Didier Porte Hebdo : chaque vendredi, la revue de presse indispensable !

Incroyable : Didier Porte revient ! Abonnés

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Chers Messieurs Booba, Benalla, Julien Dray, Nicolas Hulot, Barbier et compagnie, ayant eu vent de la publication hebdomadaire d’une formidable revue de presse en images, à la fois drolatique, informative, pertinente, inattendue, rafraîchissante, iconoclaste, spirituelle, originale, percutante, anticonformiste, sarcastique et même parfois intéressante, signée par le revigorant Didier Porte, vous avez adressé au site d’information Là-Bas si j’y suis une demande d’abonnement à tarif réduit et paiement échelonné sur une période de 22 ans. Désolé, mais la maison ne fait pas crédit. Vous ne savez pas ce que vous ratez !

D.P.

C’EST LA RENTRÉE, CHOISISSEZ : TAUPE OU COLIBRI ?

« Bonjour les amis, c’est moi le colibri, l’oiseau minuscule pimpant et joyeux ! Joyeux, mais pas aujourd’hui, car il y a le feu, les amis, notre grande forêt brûle, aussi je ne reste pas avec vous, j’y vais, j’y vole, je suis indigné, voyez comme je suis indigné les amis, d’ailleurs j’ai signé la pétition, "à bas le feu !".

Mais ce n’est pas tout, je ne reste pas sans rien faire, je suis un colibri engagé, voyez à mon bec cette goutte d’eau, et bien je vais la larguer dans les flammes, oh, certes ce n’est qu’un geste, mais c’est déjà ça, les amis, on est si impuissant, si petit, et l’on se sent tellement bien quand on fait le bien, après ça on peut se regarder dans la glace, car que faire d’autre en attendant que les flammes arrivent et nous emportent tous ? »

Un peu partout, ces temps-ci, on entend ce colibri avec sa petite chanson : c’est déjà ça, le peu qu’on peut, c’est mieux que rien, mettre de l’éthique sur l’étiquette, faire du commerce équitable, du développement durable, repeindre en rose les barreaux des prisons, dénoncer bavures et dérives, fustiger la guerre trop méchante, s’insurger devant sa télé contre le terrorisme !

Toutes les causes, toutes les luttes qu’on voudra mais surtout, rien de politique, rien qui risque de remettre en cause l’ordre économique du monde, mais au contraire, le renforce et lui donne figure humaine, celle du citoyen-consommateur. « Pour un capitalisme moral », voila un possible mot d’ordre, ou bien, encore mieux, « un autre capitalisme est possible ».

C’est ça le plus important. Que le colibri s’agite et s’épuise et démontre son impuissance, notre impuissance. Mais qu’il ne touche pas à l’ordre inéluctable. Pas question de toucher au fonds de commerce, qui repose sur la science, la science de l’économie politique !

Un certain Marx (Karl) avait sa petite idée à ce sujet « l’économie politique, malgré son air laïque et matériel, est en réalité une science morale, la plus morale des sciences. Son dogme principal, c’est le renoncement, l’abandon de la vie et tous les besoins humains. [1] »

Que le colibri ne demande pas pourquoi la forêt est en feu.
Que le colibri ne demande pas pourquoi, depuis la privatisation des sapeurs-pompiers, les camions sont en panne, faute d’investissement.
Que le colibri ne sorte pas du périmètre de l’émotion et de la compassion.
Que le colibri n’entende pas sous la terre, dans le souterrain des choses, la taupe qui patiemment creuse et ronge en sifflotant, les pilotis du Grand Château de Cartes.

Mais vous pouvez encore choisir pour cette année : taupe ou colibri ?

Daniel Mermet

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revue de presse : Didier Porte
réalisation : Jonathan Duong
montage : Léa Bardiau
son : Sylvain Richard

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Notes

[1David Borisovitch Riazanov, Marx Engels Archiv, éditions Riazonov, Francfort, 1927.

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Oui, tout d’abord, merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait eu la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous allez (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences dans le genre grinçant.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, un surfeur drogué à l’encens, ce qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’Islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’album, qui atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.