C’est la samba de la FIFA ! Les Brésiliens vont-ils obéir à Michel Platini qui leur a demandé « d’attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux » ? Le Mondial contre le social : voilà l’enjeu, ce que les uns redoutent, ce que les autres espèrent.
Tout se passe comme si les Brésiliens découvraient ce qu’ils savent déjà. Financements occultes, matchs truqués, joueurs et arbitres achetés : de nombreuses enquêtes et affaires judiciaires ont révélé toutes ces turpitudes du football. On sait aussi qu’à Rio des milliers de familles ont été délogées, plus de onze milliards de dollars ont été engloutis par l’État, notamment pour la construction de stades qui ne serviront plus beaucoup, comme précédemment en Afrique du Sud où les habitants sont obligés de payer l’entretien de stades vides et de rembourser des dettes considérables. Les investissements sont publics, mais les bénéfices sont privés.
Tout ça, les Brésiliens le savent parfaitement, mais d’habitude ils l’oublient, le foot est là, on se tait et on verra ça plus tard, accomplissant le vœu de Platini. Sauf que cette fois ça grince, ça coince, ça renacle, ça proteste... Le miracle du foot persiste, l’amour du foot persiste, mais il y a des gouttes qui tombent dans cette Coupe qui, un jour, sera pleine.
Reportage à Rio de Janeiro : Daniel Mermet et Antoine Chao.
Traduction : Anne Vigna.
Programmation musicale :
– Canto das três raças, par Clara Nunes
– Tenha Fe, Pois Amanha Um Lindo Dia Vai Nascer, par Os Originais Do Samba
– Botecoeletro Visita As Baianas Mensageiras De Santa Luzia, par Botecoeletro
À lire :
Comment ils nous ont volé le football : la mondialisation racontée par le ballon
, de François Ruffin et Antoine Dumini (2014, Fakir Éditions)