmation musicale
- Lexxus legal : Qui es-tu ?
- Wendo Kolosoy : Tejos solo

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

SPECIAL GRAND REPORTAGE RADIO (56’54) LA LONGUE MARCHE DES "DJIHADISTES VERTS" AbonnésÉcouter

Le , par L’équipe de Là-bas

Ils sont partis à pied de la ZAD d’Agen pour venir dénoncer l’hypocrisie de la COP 21 à Paris. Qui sont ces "zadistes" qualifiés de "djihadistes verts" lors de la mort de Rémi Fraisse ?

Écolos radicaux et donc anticapitalistes, ils veulent un monde différent (...)

Reportage : Anaëlle Verzaux
Réalisation : Jérôme Chelius

Une nouvelle série de reportages en 18 épisodes À qui voulez-vous casser la gueule ? [L’INTÉGRALE] AbonnésÉcouter

Le

Bien sûr, on est contre la violence, bien sûr, la violence, c’est pas bien. Pourtant, les « gilets jaunes » ont montré qu’en politique, il ne restait guère que la violence pour se faire entendre et malgré ça, les Français continuent de les soutenir. Et vous, à qui voudriez-vous casser la gueule ? Macron, bien sûr ! Mais sinon ? Votre chef, votre mari, votre prof ou qui encore ?

Chacun a en soi un bourgeois qui sommeille François Bégaudeau : « Je rêverais qu’une assemblée populaire administre France Inter » AbonnésVoir

Le

Je suis un bourgeois et j’en suis fier. Personne ne dit une chose pareille. Le bourgeois, c’est l’autre, le bobo, le faux-cul, le gras du bide. Et encore, ça se dit plus, bourgeois, c’est désuet. Depuis longtemps, le bourgeois a appris à se déguiser. Une casquette de pêcheur, une veste de paysan, un blue jean comme les ouvriers. Il a entonné des discours indignés et révoltés contre le mal, contre le fascisme et contre les cons. C’est un libertaire, le bourgeois. Contre l’impôt, contre le voile, contre les flux migratoires incontrôlés. Il proclame la révolution. C’est le titre du livre d’Emmanuel Macron, RÉVOLUTION. Il est progressiste aussi. Le mouvement qui soutient Macron se proclame « progressiste ».