Chlordécone. Grand reportage radio

Chlordécone, un crime impuni

Le

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Trois manifestations simultanées. Une en Martinique, une en Guadeloupe et une place de la République à Paris.

Ce qui a réuni plusieurs milliers de personnes ce samedi 27 février 2021, c’est le risque de voir la prescription empêcher la justice de condamner les responsables de la pollution au chlordécone. Entre 1972 et 1993, cet insecticide a été autorisé et utilisé dans les bananeraies des Antilles, alors que sa dangerosité était connue et documentée. Pire même, entre 1990 et 1993, il est enfin retiré de la vente en métropole, mais des dérogations successives permettent au chlordécone de continuer à être utilisé en Martinique et en Guadeloupe, entraînant une contamination des sols et des eaux et une explosion du nombre de cancers.

Pour comprendre ce scandale – toujours impuni – du chlordécone, terrible symbole de l’exploitation capitaliste des Antilles, réécoutez ce reportage de Daniel Mermet et Antoine Chao en Guadeloupe, en 2009.

En Martinique, plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 27 février 2021, dont le collectif « Zéro chlordécone, zéro poison » (photo : @ZakaToto

L’énorme scandale de la chlordécone, qui vient d’émouvoir Emmanuel Macron de passage aux Antilles, est connu, documenté et dénoncé depuis des années, mais reste impuni. Ce puissant pesticide, utilisé dans les plantations de bananes, est connu comme perturbateur endocrinien. Autorisé et imposé en toute connaissance de cause par le pouvoir économique et politique, son usage a entraîné une catastrophe irréversible : 90 % de la population contaminée, une augmentation très nette des cancers, surtout de la prostate, des sols empoisonnés et inutilisables pendant des siècles, bétail, volailles, légumes contaminés, des rivières polluées, des côtes interdites à la pêche, les Antilles sont comparables à l’Ukraine ou à la Biélorussie après Tchernobyl.

Interdit aux États-Unis dès 1976, le chlordécone a été autorisé en France jusqu’en 1993. Pendant plus de 20 ans, pas moins de cinq (!) ministres de l’Agriculture, en toute connaissance de cause, ont reconduit l’autorisation d’utiliser ce pesticide en collaboration avec les lobbies et les industriels de la banane. Un parfait exemple du poids des intérêts économiques aux dépens de la santé publique et de l’environnement.

En bon communicant, Emmanuel Macron a déploré notre « aveuglement collectif », alors que les vrais responsables, entrepreneurs comme gouvernements, tout comme les scientifiques impliqués, sont encore aisément identifiables et doivent faire l’objet de poursuites. Cynisme supplémentaire, Emmanuel Macron affirme qu’il s’agit du « fruit d’une époque qui est désormais révolue », alors que l’emploi des pesticides continue à grande échelle [1]. Aux Antillais contaminés, il a tenu à préciser qu’il ne saurait y avoir de réparations individuelles, seules seront prises en compte les maladies professionnelles en lien avec le pesticide.

Voici notre reportage de mars 2009 sur le chlordécone. La Guadeloupe était alors en lutte contre la « pwofitasyon ». Plus le diable en a, plus le diable en veut…

[RADIO] Plus le diable en a, plus le diable en veut [2 mars 2009]

Pour aller plus loin, ne manquez pas le documentaire de Romain Bolzinger, « Les derniers maîtres de la Martinique », pour Spécial investigation, en 2009 :

Programmation musicale :
 Sankawan Monanbessa : Klordekon
 Chad Kimbo Cultcha B : Domota

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