Fin des cotisations, mort de la Sécu. Un entretien de Jérémie Younes avec Gérard Filoche

Macron enterre la Sécu dans l’indifférence générale Abonnés

1

Le

En supprimant les cotisations salariales chômage et maladie, Macron ne s’attaque pas qu’à nos salaires, il détruit le principe fondateur de la Sécurité sociale, son mode de financement autonome de l’État et des actionnaires : la cotisation. Pour Gérard Filoche, il s’agit d’un « retournement historique » :

On a l’habitude depuis 50 ans de crier à la destruction de la Sécurité sociale : ordonnances Jeanneney [1], plans Barre [2], Juppé [3], contribution sociale généralisée de Rocard [4], lois Fillon [5], Douste-Blazy [6], autant de coups de boutoir contre cette formidable institution révolutionnaire arrachée à la Libération.

Mais force est de constater que malgré ces attaques répétées, de la Sécu, il en reste. Près de 500 milliards d’euros échappent encore chaque année à la gestion purement capitaliste [7]. Un pactole. Comment ce bastion assiégé a-t-il résisté envers et contre tout ? Grâce à une invention modeste et parfaitement géniale : la cotisation, principe fondateur de la Sécu, « seule création de richesse sans capital. La seule qui ne va pas dans la poche des actionnaires mais est directement investie pour le bien-être des citoyens », disait Croizat. C’est bien grâce à ce mécanisme de cotisations dans des « caisses » abondées et gérées par les travailleurs – et sur lesquelles l’État n’a donc pas la main – que les plans successifs n’ont pas pu rogner la Sécu au-delà de ce qu’ils ont déjà fait.

C’est à cela que s’attaque Macron aujourd’hui en supprimant les cotisations salariales chômage et maladie, transférant le financement de la Sécu à l’impôt et aux patrons [8]. À leur bon vouloir, donc. Après l’avoir affaiblie pendant 50 ans, ils tentent aujourd’hui de tuer la Sécu en l’« étatisant ».

Il est temps de se relever, et de réclamer plutôt l’extension du principe simple de la cotisation à d’autres domaines. Regardez Gérard Filoche, qui l’explique mieux que personne.

La suppression des cotisations par le gouvernement Philippe en trois étapes :

1er janvier 2018 :

  • suppression totale de la cotisation salariale d’assurance maladie
  • baisse de la cotisation salariale d’assurance chômage de 2,40 % à 0,95 %
  • hausse de la CSG de 1,7 %, passant de 7,5 % à 9,2 %

1er octobre 2018 :

  • suppression totale de la cotisation salariale d’assurance chômage

1er octobre 2019 :

  • transformation du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en baisse de cotisations patronales

Un entretien de Jérémie Younes avec Gérard Filoche, fondateur de la Gauche Démocratique & Sociale.

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tout un été Là-bas MOI PRÉSIDENT, JE RÉPONDRAI À CHAQUE FRANÇAIS QUI M’ÉCRIRA ! AbonnésVoir

Le

Hervé Le Tellier, prix Goncourt pour son roman L’Anomalie, est moins connu pour sa correspondance avec plusieurs présidents de la République française. Pourtant, dans Moi et François Mitterrand, il dévoilait sa correspondance secrète avec ce grand homme et révélait l’incroyable vérité sur sa mort. Une vérité que les médias ont totalement occultée, il faut avoir le courage de le dire. Mais il évoquait aussi ses échanges épistolaires avec Jacques Chirac aussi bien qu’avec Nicolas Sarkozy. Tous ces grands chefs d’État ont pris le soin de répondre à Hervé alors qu’il n’était pas encore célèbre mais un simple citoyen. Le (ou la) futur(e) président(e) aura-t-il (elle) la même modestie ? Cette question nous fournit l’occasion de (ré)écouter l’entretien qu’Hervé nous a accordé en 2016. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)