Onze septembre 1973, coup d’État au Chili. Un coup d’État qui met fin aux réformes économiques et sociales menées par le président Salvador Allende, démocratiquement élu trois ans plus tôt. Qui voulait la peau de Salvador Allende ? La droite chilienne évidemment, mais aussi les États-Unis : Nixon ne pouvait tolérer que l’expérience socialiste chilienne puisse réussir et faire école.
Le dernier film de Nanni Moretti s’appelle Santiago, Italia. Petit pas de côté pour le cinéaste italien, qui signe un documentaire. Il donne la parole à ces militants chiliens qui ont accompagné la victoire d’Allende. Et qui se sont réfugiés, après le 11 septembre, à l’ambassade d’Italie à Santiago. Avant d’être accueillis comme réfugiés politiques en Italie. Santiago, Italie. Ces militants chiliens, devenus Italiens depuis quarante ans, racontent – avec la même émotion que si c’était hier – la répression de la junte militaire, les arrestations, les incarcérations, la torture, la clandestinité. Et l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie leur rappelle des mauvais souvenirs, eux qui avaient été accueillis par le puissant parti communiste italien, dans une Italie généreuse et solidaire.
Gérard Mordillat nous rappelle pourquoi le 11 septembre 1973 est une date aussi importante pour notre histoire contemporaine. Symbole de l’impérialisme américain, c’est aussi la naissance du néolibéralisme : la dictature d’Augusto Pinochet sera l’occasion pour l’École de Chicago de tester grandeur nature ses théories néolibérales, avant d’être reprises dans le monde entier.