Voilà donc le troisième Kaffee Repaire le samedi 25 Mars à partir de 15 heures en collaboration avec RaumB à Neukoeln (Wildenbruchstraße 4, 12045 Berlin). Nous aurons à cette occasion un intervenant et une intervenante.
Bienvenue dans un monde post-factuel : conversation de philosophie politique animée par I. Bohnke autour du story telling et des théories du complot :
Le danger de notre époque est que les idéologues de la « nouvelle droite » et les néo-conservateurs conspirationnistes soient sur le point de gagner la bataille des idées et d’imposer leur agenda politique autoritaire aux sociétés (post)-démocratiques. Les experts en story-telling et en gouvernance se trouvent pris à leur propre piège à force d’avoir infantilisé les discours publiques réduits à la dimension d’« opinions » et dévalorisé tout ce qui ne relevait pas de la pure rationalité économique. Ils sont impuissants à contrer la ré-émergence d’un imaginaire anti-libéral et irrationnel qui profite des facilités offertes par la communication internet, où il devient possible de relayer massivement des "informations" non vérifiées qui rendent des "groupes émissaires" responsables des malheurs du monde (les réfugiés, les musulmans, les juifs, etc...) . Ce phénomène révèle des tendances fortes et durables d’un fonctionnement des média basé sur le critère de la maximisation de l’audience. Ces derniers favorisent et/ou participent à une banalisation/naturalisation des discours et thématiques d’extrême-droite. De même, la diffusion commerciale à l’échelle mondiale d’une culture de l’image, publicitaire ou de fiction, dénuée de toute dimension critique, alimente les processus de régression infantile et les peurs les plus archaïques. En cherchant à fabriquer avant tout des consommateurs narcissiques obsédés par l’"innovation" et toujours à l’affût d’une bonne affaire, et en véhiculant des stéréotypes justifiant le recours permanent à la violence, les nouveaux processus de socialisation menacent les sociétés de droit dans leur fondement même. Si plus rien n’est vrai, tout est permis..
Un fossé s’est creusé entre économie et politique par Guillaume T. (analyste financier et militant politique) :
L’Union Européenne est sans doute le continent qui a de son propre gré poussé le plus loin les prérogatives des économistes néolibéraux. En érigeant les principes de libre-échange, de concurrence libre et non faussée, de marché du travail ouvert... au rang de mode d’organisation ultime de la société, elle déséquilibrait inévitablement ses bases sociales. Elle nous exposait à des dangers extrêmes.
Car l’idée du marché s’ajustant de lui-même est purement utopique. Une telle institution ne peut exister de façon suivie sans détruire l’homme et transformer son milieu en désert. Elle conduit donc inévitablement à une réaction de la société. C’est ce que nous dit Karl Polanyi, lorsqu’il décrypte la montée des fascismes sur le Vieux Continent dans les années 1920 : « Pour comprendre le fascisme allemand, il faut remonter à l’Angleterre de Ricardo. »
Que nous enseignent les écrits de Karl Polanyi sur l’impasse actuelle de l’Union Européenne ? Assiste-t-on au divorce entre la démocratie et un capitalisme financiarisé ? Quelles réponses y apporter ?